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5 ans

J'arrivai devant la porte de mon immeuble avec Eren sur les talons, il fixait la moindre de mes actions de ses grands yeux verts, je n'savais pas si c'était sensé être mignon ou flippant, mais bon, j'doutais qu'il demeurât en tant que gros psychopathe qui torturait ses victimes, les tuait, les violait et les démembrait pour ainsi les manger dans sa soupe. Miam, quelle bonne soupe.

D'où je sortais ça moi ?

Bref, il était mignon ce gosse.

Je cherchai mes putains de clés pour ouvrir ma putain de porte beaucoup trop imposante. Les architectes ayant pensé cette ouverture avaient dû se tromper de client : à la base, mon immeuble n'était pas sensé être une église.

Puis fallait dire, qu'avec mon entêtement certain pour que la clé de la cave ouvre la porte d'église du bâtiment, je devais vraiment avoir l'air d'un con de classe V.I.P., c'est qu'avec Bibi, la classe économique était bannie. Le gamin, dont j'avais momentanément oublié le nom, me regardait avec amusement, c'était limite s'il ne se foutait pas allégrement de ma gueule. Au moins j'ne lui faisais pas peur.

Résolu à trouver la bonne clé, je fouillai dans mon sac vicieux. Soudain, je sentis une petite main me tapoter le derrière, j'me retournai surpris de voir Eren avec ma clé dans sa main. C'était de la provocation.

« Tu as les fesses très dures, m'annonça Eren d'un air simplet. »

Je rigolai de gêne et lui pris délicatement la sainte clé de sa petite main encore toute potelée. Bien qu'il m'ait volé ma clé, il était trop adorable.

Mais bon, c'est pas parce qu'on est beau jeune qu'on le restera vieux, hein?

Je finis par ouvrir cette putain de sainte porte et intimai à Eren d'entrer d'un geste de main.

Arrivé aux escaliers, Eren se planta et ne bougea plus, puis me tendit ses bras pour que je le porte. Monter 485 étages n'était jamais drôle. Il me fixa comme le chat dans Shrek, d'un petit regard miséreux. Comment, bon diable, pouvais-je résister à un gamin si mignon ? Je le mis contre mon torse en le soutenant par les fesses : il émit un petit couinement adorable et appuya sa tête contre ma poitrine.

Je ne gardais pas les enfants, moi, je gardais les chats.

Je montai les foutus escaliers beaucoup trop raides à mon goût puis finis par ouvrir la porte de chez moi. C'était le foutoir et j'aimais pas. Soudainement, le cri horriblement strident de Petra me fit sursauter. J'accourus au ralentit pour voir de quoi il s'agissait, Eren toujours dans mes bras. Et dire que lui qui était apaisé contre mon torse il n'y a même pas deux secondes s'était réveillé et commençait à s'agiter dans tous les sens. C'était à se demander si le cri de Petra n'émettait pas d'ultra-sons.

Cette dernière se tenait sur la cuvette des toilettes, armée du balai à chiotte qu'elle brandissait comme pour se défendre. C'était ridiculement mignon.

Enfin surtout ridicule en fait.

J'aperçus la source du désastre : un insecte gros, moche et poilu. Afin de conserver ma fierté d'homme d'une virilité sans égal, j'écrasai la bestiole avec dégoût. C'était qui qui avait les chaussures dégueulassées maintenant ? C'était Leviiiiiiiiiiiiiiiii. C'était qui qui allait devoir nettoyer le carrelage - pourtant si propre avant le carnage - de la salle de bain ? Petraaaaaaaaa ! Non, j'déconne, Levi parce qu'il nettoie bien.

Parler de soi à la troisième personne ça faisait con, mais j'aimais bien. Mon égocentrisme battait de nouveau de l'aile.

« Chéri, c'est qui ? Il est trop choupi ! s'exclama Petra, menant ses mains jusqu'à ses lèvres.

— C'est Er...

— Moi c'est Eren ! me coupa-t-il vivement, et toi, c'est quoi ?

— Petra » répondit-elle avec amusement, douceur et surtout niaiserie, comme à son habitude.

C'est que ça devait être une passion chez les Jäger de couper la parole à mon cher Moi. Qu'on me respecte, s'il vous plaît.

Elle s'approcha de ma tendre personne et me subtilisa Eren des bras, avant de sortir royalement de la salle de bain, me laissant tête à tête – ou tête à pied - avec le cadavre immonde sous ma chaussure et les merdes environnantes. Au moins, Petra avait eu l'intelligence rare de laisser le balai et les produits nettoyants dans la pièce. Elle méritait toutes mes félicitations.

J'me disais que si cet insecte n'était pas une horreur à regarder, il ne serait pas mort. La leçon du jour était qu'il fallait être beau et glamour pour survivre. Pour ma part, je n'avais rien à craindre.

C'était dingue à quel point s'interroger sur la vie faisait passer le temps, ma longue réflexion m'avait coûté quatre minutes et vingt-six secondes.

Babysitting → Ereri/RirenWhere stories live. Discover now