Chapitre 7 Ange la Rebelle

Depuis le début
                                    

L'intonation, douce et taquine de la fillette, s'était transformée en une colère noire qu'elle essayait de contrôler.

— La guerre ne s'intéresse pas à ceux qui s'évanouissent devant le sang des blessures béantes. L'entraînement fait par ceux qui savent manier les armes instruit pendant des années les jeunes élèves rares de la société elfique. Mais moi, Prince de Filmawiel, je décide de mon plein gré qui mérite de rentrer dans nos rangs, déclara-t-il d'une voix impérieuse. Demain, ta formation commencera, petite colombe.

Ce surnom fut prononcé avec une douceur infinie. L'enfant le regarda d'abord avec des yeux ronds, puis ils s'emplirent d'étoiles argentées. Elle se jeta au cou de l'elfe. Ce dernier la prit dans ses bras et appuya sa tête sur le crâne de la petite. Elle bondit à terre et commença à sauter sur la pointe des pieds avec légèreté et élégance sur des morceaux de marbres. Elle s'élança vers une liane qui s'étendait au-dessus d'une rivière à l'eau tumultueuse. L'homme la regardait danser avec des yeux émerveillés, mais aussi fortement inquiet de la hauteur où elle se situait. Soudain, la branche céda et l'enfant se retrouva dans une position incertaine. Tandis que les vagues léchaient ses pieds nus, elle se balançait doucement. L'elfe descendit à une vitesse fulgurante les branches des arbres pour rattraper la fillette. Mais cette dernière lâcha la plante grimpante qui craquait en haut. Elle s'accrocha à une autre et bascula sur ses jambes, en grand écart, pour se tourner vers l'elfe en s'asseyant sur l'écorce moelleuse.

— Tu as failli te faire tuer ! cria-t-il hors d'haleine en la prenant dans ses bras. Si je t'avais perdu, j'ignore ce que je serais devenu, murmura-t-il en mettant sa tête dans les cheveux soyeux de l'enfant.

— Aldaron, tu te soucies trop facilement. Je suis tombée plus souvent que tu ne le crois dans cette rivière. Et je m'en suis toujours sortie, car j'ai à tout instant su passer à l'action au bon moment et réfléchir pour ne pas me retrouver dans la galère.

L'elfe la regarda tendrement. Il l'a pris dans ses bras, car il sentait son énergie défaillir rapidement. Aldaron l'emmena dans sa chambre en la déposant délicatement sur un lit de plume de cygne. Il l'enveloppa d'une couverture blanche comme la neige, faite de peau de mouton. Il embrassa son front, en glissant ses doigts dans ses magnifiques cheveux rouges.

— Crois-tu que des nains aient survécu ? entendit-il dans un murmure.

— Je l'espère.

— Pourquoi aucun Royaume n'a tenté de venir à leur secours ?

— La Secte Sanglante avait déjà pris possession d'Andor et nous sommes bien insignifiants face à un dragon.

— Est-il vraiment mort ?

— Oui, nous n'avons plus à nous en inquiéter.

— Quel dommage que vous l'ayez tué !

— Pourquoi ?

— Nous aurions pu le convaincre de s'allier à nous. La Secte avait bien réussi cet exploit.

La petite tourna la tête vers le plafond et expira.

— Je rêve un peu trop n'est-ce pas ?

— Songer n'est pas un mal, mais la réalité reste plus forte. Endors-toi, pendant que tu le peux encore, tant que l'enfance sommeille dans ton esprit.

           Il ferma la porte sans un bruit, dans une douceur extrême. Il s'engagea dans un escalier menant au pic de commandement du Roi des Elfes Verts.



           Le Roi était assis et quand il vit Aldaron venir vers lui, il se mit debout et le serra dans ses bras.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant