⭐6b. Bad boy & bad girl

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Épuisé, je fis signe à mes gardes du corps de me dégager un chemin et je partis avec ma pseudo-copine.

Je quittai rapidement les lieux au volant de mon Aston Martin et une fois qu'on fut sur l'autoroute, Sara lança avec une pointe d'amusement et de résignation mêlée :

– Combien de temps avant qu'on crée une page Instagram @anti_SaraHood ?

– De quoi tu parles ? m'intriguai-je.

– Il y en avait une pour toutes tes ex. Il y a certaines de tes Rrivers qui considèrent toutes les filles qui te fréquentent comme des ennemies, expliqua-t-elle. Elles créent des pages pour les critiquer, chercher leurs pires photos et des trucs du genre.

– T'es sérieuse ? fis-je, en délaissant la route des yeux pour la fixer, sur le coup de la surprise.

C'était la première fois que j'entendais parler de ce genre de pages.

– Attends, t'es pas au courant ? s'étonna-t-elle.

– Non, j'en savais rien, avouai-je.
Je n'étais jamais sorti avec une fille pendant plus de deux mois. Le plus souvent, nos ruptures n'étaient déjà pas belles à voir, alors je trouvais ça totalement injuste qu'on les persécute en plus de ça. Bien que j'avais été la plupart du temps content de me débarrasser d'elles, mais ce genre de comportements de la part de mes fans ne me rapportait rien du tout. J'étais donc loin de les supporter.

– Tu n'as donc aucune idée à quel point tes fans peuvent être méchants ? enchérit Sara en haussant les sourcils d'un air incrédule. Ils ont presque détruit Alexie, alors que c'était toi qui avais.... Bref, laisse tomber !

Alexie avait juste fait l'erreur de m'aimer. Je détestais parler de cette histoire dont tout le monde pensait tout savoir, alors qu'ils se plantaient tous, sans exception.

Mon humeur assombrie, je recentrai mon attention sur la route dont la circulation était assez fluide, tout en tapotant le volant sur la mesure d'une musique inaudible.

Un long silence dont je n'en avais que faire suivit suite à cela. J'étais perdu dans mes pensées. Cependant, ça ne m'empêcha pas de remarquer que Sara, elle était mal à l'aise. Elle triturait les breloques à son bras et elle finit par commenter, d'un air circonspect :

– Tu connaissais cette fille qui t'a abordé, pas vrai ? Tu t'es raidi quand elle t'a parlé.

Elle avait donc remarqué ? Il était inutile de mentir. Bien sûr que je la connaissais. Qui oubliait sa première fois ?

– On est allé à l'école ensemble, racontai-je d'une voix monotone. Elle m'a fait un sale coup et je le lui ai rendu. Fin de l'histoire.

Je ne mentais pas, ce n'était tout simplement pas toute la vérité.
À l'époque où je me souciais encore de mes devoirs, on formait un binôme en histoire elle et moi. J'étais allé chez elle pour effectuer notre DM. Sauf qu'elle y était toute seule. Elle en avait profité pour me faire des avances, et ce fut comme ça que je perdis ma virginité à quatorze ans. Tout s'était bien passé — j'imagine, pour une première fois — jusqu'à ce qu'au moment de jouir, je murmurai le nom de Clarke, son frère, à la place du sien.

J'avais le béguin pour Clarke. C'était un grand roux, capitaine de l'équipe de basket. Il était en terminale à l'époque et je passais le clair de mon temps à fantasmer sur lui. Pour être honnête, j'étais plus venu chez Crysta pour l'apercevoir ce jour-là que pour le devoir.

Par la suite, Crysta raconta à tout le monde à l'école que j'étais gay. C'était l'un de ces collèges privés pour gosses de riche, sauf qu'il était dirigé par des religieux, donc l'homosexualité y était très mal vue.

Le seul à avoir fait son coming out à l'école était Brann, et tous les jours, il récoltait des insultes sur son casier et des bourrades dans les couloirs. Même les profs le traitaient différemment. Je regardais les autres faire et l'appeler « sale pédé » sans réagir. Mais j'avais décidé qu'il était hors de question que je fusse le nouveau Brann.

J'avais connu des semaines épouvantables, suite à cet épisode, mais j'avais fait en sorte que ça ne dure pas.

Je m'étais mis au sport, pour ensuite intégrer l'équipe de basket. Par la suite, j'avais sauté toutes les amies de Crysta, une par une.

Puis lorsque j'étais devenu tellement populaire et que plus personne n'osait douter de mon hétérosexualité ; j’avais couché avec Crysta dans les vestiaires pour que tout le monde nous entende.

On avait manqué de peu l'expulsion, mais l'argent de mon père avait tout réglé, encore une fois.

J'avais une réputation de bad boy. Toutes les filles voulaient être la prochaine à monter dans mon pick-up, même si après, je les traitais comme de la merde. J'étais populaire. En apparence, j'avais la vie que tout le monde voulait, mais je n'avais jamais cessé de haïr Crysta de tout mon cœur.

À chaque fois que je sortais avec une fille, alors que je n'en avais pas vraiment envie, je la maudissais.
Je me demandais souvent : si jamais elle n'avait pas dévoilé à tout le monde mon béguin pour Clarke, est-ce que les choses n'auraient pas pu être différentes ? Je n'aurais pas eu à faire semblant d'être quelqu'un que je n'étais pas pendant tout ce temps, jusqu'au point où je ne pouvais plus faire marche arrière.

Mais bon, c'était le passé et les « si » n'étaient pas connus pour régler quoi que ce soit.

Le silence s'était de nouveau installé dans la voiture et je songeais à allumer l'autoradio lorsque Sara annonça :

– Je m'ennuie !

Et moi alors ? Cependant, je n'étais plus d'humeur causante.
Je roulais en direction de la plage de Venice, le théâtre de la série Alerte à Malibu. On n'était pas loin d'arriver ; elle n'avait qu'à attendre.

Rock Hard, Love HarderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant