Chapitre 38

108 12 15
                                    

— Calypso, tu es vivante ! s'exclame Lulu à mes oreilles.

J'ouvre mes yeux avec difficulté. La lumière du jour éclaire le jet privé dans lequel je me trouve. Je suis allongée au sol, ma jambe est entourée de bandage.

Des larmes perlent sur les joues de Lulu, elle me serre dans ses bras et je pleure à mon tour.

— Tu es vivante ! répète-t-elle. Steve est mort...

— J'ai vu ça... Je suis désolée, soufflé-je entre ses cheveux bruns.

Lulu met fin à notre étreinte et sèche ses larmes d'un revers de manche. Elle plante ses petits yeux en amande dans les miens et m'adresse un léger sourire.

— C'est Fry qui nous a sauvées. Il t'a vue tomber, il a tranché le milicien qui t'avait attaquée et en me voyant me ruer sur celui qui a tué Steve, il a compris que tu avais tenté de me sauver. Alors il est venu m'aider, avant de te rapatrier dans le jet pour te prodiguer les premiers soins.

Je tourne la tête vers Fry plus loin. Il est en train de discuter avec la sosie d'Eliot et un autre homme. Mon cœur rate un battement. Il a fait ça, vraiment ?

— Et la mission ? demandé-je ensuite à Lulu.

— Un franc succès. Regarde, on est sur le chemin du retour. On arrive bientôt au camp. Malgré les... dommages collatéraux, la plupart sont sains et saufs.

Je repasse en mémoire les événements. J'étais totalement paralysée, je n'ai pas su quoi faire durant la batille, et je suis tombée inconsciente avant même d'avoir pu me rendre réellement utile. Les miliciens étaient nombreux. Certains de nos camarades sont tombés. Un frisson parcourt le long de mon échine.

— J'ai servi à rien...

Les dents serrées, je tressaille. Je tape du poing sur le plancher, toujours dans ma position alitée. J'ai honte de moi.

— C'était ta première grosse mission, ne t'en veux pas. Moi aussi, j'ai agi avec impulsivité quand j'ai vu Steve...

La fin de sa phrase meurt dans sa gorge. Elle ravale ses pleurs, souhaitant paraître forte devant moi. Je presse sa main dans la mienne, en signe de réconfort. Ma cage thoracique comprime ma poitrine. Je tourne de nouveau la tête vers Fry, j'ai envie de le remercier, mais il ne prête pas attention à moi, ce qui me frustre au plus haut point.

Dans mon esprit, les souvenirs affluent. Je repense au camp des magiciens, à mon inutilité au combat d'aujourd'hui... Je me sens nulle, faible. Je nourris l'espoir de m'améliorer un jour. De servir à quelque chose. De marquer mon empreinte dans l'histoire.

C'est à ce moment-là que je donnai tout pour me battre.

ApoCalypsoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant