Chapitre 23

Depuis le début
                                    

Drago était toujours figé sur place, avec la mine d'un enfant que l'on met trop tôt au lit. C'était très serpentard, ce que son amant faisait là. Il commençait d'ailleurs à se demander s'il n'avait pas un peu déteint sur lui...

"En revanche, tu as le droit à ton bisous." Poursuivit Harry avant de venir déposer un rapide baiser sur les lèvres du blond.

Puis l'élu se retourna et partit dans le couloir, lançant un dernier "Bonne sieste !" derrière lui. Harry n'avouera cependant jamais qu'il ne s'était pas retourné histoire de cacher son sourire. Il adorait voir le grand Drago Malefoy décontenancé. C'était aussi rare que de voir Gregory Goyle réfléchir.

Malgré sa sidération, Drago était plutôt content de pouvoir rentrer faire un petit somme. Après tout, il avait été tellement stressé à cause de l'accident de Harry qu'il en avait oublié de dormir. Il fit donc ce que ce dernier lui imposait: il transplana devant le domaine Malefoy, quittant ainsi le ministère et son agitation débordante. Il souffla. Ah, enfin un peu de calme dans ce monde si bruyant. Il remonta l'allée qui conduisait à la grande bâtisse et ouvrit la grosse porte de chêne.

Soudain, il se figea. Des pleurs résonnaient depuis le salon. C'était ceux de sa femme. Drago ne perdit pas de temps. Il sortit sa baguette magique et bondit en avant, tout droit vers l'entrée du salon.
Il allait passer la grande double porte quand il se figea à nouveau. Et pour cause: il venait d'entendre une deuxième voix féminine, qui semblait réconforter la première. Il sut tout de suite à qui appartenait la voix inconnue. Ginny Weasley était dans sa maison, avec sa propre femme. Tendant l'oreille et se faisant discret, il essaya de saisir les paroles qu'elles disaient.

"L'article de journal n'a pas marché, mais je s-...sais qu'ils mentent." Bégaya Astoria entre deux sanglots. "Les autres ne s-...sont pas à notre place. Ils ne peuvent pas comprendre."

"Je sais." Dit Ginny d'une voix douce. "Nous en sommes convaincues, c'est le plus important."

"Mais personne ne nous prend au sérieux. Je refuse d-...de vivre dans le doute toute ma vie. Je refuse de s-...souffir."

"Moi aussi." Répondit Ginny, sa voix se perdant dans le vague. "J'aimerais qu'on nous écoute. J'aimerais qu'ils arrêtent de nier, et j'aimerais que les autres arrêtent de se moquer de nous."

"T-...tu es plus forte que moi." S'apitoya Astoria. "Tu supportes mieux les événements."

"Ne dit pas ça ! Tu es restée impassible jusqu'ici. Tu ne montres jamais tes émotions au grand public, et j'admire cela. Moi, j'ai tendance à laisser ma colère m'envahir. Mon mari pourra en témoigner."

Cette dernière remarque arrâcha un petit rire triste à Astoria.

"Ginny, qu'est-ce qu'on va faire ?" Demanda-t-elle en poussant un soupir à fendre l'âme.

"Je ne sais pas, Astoria. Je ne sais pas."

Inutile que Drago se demande de qui les deux jeunes femmes parlaient.
Il ne put en entendre d'avantage. Sur la pointe des pieds, il remonta dans sa chambre d'enfance. Au moins, ici, si sa femme remontait, elle ne risquait pas de le remarquer. Il s'enferma dans la pièce décorée de fanions verts et argentés, et la traversa à grandes enjambées pour atteindre la fenêtre qu'il ouvrit en grand. Après ce qu'il venait d'entendre, l'air frais lui fit un bien fou. Drago était tout retourné. Il ne se serait jamais douté que de un, les deux jeunes femmes étaient tellement claire-voyantes, et de deux, cette histoire les atteignaient tellement. Il en avait mal au cœur, et son estomac était noué. Perdu dans ses pensées, il tira vers lui une chaise, et s'accouda à la fenêtre.

Une bonne heure plus tard, Drago sentit dans son sommeil que quelque chose lui tirait des mèches de cheveux. Il grogna, puis continua sa sieste, insouciant. Mais, après quelques minutes, la chose recommença, tirant de plus en plus fort. Cette fois, Drago, somnolent, donna mollement un coup de bras pour faire partir l'inconnu qui le dérangeait. Il n'eut pas le temps de s'étonner du fait que ledit bras ait rencontré quelque chose de doux qu'il se fit durement pincer le nez.

"AARGHH !" Sursauta Drago. "Mais ça va pas la tête ?"

Son agresseur était en fait un hiboux mécontent de devoir attendre que le destinataire de la lettre qu'il avait attaché à la patte lui décroche. Quand le blond s'en rendit compte, il regretta d'avoir fait autant de bruit en se réveillant, mais heureusement, il n'entendit rien dans la maison qui lui indiquait qu'il avait trahi sa présence. Il prit la missive que le hiboux lui avait apporté, et l'animal ne demanda pas son reste avant de repartir.

La lettre était étiquetée au symbole du ministère. C'était le message de Harry qui lui disait que Julia Vandenberg avait enfin été ramenée au ministère. Drago se leva précipitamment, et referma la fenêtre en grelottant. Elle était restée ouverte tout le temps où Drago dormait, et la pièce était à présent glaciale. Il se couvrit de sa cape, et se passa la main dans les cheveux, afin de se redonner un semblant de prestance. Puis, il transplana directement à l'intérieur du ministère de la magie et partit à la recherche de son amant. Ce ne fut pas difficile: il l'attendait devant la porte de la même salle d'interrogatoire qui avait abrité Omar McNamaley quelques temps plus tôt.

"Salut !" S'exclama Harry en le voyant. "Bien dormi ?"

"Euh... On peut dire ça comme ça." Marmonna le blond.

Harry ne fit pas attention au ton ironique de la réponse, pensant que son amant était cinique comme à son habitude. Il poursuivit:

"Je savais que je n'étais pas ordonné dans mes dossiers, mais alors toi ! C'est une vraie catastrophe."

"Je t'avais prévenu."

"C'est vrai. Bon, en tout cas, maintenant, tu n'as plus de dossiers qui datent d'il y a cinq mois."

"Merci beaucoup. J'espère que tu ne t'es pas trop embêté." Dit Drago, un peu gêné d'avoir laissé son amant travailler à sa place.

"Non, je te l'ai déjà dit. En plus, j'ai pu parcourir un peu les affaires du département des mystères, c'était cool."

Drago pouffa, puis lança un regard vers la porte.

"Tu l'as déjà vu ?" Demanda le bond, en parlant de madame Vandenberg.

"Non, pas encore. Les aurors l'ont apportée dans la salle quand j'étais dans ton bureau. On y va ?"

"C'est parti."

Les deux hommes s'engouffrèrent dans la salle pour la troisième fois de la journée. Ici, ils trouvèrent comme prévu la mère d'Alexandre Briston.

"Madame Vandenberg." La salua Harry.

La femme était assise à la place qu'avait occupé McNamaley. Elle semblait en colère et fâchée.
Lorsqu'elle les reconnut, ses sourcils se froncèrent et elle s'exclama:

"Ah vous ! Vous êtes les deux aurors qui êtes venus à Castelbar !"

"Tout à fait. Madame Vandenberg, avez-vous la moindre idée de pourquoi vous êtes ici ?"

"Absolument pas ! D'ailleurs, c'est une honte ! Je suis une pauvre femme, qui n'a rien fait de mal ! Je suis tranquillement chez moi en train de faire la cuisine, et une troupe de vos aurors débarque dans ma maison et m'emmène de force au ministère de la magie ! Ce n'est pas normal !" Explosa la vieille femme.

Harry et Drago n'en croyaient pas leurs yeux. McGonagall avait raison: Julia Vandenberg était très sensible.

"Madame Vandenberg, calmez-vous." Lui ordonna Drago. "Nous voulons simplement discuter et vous poser quelques questions."

"Mais avant, nous avons quelque chose à vous montrer." Poursuivit Harry.

Le brun fit un signe de tête à son coéquipier, et ce dernier sortit de sa poche le coutelas en argent qu'il posa sur la table.

"Je crois savoir que cela vous appartient ?" Dit-il.

Julia Vandenberg ouvrit de grands yeux.

"Oui, il est à moi !" S'exclama la femme. "Où l'avez-vous trouvé ?"

"Il était en possession de votre fils, madame Vandenberg."

À suivre...

On n'est plus des gamins, Potter.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant