⭐64. Sauvé

6K 709 170
                                    

— Arrêtez tout ! Stop ! tonnai-je dans le microphone avec des gestes de la main en plein milieu d'une chanson.
Le public de New York interrompu en pleine effervescence était plus que perplexe. Je voyais bien que c'était aussi le cas du reste de mon équipe et j'en étais sincèrement désolé.
Je ratais des accords depuis un moment. Les gars peinaient à me suivre. J'en avais marre de chanter faux. Il me fallait du temps pour me ressaisir.
Je déposai Ami Lee, ma guitare, contre un ampli, décrochai mon micro du pied et m'assis sur le rebord de l'estrade en balançant mes jambes dans le vide. Deux écrans géants LED de chaque côté de la scène rapportaient chacun de mes gestes aux gens sur les gradins, plus à ceux au fond de l'arène qui observaient le même silence confus que les autres aux premiers rangs.
— Brick, qu'est ce que tu fous ? articula Maryse depuis les coulisses.
Je l'ignorai et me lançai d'un ton solennel, en parcourant le public du regard :
— New York ! Je suis désolé, mais je me dois d'être honnête avec vous. Voilà, je suis bourré.
Une cacophonie composée de quelques rires, de murmures de protestation, agrémentés de quelques huées s'éleva de la foule.
— Oui, oui. Je sais. C'est irrespectueux envers vous, mais les gars...
Mes yeux croisèrent encore ceux de ma chère tante qui faisait de grands gestes m'intimant d'arrêter tout de suite mes conneries pour remonter sur scène, et je levai les yeux au ciel.
— S'il vous plaît, pouvez-vous diriger la caméra ici ? m'exprimai-je avec l'éloquence d'un foulard en pointant la femme d'affaires du doigt.
Lorsqu'une Maryse décontenancée et interdite fut au centre de toute l'attention, ainsi que sur les deux écrans  ; je sifflai en détachant parfaitement chaque syllabe pour bien exprimer mon agacement :
— Cette femme est chiante !
Les gens rigolèrent tandis que les traits de la manager se faisaient de pierre, et j'enchaînai d'un ton désinvolte :
— Voilà, c'est dit. Maintenant, la diva en moi revente toute l'attention.
Lorsque le public se marra à nouveau, je me sentis plus en confiance pour continuer :
— Voilà, je voulais vous l'avouer. J'ai mal. J'ai très mal. J'arrive pas à penser à autre chose. Je...
Je pris le temps de respirer un bon coup pour ravaler mes larmes et m'exclamai de manière théâtrale :
— Vous voyez, j'ai même envie de chialer là devant tout le monde ! Vous m'avez déjà vu chialer, vous ?
Ils rirent de bon cœur et je leur souris faiblement en ajoutant avec sincérité :
— Je ne vous souhaite pas d'avoir mal comme ça. C'est un vrai nique-cœur, je vous assure ! Donc voilà, maintenant vous savez pourquoi je me suis bourré la gueule, conclus-je en écartant les bras.
— Va la voir ! cria quelqu'un dans l'assemblée.
— Ah, vous savez pourquoi j'ai mal ? Moi qui croyais maintenir le suspens ! Pendant un moment, j'ai vraiment cru que j'étais un type normal qui avait une vie privée, lâchai-je pince-sans-rire. Merde alors !
Ils s'esclaffèrent de plus belle, et mon regard accrocha pendant quelques secondes celui de Moniale, debout à la place qu'occupait Maryse quelques minutes plus tôt. Elle secouait la tête d'un air dépité qui n'eut aucun effet sur moi.
Je savais très bien à quoi, elle pensait : m'apitoyer sur mon sort allait encore plus déchaîner les Rrivers pour me défendre.
Mais cette pause était nécessaire. J'avais vraiment été sur le point de craquer. Il avait fallu que je parle. Je n'avais eu aucune arrière-pensée en faisant cela.
Tu es sûr ? Même pas une toute petite ? me nargua ma conscience.
Non. Aucune.
Mais si Sara n'en pouvait plus après cela et venait te supplier d'arrêter, tu ne serais pas un petit peu satisfait, par hasard ?
J'ignorai cette voix chiante et me redressai en soupirant :
— Bon assez pleurniché. Ça ruine ma réputation de badass, non ?
— On t'aime Rick ! brailla une personne dans la fosse.
— Je vous aime aussi, répondis-je avec un sourire franc en me replaçant derrière le pied.
— Emmène-moi avec toi, je te consolerai ! s'époumona une voix féminine, tandis que d'autres renchérissaient de quelques « ouiiiiii » enthousiastes.
Je passai la sangle de ma guitare sur mon épaule et m'amusai avec un rictus en coin :
— Ah bon ! C'est qui qui veut me consoler ?
— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh ! Aaaaaaaaaaaaaaaah ! trembla l'arène de plus de cinquante mille personnes.
— Il y a du bon à être malheureux, on dirait, rigolai-je en me sentant immédiatement mieux. La prochaine chanson sera pour toutes ces jolies personnes aux cœurs brisés. Puissiez-vous être aussi chanceux que moi et trouver autant de volontaires pour vous aider à le panser.
Ils hurlèrent, pleurèrent, scandèrent mon nom et je leur décochai mon sourire à un million de dollars avant d'entamer les premières notes.
Ça faisait partie du spectacle : flirter avec le public. Ne jamais leur dire non, même si on ne disait pas oui, non plus . Être assez à l'aise avec eux pour leur donner l'impression d'être accessible sans l'être vraiment. C'était la meilleure façon de s'assurer de peupler à jamais leur fantasme. Et j'étais doué pour ça.
On chanta le refrain de Crying on the inside ensemble, comme un seul être, et mon cœur explosa de gratitude. C'était le genre de moment qui me faisait penser que les mauvais côtés de la célébrité étaient un mal nécessaire. Je n'imaginais pas ma vie sans chanter. Je ne pouvais vraiment pas envisager mon bonheur en faisant autre chose. Tout ça, grâce à ces gens qui s'étaient proclamés eux-mêmes Rrivers.
Je leur devais vraiment tout, surtout en ce moment où ils étaient ma seule raison de me réveiller le matin. Je luttai donc afin de tout donner, malgré le taux d'alcool considérable dans mon sang.
Le reste du spectacle se déroula merveilleusement bien. J'avais des musiciens géniaux et globalement, je m'étais senti plutôt fier de ma propre prestation. C'était comme si j'avais été revigoré par une force supérieure pour pouvoir terminer le concert. D'ailleurs, j'étais plutôt de bonne humeur en retournant en coulisse.
Quelques filles qui avaient réussi à échapper, je ne sais comment à la sécurité me tendirent une embuscade près de ma loge et repartirent avec ma veste et quelques photos. Et non, je n'avais même pas protesté. Avais-je déjà mentionné que j'étais de bonne humeur ?
Je ne portais donc que mon jean dévoré — comme Sara aimait appeler ceux qui étaient considérablement troués — et mon large tee-shirt sans manche « Oui, elle est grosse », lorsque Jason me proposa qu'on aille se promener en m'acculant dans ma loge.
29 décembre, New York et mec sans vêtements chauds, n'allaient pas vraiment dans la même phrase, à mon avis. Et d'ailleurs, pourquoi irais-je me promener avec lui ?
Il commençait vraiment à me gêner avec ses baisers surprises au détour d'un couloir, ou ses attouchements au moment où je m'y attendais le moins... Comme par exemple ce suçon qu'il m'avait fait au cou en début de soirée, que j'avais dû masquer avec du fond de teint. Bien sûr, il faisait ce genre de chose uniquement quand on était seul, mais j'étais vraiment au bord de la crise.
Ça semblait l'amuser, mais moi pas. Il me faisait sérieusement regretter ce soir à Seattle, quelques jours plus tôt. Je n'aurais jamais dû le laisser voir qu'il m'avait tenté. Désormais, ce que je redoutais était arrivé : il s'imaginait des choses.
J'avais le pressentiment que si je laissais les choses évoluer encore plus, il n'y aurait pas de retour possible. C'était la raison pour laquelle je m'escrimais autant à lui résister.
Mais j'étais qu'un pauvre mec en manque de sexe. Effectivement, mon corps réagissait à ses baisers et caresses autoritaires ; surtout que je n'arrêtais pas d'imaginer qu'il pourrait être un amant accompli, car ses gestes étaient tellement experts. Cependant, ma décision était prise : je ne coucherais jamais avec lui... Enfin, j'espérais. En tout cas, je luttais encore...
