#14

1.2K 131 26
                                    

10 ans

Quelqu'un frappait violemment contre la porte, bourrinant avec allégresse.

Crève, qui que tu sois, j'veux voir personne.

La porte, maltraitée depuis maintenant deux minutes, continuait d'être cognée.

« PUTAIN SALE PUTE OUVRE-MOI! hurla une voix stridente et agacée. »

Oh. Ce n'était qu'elle.

Approchant mollement la pauvre porte pour la laisser entrer, elle se fit terrasser d'un ultime coup de pied par son bourreau.

« C'est toi la sale pute, connasse, tu sais combien ça coûte une porte ?

— Mais je m'en bas les 'einss de ta porte, viens on va au McDo pour causer de ta vie de merde, j't'offre un Happy Meal, pour te consoler.

— Génial, je mets mes chaussures !

— C'est vrai ?

— Non. »

Je lui tournai les talons, m'enfermant dans ma chambre, lui claquant la porte au nez. Elle pesta et tchipa, j'entendis ses pas l'éloigner jusqu'au bout du corridor. Elle lâcha un long souffle et soudainement, enfonça la porte de son épaule.

Elle m'en avait cassé une, de porte, mais pas deux.

« Allez, Levi, fais pas le bâtard bienheureux, ça fait 34 ans, 7 semaines, 3 jours et 12 h 35 que tu te séquestres dans ta saleté, j'vois bien que ça va pas. Ah ! 12 h 36 maintenant. Allez, go faire du Just Dance 4, j'ai besoin de me chauffer à coup de Dirty Dancing. »

Elle enleva ses chaussures sauvagement et les jeta dans l'aquarium où vivait Claude François, le poisson rouge que j'oubliais de nourrir 2 jours sur 3.

Une fois le jeu allumé, elle se déchaîna sur toutes les musiques les plus à chier du jeu, et fatiguée, se laissa tomber sur mon lit reprenant son souffle.

« Mais M.D.R., coco, t'as vraiment un réveil Gulli ?

— Mais L.O.L., salope, tu veux pas fermer ta gueule ? »

Elle m'ignora et fouilla dans son jean et ne trouvant pas, baissa sa braguette et découvrit avec stupéfaction son téléphone sous sa culotte. Elle-même gênée par mon regard à mi-chemin entre l'incompréhension et le dégoût, me souffla un « juré, j'sais pas ce qu'il fait là », dévoilant son mensonge flagrant.

Après l'avoir plus ou moins nettoyé en le frottant contre son t-shirt dont je doutais également de la propreté, elle l'alluma, le déverrouilla de son code "levicmonbestah69" et lançant l'application photo.

Pitié, non.

« Levi, tu te souviens quand t'avais 15 ans, P.T.D.R? Genre t'étais un gros fanboy de Gerard Way et je suis sûre que tu te branlais salement sur lui, puis t'écrivais des fanfictions gays Frerard parce que t'étais une sorte d'émo pustuleux. Puis le matin t'étais tout le temps en retard parce que tu te maquillais plus que les beurettes J.P.P. Et c'est pas tout, oh là là, je me souviens du jour où je dormais chez toi et pendant que tu dormais, j'ai coupé tes veuchs trop longs L.O.L. Comment tu voulais me tuer, j'ai cru y passer pour de bon, cette fois-ci, M.D.R.

— Alors déjà, tu veux pas arrêter avec tes putains de "M.D.R." sauce Kikou supplément Licorne ? Ça m'horripile au plus haut point. Deuxièmement, tu veux que je te rappelle la tripoteuse sadique fétichiste des hommes de plus de 3,94 mètres ?

— Oh Sainte-Marie, mère de Jésus, déjà, c'était, pour être la plus exacte des exactes, à partir de 5,07 mètres. Puis s'cuse-moi mon chou, t'as pas nié le fait d'être un gay refoulé, putain.

— Non, mais...

— Genre ta gueule, me coupa-t-elle, t'es amoureux d'un gamin, 'faut pas être des "Experts Miami" pour le piger. T'as foutu ses affaires dans ton tiroir à chaussettes comme la pucelle que t'es, mec. Et sa lettre ? Tu l'as mise sous verre, dans un cadre que t'embrasses avant de dormir. Tu fais grave pitié, tu sais ? Genre tu vas avoir trente ans, t'es un chômeur et t'es SEUL. ALONE, RIGHT ?

— J'étais pas...

— Genre doublement ta gueule, là, tu me fais chier. Tu vas me dire « gnagnagna, sale pute, j'avais un boulot et une copine three days ago gnagnagna ». Mais osef, mon frère, ça change que dalle au fait que t'es un gay refoulé, mon gars. Petra, c'était ta coloc', pas ta meuf, rince-toi les yeux aux Canard-WC.

— J't'ai dit de la fermer si ton langage équivalait à la richesse de celui de Maître Gims.

— Hé, calmos l'haricos, répliqua t'elle en forçant son accent espagnol, elle qui avait choisi Allemand LV2, tu m'as dit d'arrêter avec les abréviations lourdes pas with my perfect English confirmed by the Queen Elisabeth II.

— Si ce pauvre pruneau royal t'entendait, toi et ton accent à déshonorer tout anglophone, elle te couperait la tête.

— J'arrête à deux conditions : la première est que tu me battes à Just Dance 4, la seconde est que tu dégages cette barbe parce que c'est dégueulasse, ça fait juste clochard. Et la troisième est que tu prennes tes cliques et tes claques pour squatter chez moi pour que je te sorte de ton marasme, emporte la crème glacée si tu veux. Vendu ?

— Je suppose que j'ai pas le choix, hein ?

— Tu sais Levi, on a toujours le choix dans la vie, me dit-elle d'un ton rassurant.

— Ça tombe bien, car j'ai pas envie.

— Tout compte fait, commença-t-elle en enfonçant d'une lenteur pas permise ses lunettes rectangulaires à quadruple vitrage sur l'arête de son nez, tu n'as pas le choix, conclut-elle, articulant la moindre de ses syllabes.

— Okay, okay, c'est vendu.

— Tu sais que je pourrais réussir dans le commerce, Levi ?

— Je sais, Hanji, et c'est justement ça qui m'énerve.

Babysitting → Ereri/RirenWhere stories live. Discover now