Chapitre 5 : Essayons de profiter un peu

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Après avoir abandonné  Kaya, ma mère nous conduisit à l'intérieur du bar sans dire un mot au  sujet de Lucine. On put même l'accompagner jusqu'aux coulisses et  croiser les mêmes du groupe.

Ma respiration s'arrêta  un instant en apercevant le chanteur des Black Birds : Stan Black. Il  était probablement l'une des rares célébrités que j'avais adulé tout au  long de mon adolescence.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Lucine dans un murmure.

— Disons que si j'avais  des doutes quant à ma bisexualité... En fait, je comprends pourquoi je  n'en aurais toujours pas maintenant.

Lucine laissa échapper un petit rire soutenu puis me regarda tendrement.

— Tu ne peux pas t'empêcher de dire des conneries ? plaisanta-t-elle de plus belle.

— Jamais.

À mon tour, je souris et  le regardai. Il avait beau se passer des tas de choses autour de nous,  je m'en fichais. Lucine obnubilait toutes les pensées, encore une fois.  Et personne ne semblait nous remarquer. Enfin, jusqu'à ce que ma mère  nous proposa de nous installer sur une table du bar.

Malgré les derniers  événements, le comportement de ma mère n'avait pas changé. Elle faisait  comme si de rien n'était. Mais cette fois-ci, je comprenais et  j'essayais de prendre du recul sur la situation, même si ça n'annulait  pas tout.

Je pris la main de Lucine, ce qui lui fit lâcher un léger rire, et je la guidai jusqu'à une table en face de la scène.

— On ne serait pas trop devant ? s'enquit-elle.

— Au contraire, c'est le parfait endroit...

Elle m'adressa un  sourire qui était sa manière de dire "si tu le dis". Elle n'avait  probablement pas été à de nombreux concerts dans sa vie, alors elle  préférait sûrement me croire, ce qui était compréhensible. Enfin, je  n'en étais pas allée à des tas. Malheureusement, la majorité était  souvent nécessaire dans ce genre de cas.

Un serveur s'approcha de  notre table pour prendre notre commande. J'aurais pu prendre mes faux  papiers pour prendre de l'alcool, mais j'avais comme l'impression que ça  gênerait Lucine. Alors, je me contentai d'un Coca et elle d'un Ice tea,  comme ça il ne nous demandait pas le moindre papier.

— Au fait, désolée que tu aies été témoin de tout le bordel tout à l'heure, lâchai-je maladroitement.

— Ce n'est pas grave... Visiblement, c'était très important.

— Ouais, soupirai-je. Et  j'ai de la peine pour ma mère maintenant. Elle est face à un  manipulateur... comme je l'ai été avec Damon. Mais elle n'arrive pas à  s'en sortir.

Lucine fit une mine triste, cherchant ses mots.

— Bientôt, ça sera derrière toi tout ça, tenta-t-elle de me rassurer.

— Peut-être pas... Je dois travailler pour mon père dans quelques semaines.

— Tu vas vraiment le faire ? s'étonna-t-elle.

Le serveur arriva avec  nos commandes, ce qui nous interrompit un bref instant, et avant de  reprendre la discussion, je fixais d'un air vide mon verre.

— C'était ce qui était  prévu... C'était mon moyen de devenir indépendante financièrement. Je  pouvais mettre de l'argent de côté et aller ailleurs dès que j'en aurais  assez...

— Ou être complètement dépendante de ton père...

Ma tête se leva brusquement vers elle et j'avais comme l'impression qu'elle regrettait déjà ses mots.

Le Spleen du CygneWhere stories live. Discover now