⭐71- Point de non-retour

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À peine rentré dans la chambre, j'envoyai valser ma casquette et mes lunettes de soleil à l'autre bout de la pièce et me jetai voracement sur ses lèvres.
Je la guidai ensuite contre le mur d'en face et verrouillai ses bras au-dessus de sa tête par le poignet. Je l'embrassais à en perdre haleine, donnant l'impression d'un toxico en présence de sa drogue favorite. C'était bon ; c'était parfait ; c'était trop et en même temps, pas assez ; c'était fou, enivrant, renversant... C'était magique !
Ma bouche glissait de sa bouche à son cou, en passant par sa joue et la ligne de sa mâchoire. Je mordillais, léchais, titillais, embrassais... Je connaissais assez son corps pour savoir qu'elle était trempée entre ses cuisses. Et ses halètements, plus son visage déformé par le désir, traduisaient parfaitement son état d'excitation affolante, qui devait de près, frôler le mien.
Elle arc-boutait son corps en gémissant, malgré l'immobilité de ses mains et je grognai lorsqu'elle tira légèrement sur mon labret avec ses dents. Ce geste avait toujours le mérite de décupler mon excitation et elle le savait. De mon autre main, je parcourais son corps sous sa robe, avec la frénésie d'un affamé.
Lorsque j'arrivai de nouveau sur ses fesses, je soupesai celles-ci, les molestai, et elle gémit :
— Je t'aime.
— Moi aussi, répondis-je d'une voix saccadée.
Je relâchai ses mains et descendis sur sa poitrine, tandis qu'elle déposait ses paumes sur mes joues en me caressant les cheveux de ses doigts.
Je libérai ensuite un sein de son entrave en dentelle et en cueillis le mamelon dans ma bouche, après avoir baissé les bretelles de sa robe. Elle se cambra et enfouit ses mains dans mes cheveux en miaulant :
— Oui, s'il te plaît !
J'étais en train de déposer une série de baisers entre ses deux seins lorsqu'elle lança d'une voix shootée :
— Je ne t'en voudrai pas si ça te manque, tu sais.
Sa phrase parvint à franchir la pile d'idées cochonnes dans ma tête et atterrit brutalement dans mon cerveau.
Elle voulait dire quoi exactement par ça ? Fortement intrigué, je me redressai et plantai mon regard circonspect dans le sien.
— Quoi ?
— Pourquoi t'as arrêté ? gigota-t-elle avec une petite moue boudeuse.
— Tu veux dire quoi par ça ? répétai-je, les sourcils froncés.
Elle expira longuement par la bouche, comme si la discussion à venir ne l'emballait pas vraiment, puis elle me regarda droit dans les yeux.
— Je sais désormais que tu as une préférence pour les hommes, si un jour ce qu'on fait ne te suffit plus...
Je contractai les mâchoires en reculant d'un pas et elle attrapa le revers de ma veste.
— Ne te braque pas ! s'écria-t-elle. Rick, on peut en parler calmement comme des adultes, s'il te plaît ?
— Si tu ne voulais pas qu'on continue, grinçai-je. T'avais qu'à dire que tu n'étais pas d'humeur.
— De quoi tu parles ? fit-elle comme si j'avais dit la chose la plus stupide sur terre. Mais pourquoi tu veux pas en parler ?
— Parce que ça ne te regarde pas ! hurlai-je.
J'étais vraiment susceptible sur ce sujet, et je ne voyais pas du tout pourquoi j'en discuterais avec elle.
Elle ne sembla nullement atteinte par mon éclat et lâcha calmement :
— J'ai déjà embrassé une fille.
— Quoi ?
— Un soir, juste comme ça.
— Et ? m'intriguai-je.
— Rien, fit-elle avec un haussement d'épaules désinvolte. J'ai rien ressenti. Ce n'est pas mon truc. Je t'ai dit ça juste pour que tu réalises que je suis ouverte d'esprit. Je doute que tu puisses me choquer avec quoi que ce soit. Écoute, je ne te demande pas qu'on se raconte nos vies sexuelles précédentes, mais je ne veux pas que tu sois frustré. Je n'ai pas envie qu'il y ait de tabous entre nous. Je t'aime. Je ne vais pas te juger. Je sais que je t'excite, mais si ça ne te suffit plus...
Je détournai le regard et elle posa une main sur mon visage pour m'inciter à soutenir le sien.