— Je ne veux pas sortir, refusai-je.
— T'as peur de te retrouver seul avec moi ? me provoqua-t-il avec un sourire carnassier.
Oui !
— Non ! mentis-je en m'éclaircissant la gorge et me cramponnant encore plus fort au comptoir derrière moi.
— Pourquoi tu luttes ? ricana-t-il. Aussi surprenant que ça paraît, je vois bien que je te fais de l'effet. T'as l'espoir que ça va s'arranger avec Sara et tu veux pas la trahir ; c'est ça ?
Entre autres.
Je détournai le regard et crispai ma mâchoire. Ça ne le regardait pas.
— Elle t'a trompé si je me rappelle. Et même si vous projetez de vous remettre ensemble ; à ta place, je ne culpabiliserais pas autant. C'est une fille qui aime... s'amuser, susurra-t-il avec un petit rire sardonique. Elle est peut-être en train de prendre du bon temps, en ce moment même. Laisse-toi aller, souffla-t-il avant de saisir ma lèvre inférieure entre ses dents d'un air provocateur.
Mon cœur amorça deux sauts périlleux de suite et ma respiration s'emballa comme un cheval de course.
Le sexe-appeal de Jason n'était pas négligeable, surtout avec sa beauté sauvage et son regard de prédateur. Il avait raison, il me faisait de l'effet. Mais j'avais peur. Et si je cédais et que Sara finissait par en être au courant ? Oui, c'était pitoyable compte tenu de la situation, mais son opinion comptait encore pour moi. Et si au pire, je me laissais aller et que tout le monde finissait par savoir ?
Non ! Je ne voulais pas.
Je me ressaisis et trouvai la force de le repousser. D'ailleurs, quelque chose me frappa à ce moment-là. Il avait avancé que Sara était une fille qui aimait s'amuser sur un ton plein de sous-entendus. Ça voulait dire quoi exactement ? Se pourrait-il que leur animosité remonte à bien avant moi ? Et s'ils se connaissaient dans le passé, que cachait cette haine qu'ils semblaient éprouver l'un pour l'autre ?
— Toi et Sara, vous...
— Rick ! toqua Monica.
— Je n'aime vraiment pas ta sœur, me glissa le bassiste à l'oreille avant de provoquer des chairs de poule sur tout mon corps en léchant mon lobe.
— Arrête, murmurai-je d'une voix peu convaincante en fermant fort les yeux.
— Rick ! toqua de nouveau Monica.
La porte était verrouillée, elle ne pourrait pas entrer. Mais savoir que quelqu'un était si près, tandis que Jason faisait son pervers m'excitait comme un malade.
J'avais plutôt l'habitude d'avoir le contrôle dans ce domaine-là, mais le blond ne me laissait aucune chance. Je ne pouvais plus le nier : ce mec mettait mes nerfs sens dessus dessous. Il était vraiment doué et il le savait.
Heureusement qu'il mit fin à sa torture en reculant tout en me promettant que ce n'était que partie remise.
Il humidifia ensuite son pouce dans sa bouche et frotta le fond de teint qui cachait le suçon sur mon cou.
— Je ne veux pas que tu le caches. De toute façon, tu seras à moi. Au fait, j'adore ce tee-shirt. Hâte de vérifier par moi-même.
Je me sentais comme une pauvre demoiselle prise au piège. Je faiblissais à chaque minute qui passait, et craignais la suite si jamais je baissais ma garde. McGraal était la tentation faite homme. J'espérais juste trouver la force de résister jusqu'au bout.
Lorsqu'il sortit et que Monica entra à son tour, elle laissa lourdement tomber ses bras contre son corps dans un geste las.
— Tu as tellement de personnalités que j'avoue, j'ai un peu de mal à suivre. C'était qui qui pleurait sur scène qu'il avait le cœur brisé, il y a même pas trois heures ? Et là, tu t'amuses avec Blondie dans ta loge. Que veux-tu, en vrai, Rick ?
Je n'avais pas la force d'expliquer qu'en fait, je luttais pour résister à Blondie, comme elle l'appelait. Que oui, mon cœur était brisé. Que je gardais un infime espoir que la situation allait s'arranger, mais que j'étais trop orgueilleux pour que le changement vienne de moi.
Je n'avais pas la force de répéter tout ça, alors, je me tournai vers le miroir et glissai négligemment mes doigts dans mes cheveux qui devenaient de plus en plus longs.
Je les avais gardés très courts sur les côtés et sur ma nuque, mais les mèches noires de devant caressaient presque mes lèvres désormais. Mon teint quant à lui, avait toujours ce même éclat terne. Cependant, avec mes deux anciens piercings, plus ce nouveau petit anneau fin à mon nez pour lequel j'avais craqué, il y avait à peine deux jours ; j'avais toujours l'air d'un mort-vivant, mais d'un mort-vivant plutôt stylé.
— Ça y est ? T'as fini de te contempler et de te convaincre que t'es le plus beau ? soupira Monica de façon dramatique.
— Fais pas comme si tu le pensais pas aussi, gouaillai-je en la fixant dans le miroir.
Elle pouffa d'un air suffisant avant de reprendre plus sérieusement quelques secondes plus tard :
— Si tu avais une chance d'arranger la situation avec cette fille, arrêterais-tu tes conneries ?
— Quelle connerie ? éludai-je en soupirant avec exagération.
Je n'avais plus envie de parler de Sara avec Monica. Je connaissais la chanson, et je n'aimais toujours pas les lyrics.
— Le mec louche que t'as vu hier, reprit-elle avec une expression indéchiffrable. Ce n'était pas pour un échange de bonbons ou d'innocentes sucettes, pas vrai ?
Je pivotai d'un mouvement brusque, et lui crachai, fulminant, tout près de son visage :
— C'est quand t'apprendras à te mêler de tes affaires ?
— Tu arrêteras tes conneries, oui ou non ? répéta-t-elle sans se démonter.
Les poings serrés, je tremblais sur place, de rage. Elle n'aurait pas dû être au courant de cette transaction. Il n'y avait qu'une seule éventualité qui expliquait cette situation : elle m'avait suivi.
— J'ai été soulagé de voir que t'as résisté, applaudit-elle. Tout était intact quand je l'ai jeté.
— C'est quoi ton putain de problème ? hurlai-je, à bout de nerfs.
— Non, toi, c'est quoi ton putain de problème ? rétorqua-t-elle en se mettant à son tour en colère. Grandis un peu, bon sang ! C'est vraiment ça que tu veux ? Foutre ta vie en l'air ? Personne ne pourra te sauver si tu ne veux pas te sauver toi-même.
Je reculai sous le choc parce que tout avait finalement pris un sens dans ma tête. Sa dernière phrase avait fait remonter un souvenir dans mon esprit et j'eus comme une illumination.
Ça s'était passé quand j'avais seize ans. Moi et quelques copains, on était en train de fumer dans le sous-sol d'un type qui s'appelait Matt. Puis sa mère nous était tombée dessus et elle s'était mise dans une colère noire. Elle nous avait ordonné à nous autres de partir, car elle avait besoin de tuer son fils - c'étaient ses mots.
Je ne sus jamais quelle mort, elle lui avait infligé, mais Matt n'avait plus jamais refumé depuis. Et vous savez quoi ? J'avais été jaloux.
Aux yeux de tous, le mec qui pouvait continuer à griller des cigarettes, alors qu'il n'en avait pas l'âge était le plus cool et le plus badass, mais je n'avais pas pensé pareil.
Aussi, lorsque les parents de Daphney étaient vivants, elle se plaignait tout le temps qu'ils lui faisaient chier. Je ne lui avais jamais avoué, mais elle me les cassait avec ses jérémiades. Parce que moi, je voulais avoir ses parents, ou n'importe quel parent présent...
Je voulais qu'on me sauve de mes conneries comme ces autres gamins, mais je n'avais personne. C'était fou, mais j'avais envie qu'on me prive de sortie moi aussi, qu'on me gronde... qu'on m'aime comme le font les parents. Alors, j'avais poussé chaque fois, le bouchon un peu plus loin, en espérant que mon père me tue aussi, comme la mère de Matt. Par contre moi, j'avais récolté tout autre chose...
Et sans m'en rendre compte, en grandissant, j'avais reproduit le même schéma qu'à l'époque avec Dant. J'avais enchaîné connerie après connerie. Je me rendais finalement compte que le désir d'avoir un sauveur ne m'avait jamais quitté. Je voulais quelqu'un qui me rendrait meilleur. Quelqu'un qui me donnerait une raison de lutter contre moi-même. Quelqu'un à qui je penserais avant de m'injecter ce shoot mortel et qui figerait mon geste, même lorsqu'il n'était pas là.
