Chapitre 12 Hasard épineux (1ère partie)

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           Au loin, un bruit de sabot au pas de course, fit trembler la terre sous les pieds de la femme. Le cavalier apparut peu après, vêtu d'une longue robe aux manches tombantes, aux couleurs de l'automne que le temps avait dégradé. Dans sa main gauche, un grand bâton brillait de petits filets argentés grâce à une pierre se situant sur un socle. Il avait amené avec lui l'odeur de l'ambre, du musc, du benjoin et de l'encens.

           Avant même que l'orage éclate, la vampire savait qu'un intrus arrivait à Elfira. Elle avait entendu les poils du cheval se frotter les uns aux autres et retomber sur sa peau au rythme de son galop effréné. Elle avait aussi reconnu, rien qu'au bruit de l'étoffe, l'homme qui chevauchait l'équidé. Et elle ne le connaissait que trop bien, mais ne pouvait dire si de le savoir ici signifiait un bon présage.

           Le bâton exerçait une faible lumière, comme s'il s'en était servi un peu plus tôt et qu'il n'avait pas eu le temps de se refroidir.

            La rouquine rouvrit les yeux et courut vers une grande arcade aux murs arrondis. L'inconnu s'engagea dedans et arriva devant elle. Le cheval se cabra, puis s'apaisa, souffle fort. L'individu palpa l'encolure de l'animal dans une langue au son lénitif.

— Que fais-tu ? demanda l'homme automnal à la femme.

— Je n'y suis pour rien, déclara-t-elle.

— C'est tout de même étrange de te trouver à Elfira en sachant tous les ressentiments que tu as envers ce peuple, répondit le cavalier.

— Mais cet orage ne résulte pas de moi, affirma-t-elle, tout en croisant les bras sur sa poitrine.

— Tu as peut-être engagé quelqu'un pour détruire les Elfes Blancs ? objecta-t-il, en arquant un sourcil.

— Le jour où j'anéantirais Elfira, ça sera, uniquement, de mes propres mains. Ils payeront leurs regards écœurés, quand je passais à côté d'eux et que j'essayais d'ignorer cette haine, sans explications valables. Je me vengerais de la torture qu'ils m'ont infligée. Mais ce jour n'est pas encore venu, déclara la vampire.

— Donc, cet orage n'est pas de toi ?

— Tu as deviné ça tout seul ou, pour une fois, dans ta misérable vie, tu as écouté une autre voix que celle dans ta tête de vieillard ?

— Monte, ordonna l'individu en l'ignorant.

Les yeux coléreux de la rouquine se modifièrent. Ils furent surpris, puis un rictus se dessina sur son visage, laissant paraître deux petites canines extrêmement pointues.

           L'homme tira sur les rênes de l'animal afin que la vampire puisse se hisser derrière lui. Elle plaça ses mains sur la croupe du cheval et y atterrit, avec légèreté. L'équidé repartit au galop.

            Ils sortirent de sous l'arche, mais à leur suite, un homme aux ailes dorées les pourchassait.

— Sirdor, soupira avec lassitude la femme.

            Elle sauta et l'individu tendit les brides afin de faire ralentir le destrier. L'homme ailé arrivait sur elle à une vitesse incroyable. La terre trembla et quand l'immortel l'atteignit, une force mystique le repoussa. Il s'écrasa contre la paroi de l'arcade, et s'écroula, à plat ventre, sur le sol.

           Pendant ce temps, le cheval avait continué sa route, sans attendre la vampire, mais cette dernière traça, et, avec souplesse et légèreté, se posa derrière cette mystérieuse personne.

           Les deux cavaliers montèrent le sentier d'une montagne. Soudain, le mammifère tourna subitement à gauche et s'engagea dans une grotte.

           Le pauvre animal était tiré de tous les côtés, à travers les murs de dalles en pierres, disposées différemment. Le sol, voilé par une couverture de brume épaisse, s'étendait doucement sur les parois. Du lierre et des morceaux de branches mortes pendaient dans le passage, telles des mains qui voulaient saisir les deux cavaliers. Des flocons de neige se mirent à tomber et à perler les façades, à moitié vivantes.

           Le cheval se retrouva dans une impasse. Les murs grincèrent et commencèrent lentement à se rapprocher les uns des autres.

— J'ai la désagréable impression que nous ne sommes plus les bienvenus à Elfira.

— Moi, c'est sûr que je ne l'ai jamais été, ricana la femme.

           L'équidé fut pris de panique et se cabra. L'homme plaça son sceptre en avant, prononça quelques mots et devant eux, s'ouvrit la lumière. La vampire ferma les yeux sous l'éblouissement, soudain, du soleil.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Where stories live. Discover now