J'avais envie d'être très loin d'ici. Si ça ne me suffisait pas quoi ? Elle me chercherait un bon petit gay et on ferait l'amour à trois ? Non merci. Je l'aimais et elle m'avait toujours comblé sur tous les plans. Ça m'énervait de voir comment tout le monde croyait me connaître, alors que même moi, il y avait tellement de choses à mon propos qui échappait à mon contrôle. Encore une fois, je me fis la réflexion que ça ne la regardait pas.
— Je crois qu'il vaut mieux que je te ramène, proposai-je d'un ton froid.
— Je ne vais pas rentrer. On va parler, et ensuite, on va passer la nuit ensemble, décida-t-elle d'un air déterminé. Rick, tu m'as promis de ne plus me mentir. Ça implique de ne rien refouler. On peut acheter des jouets si tu veux. Ça peut être enrichissant pour nous deux. On va continuer d'être nous, mais si t'as envie de plus, ne le cache pas. Je ne suis pas un mec, mais...
J'allais reculer à nouveau, mais elle me retint fermement par la manche.
— Mais c'est quoi le problème ? s'agaça-t-elle. Arrête de te défiler !
— Je ne veux pas en parler !
— Je ne te demande pas de m'en parler, répliqua-t-elle fermement. C'est moi qui en parle. Qu'est-ce qui te met dans cet état, bordel ?
— Je ne l'assume pas ! explosai-je avec des gestes de la main. T'es satisfaite ? J'en ai honte. Je suis heureux que ce soit fini. Et s'il te plaît, ne me répète pas que je t'ai choisi parce que ça m'évite de le supporter. Tu ne sais pas comme ça m'a blessé la dernière fois ! T'es la première fille de qui je tombe amoureux, et tout me suffit avec toi. Arrête de chercher des problèmes là où il n'y en a pas !
— Mais Rick, ça fait partie de toi ! protesta-t-elle.
— T'en sais rien ! aboyai-je.
Elle laissa tomber ses mains contre son corps et admit d'un air vaincu :
— OK. Je n'en sais rien. Mais si tu me trompes parce que t'as manqué de quelque chose, je te jure que ce sera fini entre nous, pour de bon cette fois-ci, me promit-elle d'un ton catégorique. Je veux qu'on puisse parler de tout. Je suis folle de toi, Rick. Et j'accepte de te croire quand tu me dis que tu m'aimes. Que tu aies couché avec des mecs avant n'y change rien. Je m'en fous qu'après ça, vu de l'extérieur, notre vie sexuelle ait l'air complètement bizarre. Mais tu as des goûts particuliers, je suis prête à l'accepter. Je ne te jugerai pas si tu veux que je te mette un doigt dans le cul par exemple ou...
— Arrête, putain !
Je me pris la tête entre les mains et fis quelques allers-retours exaspérés. Elle me mettait mal à l'aise. Quel genre de filles parlait de ces choses avec un tel détachement ? Est-ce que je voulais qu'elle me mette un doigt dans le ... Roh ! C'était trop. Je ne savais plus quoi penser.
— Mais pourquoi tu t'acharnes autant en fin de compte ? Tu me... tu m'embarrasses, merde !
Elle s'approcha de moi et noua ses bras sur ma taille en expirant par la bouche. Je restais tendu comme un arc, mais comment rester fâché quand elle était si proche ? Elle bascula sa tête en arrière pour croiser mon regard et souffla avec tendresse :
— Je veux juste que tu sois honnête avec moi et avec toi-même. T'as couché avec des garçons. Si jamais quelque chose te manque, dis-le. Je ne sais pas comment, mais on pourra s'arranger. Ne fais pas comme si ce chapitre de ta vie n'a jamais existé. Si moi je l'accepte, toi aussi tu le dois.
Comment ? Pourquoi ? Et plus important, comment et pourquoi quoi ? Mon esprit partait dans tous les sens. J'étais perdu. Pourtant, je le sentis... Lorsque mes dernières barrières cédèrent, je le sus au plus profond de moi. Je l'aimais désormais à un point de non-retour. Le niveau le plus élevé d'amour qu'un humain pouvait ressentir ; je l'avais atteint ce soir-là, j'en étais certain. Il n'y avait pas un obstacle ou une montagne que je ne me sentais pas capable de traverser pour elle. Elle m'avait eu, complètement, sans aucune limite.
Cependant, malgré le feu d'artifice émotionnel en moi, je me contentais de la fixer d'un air absorbé avant de m'exprimer d'une voix faiblarde :
— T'es bizarre.
Elle sourit, comme si c'était le plus beau compliment qu'on lui ait jamais fait.
— Ouais, vu sous un certain angle, je suis un peu tarée. Mais personne ne s'ennuie jamais avec les bizarres, non ? C'est pour ça qu'on les aime !
Elle me caressa ensuite le visage avec l'affection qu'on réservait normalement aux enfants. Il y avait tellement d'amour dans ses mots que je sentis mes larmes d'émotions pointer le bout de leur nez :
— Je t'aime tellement ! Je ne veux pas que tu te sentes obligé de refouler quoi que ce soit. Tu me promets d'être toujours honnête avec moi ?
— Oui.
Et je le pensais. Pourquoi lui cacherais-je quoi que ce soit ? Elle était aussi ma meilleure amie.
Je me rendis compte que je respirais pour la première fois dans ma vie. Vraiment, sans aucun poids sur les épaules ; sans l'impression de n'être à ma place nulle part. Je venais enfin d'embrasser ce qui avait été ma plus grande honte pendant longtemps, grâce à elle, une fille.
La vie pouvait tellement être étrange !
Il avait fallu qu'elle m'accepte entièrement pour que je le fasse aussi. Peut-être qu'il était dû à ça, le blocage dans mon cerveau. Peut-être que depuis tout ce temps, j'avais besoin qu'on m'aime, non pas malgré ma différence, mais avec ma différence. Qu'on accepte, non pas le Rick qui aime les hommes, ou le Rick qui aime les femmes, mais Rick tout entier.
C'était peut-être insensé, mais ça n'avait rien d'étonnant, puisqu'il s'agissait de ma vie. Regardez-moi par exemple, je n'appartenais à aucune case connue. Je ne pouvais pas me qualifier de gay et encore moins d'hétéro. Je comprenais enfin pourquoi je m'étais senti perdu et maudit pendant tout ce temps. J'avais toujours su que je n'étais pas conventionnel. Je ne pouvais même pas me désigner comme bisexuel, puisque la magie ne s'opérait qu'avec Sara. J'étais juste moi, Rick, et elle m'aimait comme ça ; l'une des personnes les plus géniales sur Terre m'aimait comme j'étais.
Je la serrai fort contre moi et soufflai en fermant les yeux :
— Je t'aime tellement !
— Moi aussi, je t'aime ! répliqua-t-elle contre mon torse. Je suis heureuse qu'on soit parvenu à s'entendre. Ne t'en fais pas. Ça ne te changera pas à mes yeux. Chuchote-moi des cochonneries comme tu sais le faire, gloussa-t-elle. Tu seras toujours mon bad boy... Juste un bad boy avec des goûts particuliers que je serai ravie de découvrir avec lui, conclut-elle en m'embrassant amoureusement la clavicule.
Si on cherchait l'homme le plus chanceux sur Terre à ce moment-là ; il fallait essayer de me trouver. J'avais gagné le jackpot avec cette fille.
— Comment pourrais-je te rendre tout ce que tu m'offres ? soupirai-je en reniflant ses cheveux.
— Déconne pas ! C'est tout ce que je te demande. Tu me combles plus que tu ne le penses. Je ne veux personne d'autre que toi. Et par toi, je veux dire le paquet complet, pas juste un bout.
Là, elle venait de titiller mon esprit lubrique. Amusé, je mis fin à notre étreinte et la tins à bout de bras en haussant un sourcil.
— Pourquoi j'ai compris autre chose ?
— Parce que t'es un gros pervers, rigola-t-elle de ce rire cristallin que j'aimais tant.
— Donc tout, pas juste un bout, hein ? me moquai-je en la soulevant.
— T'es impossible !
Elle noua ses jambes sur ma taille et je la déposai sur la commode que je n'avais pas du tout prévu d'utiliser avant ça.
Même si je ne dormais qu'une nuit dans un hôtel, je prenais toujours une grande chambre. J'aimais vraiment les endroits spacieux ; ça me détendait. Cette chambre-là par exemple était large, mais parfaitement meublée, dans le style minimaliste comme j'aimais. Les coins où batifoler ne manquaient pas. Sara et moi, avions l'embarras du choix.
Mais à ce moment-là, debout entre ses magnifiques jambes, je me faisais la réflexion qu'elle était parfaite sur cette commode. À la hauteur qu'il fallait, ses pieds là où il fallait ; c'est-à-dire, noués sur ma taille, et ses doigts enfouis dans mes cheveux.
Oui, on avait trouvé le meuble parfait .

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant