Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]

Chapitre 15 Ensorcelé (1ère partie)

            D'une de ses poches, il sortit un sachet rouge, qu'il ouvrit en tirant sur une cordelette dorée. Il cueillit quelques fraises de bois qui avaient pris la liberté de pousser autour des racines de l'arbre. Elles se retrouvèrent dans le paquet, écrasées. Le contenu mystérieux fut alors étalé sur l'écorce, en formant une spirale tortueuse.

— De la poussière de fée ? Voici donc ton secret pour gagner le Jour d'Éliendra ? Tu es un petit cachottier Ness ! s'écria une voix caverneuse qui fit sursauter l'aïdem.

            Un homme se tenait accoudé contre la barrière de branches qui délimitait la propriété. Il avait entre ses mains un bâton de bois entrelacé, qui ressemblait plus à un sceptre par le cristal qui brillait à l'extrémité. Vêtu d'une tunique aux teintes de l'automne, ses yeux d'un vert sinople riaient. Ses épaules recouvertes d'une cape évoquait plus un tapis poussiéreux, déchiré de partout. Sa barbe fauve, aux poils commençant à blanchir, lui cachait le cou.

            Ses longs cheveux bouclés, aux couleurs blonds, châtain, brun et roux, volaient dans la légère brise de Blimane.

— Githrandiar ! Personne ne t'a expliqué que c'était dangereux de surprendre les gens, surtout ceux au dos tourné ? Le cœur qui s'arrête d'un seul coup ça existe, s'indigna le petit être, au ton fâché.

Mais ses yeux souriaient.

— Mais c'est tellement amusant de faire peur à son monde. Et c'est une bonne vengeance. Après tout, à combien de reprises es-tu sorti de nulle part pour m'effrayer ?

— Je ne peux les compter, s'esclaffa l'aïdem en plaçant ses poings sur ses hanches.

— Es-tu paré pour ce soir ? demanda Githrandiar.

— Je suis prêt depuis l'année dernière, répondit Ness, tout sourire.

— Tu vas encore pouvoir fêter ta victoire pour la troisième fois consécutive.

— Non. Cette année, je ne me présente pas, rectifia l'aïdem. Je laisse la chance aux autres. Ce prix, que je sais cultiver maintenant, ne me rapporte plus cette joie face aux recherches et au mystère. J'ai trouvé mon or des plantes. De plus, les personnes perdent confiance en elles-mêmes et ne voient plus l'utilité de gagner le Jour d'Éliendra quand c'est toujours le même qui remporte la victoire. Aujourd'hui, quelqu'un va me ravir ma vedette, sourit-il en se tournant vers Githrandiar.

Il se frotta les mains afin d'enlever la poudre étincelante d'entre ses doigts. Les éclats, normalement dorés, devenus rouges, tombèrent sur le sol.

— Mon herbe ! s'écria Ness.

Le vert se coloria légèrement, mais surtout, les pointes se soulevèrent, toutes droites, comme si elles voulaient s'envoler.

— L'effet de la poussière ne va pas tarder à s'estomper, ne t'inquiète pas.

— Alors, mon magicien préféré, et le seul que je connaisse, pour quelle raison tes vieux pieds viennent arpenter Blimane ?

L'homme en question souriait du coin des lèvres.

— Tu es fin. Chaque fois que je te rends visite, tu en profites pour te moquer de mon âge.

— Et toi, tu t'amuses de ma petite taille. C'est de bonne guerre qui détend nos esprits.

— C'est vrai. Mais, parlons sérieusement.

— Aussi gravement que ton feu de joie d'il y a huit mois ? D'un autre côté, la cascade de boue fut impressionnante, même si tu aurais dû enflammer les branches au lieu de les arroser et les rendre inutilisables.