Chapitre 39

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La dernière mission a nourri mon besoin de m'améliorer. Je cours, me muscle, m'entraîne avec Blue et Lulu, nuit et jour. À tel point que même Blue finit par se lasser. Un soir, alors que je lui demande de m'entraîner, ma mentor refuse :

— Écoute, Calypso, je vois bien ton désir de devenir plus forte, mais je ne peux pas m'occuper de toi sans arrêt. Mais il y a bien un moyen de combler cette envie. Va à la rencontre d'autres résistants et propose-leur des duels, comme celui que tu as fait pour passer au rang Moyen.

Mon estomac se cramponne à l'idée de devoir proposer à des inconnus de se battre contre moi. J'accepte quand même d'écouter Blue et vais courir avant de dormir.

Le lendemain, je me lève assez tôt, m'étant habituée à être réveillée au lever du soleil par Blue, ces derniers jours. Je saute dans des vêtements prêtés par le camp, légèrement trop amples et sors précipitamment de ma tente.

D'un coup d'œil, je balaye les personnes qui n'ont pas l'air trop occupées. Mon regard se pose sur un garçon encore imberbe, d'à peu près mon âge, qui est en train de bailler aux corneilles. Je m'approche doucement vers lui, il arque un sourcil.

— Salut, Calypso, enchantée. Je suis rang Moyen.

— Yo, moi c'est Noan, rang Moyen aussi. Qu'est-ce que tu veux ?

— Ça te dirait de t'entraîner avec moi ?

Les mots de Blue défilent dans ma tête, j'hésite en pinçant les lèvres et complète ma phrase :

— En se battant en duel, par exemple ?

Ses lèvres s'incurvent d'un air amusé. Il se redresse d'un bond, prêt à l'attaque.

— Chui chaud. C'est pas souvent qu'on m'demande ça.

Il me détaille de haut en bas. Je comprends à ce sourire qu'il est ravi d'avoir affaire à quelqu'un qui semble plus faible que lui. Si je veux prouver ma valeur, je dois être capable de battre également des hommes. Il ne perd rien pour attendre.

Nous rejoignons le gymnase désaffecté, nous échauffons cinq minutes puis engageons le combat avec des épées en bois. Il s'élance le premier, brandit son arme au-dessus de ma tête. J'esquive agilement à reculons, ayant vu le coup venir. Un rictus se forme au creux de sa lèvre gauche. Il fonce de nouveau et charge sur mon flanc droit. Je pare. Il exécute plusieurs tentatives de la sorte que j'évite ou contre. Du sang commence à s'injecter dans ses yeux. Il serre les dents, perdant patience. Furieux, il me saisit par les cheveux et me renverse en avant. Profitant de ma confusion, il met une jambe sur mon dos pour me faire tomber. Je roule au sol afin de m'échapper. Comprenant que le combat a pris une tournure bien sérieuse, je me relève au plus vite et vise sa nuque d'un coup d'épée. L'impact le fait chuter à son tour. Voyant qu'il ne bouge plus au bout de quelques secondes, je considère qu'il a perdu.

— Noan ? l'interpellé, me demandant s'il a perdu connaissance.

— Ouais, ça va, grogne-t-il.

Il se remet debout avec quelques difficultés et me lance un regard noir. Je fronce les sourcils.

— T'es malade, toi, m'engueule-t-il.

— Eh, ça va, c'est toi qui as commencé en m'attrapant les cheveux ! Protège ta nuque, la prochaine fois.

Je tourne les talons avec dédain. Lorsque je m'approche de la sortie, je remarque quelques yeux curieux qui nous observaient. Je penche la tête sur le côté, surprise. Alors que je commence à partir, un rang Moyen m'arrête :

— Calypso ? Tu veux bien te battre contre moi, aussi ?

Ma bouche s'entrouvre, je reste un instant pantoise, ne sachant comment réagir, puis un sourire égaye mon visage, j'accepte chaleureusement.

Je ne perdis aucun combat. Jamais. C'est pour ça que les demandes de duels commencèrent à affluer. Ils avaient tous espoir d'être la personne qui parviendrait à m'arrêter.


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