Durant toutes ces années, je n'avais eu personne. Monica avait raison. Tout le monde croyait m'aimer en me laissant faire ce que je voulais, mais ce n'était pas le cas.
Puis finalement, La Vie m'avait envoyé les sauveuses que je désirais tant, et j'avais été trop aveugle pour le remarquer.
Sara faisait ressortir la meilleure version de moi. J'avais été prêt à tout pour lui prouver que j'étais un type bien afin de mériter une personne aussi géniale qu'elle. Maintenant que j'y songeais ; il y avait des choses que je n'oserais jamais faire si elle me regardait. À mon insu, cette fille me sauvait de moi-même.
Et il y avait cette autre, là en face de moi, qui ne m'avait même pas caché son intention : elle voulait me sauver. Au fond, je n'étais toujours que ce gamin en manque d'attention, réclamant un sauveteur. Et là, je n'en avais pas une, mais deux et je leur crachais dessus.
— Je suis désolé, soufflai-je en me mordant l'intérieur des joues pour ne pas pleurer d'émotion.
— Qu... quoi ? s'étrangla Monica, visiblement perplexe face à ce changement de situation.
— Si je te serre dans mes bras, tu vas pas aller t'en vanter ?
Elle me dévisagea, puis se mordit les lèvres, mais elle ne réussit pas à contenir son hilarité bien longtemps. Elle s'esclaffa quelques secondes plus tard et je l'imitai, mais une larme parvint quand même à s'échapper et échouer sur mes joues.
— Je sais que je me comporte comme un con, mais toute ma vie, je n'ai connu que ça. Je suis désolé de te donner l'impression que je suis irrécupérable... Bref, je suis plutôt content que tu sois là.
Elle me regarda intensément avec cette lueur de fierté dans le regard qui me réchauffa le cœur. Ensuite, elle essuya à son tour une larme au coin d'un œil et s'exclama d'une voix chargée d'émotions :
— Eh ben ! Si je l'avais su, j'aurais jeté quelque chose plus tôt. Ton sac par exemple, avec tous ces tee-shirts pervers auxquels tu tiens tant, rit-elle doucement.
— Là, tu fais chier ! coupai-je sans parvenir à garder mon sérieux.
Je commençais à trouver ça complètement con, mais on rigola encore. Et lorsque je me calmai, je me sentais plus libre et plus vivant. Je savais ce que je devais faire.
— Tu penses que j'ai une chance d'arranger ça avec elle ? demandai-je avec espoir.
— Mais j'étais venu te l'offrir, ta chance, assura-t-elle d'un air confiant.
— Quoi ? me figeai-je sous la surprise.
— Elle est à New York pour la promotion de sa première collection. J'ai fait ce que ton ego t'empêchait de faire : je suis entrée en contact avec elle. C'est une fille géniale. Je crois qu'elle aussi, elle souffre. Par contre, elle est moins pénible que toi, je te l'assure.
— Elle a toujours été plus forte, ne pus-je m'empêcher d'ajouter avec un sourire nostalgique.
— Je ne peux pas te garantir qu'elle voudra encore de toi. Si tu avais vu la façon dont ses traits s'étaient durcis à la mention de ton nom. Pourtant, elle m'a surprise en acceptant quand même de te voir. Je ne sais pas si c'est pour te planter ou autre... Ce ne serait pas comme si tu ne le méritais pas, après tout.
— Je... Je ne sais pas quoi dire, admis-je, troublé. Je reconnais avoir été assez con en dressant mes fans contre elle...
— Très con, rectifia Monica.
— Elle accepte vraiment de me voir ? doutai-je, car je trouvais ça trop beau pour être vrai.
— Je te l'ai dit.
— Quand ? m'étranglai-je.
— Maintenant. Elle venait de me le confirmer par message, quand je suis venue te chercher.
Il était très tard, mais je ne posai pas plus de questions. Mon cœur battait d'excitation contre mes tempes et j'entendais l'adrénaline rugir dans mes veines d'anticipation. J'allais la revoir ! Je ne pouvais déjà plus attendre.
— Allons-y ! m'écriai-je.

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant