Chapitre 11 : En apparence | TW

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TW (Trigger Warning) : Agression Sexuelle

( Musique : Dear Boy - Funeral Waves )


En entrant dans la maison de Damon, la musique nous submergea. Il avait vraiment de la chance d'avoir des voisins compréhensifs, ça lui évitait toujours que la police nous rende visite.

Évidemment, celui-ci remarqua immédiatement que Lucine et moi venions d'arriver. Il s'approcha de nous et Carter le suivit de près, comme un chien incapable de faire le moindre choix de lui-même.

— Je suis content que tu sois venue Diana, lança Damon d'un air que je ne connaissais que trop bien.

Damon espérait, comme toujours, pouvoir me tirer quelques faveurs sexuelles et généralement, je n'avais rien contre, sinon jamais je ne serais venue.

— En plus tu es venue accompagnée... Vous êtes vraiment proches toutes les deux ! nous fit-il remarquer avec quelques sous-entendus à peine masqués.

— Que veux-tu dire par là ? demandai-je froidement en croisant mes bras. Tu penses que nous sortons ensemble ?

— Ça serait bien dommage de perdre tant de plaisir sexuel...

— Au contraire, au moins, les femmes savent ce qu'est un clitoris. J'aurais justement du plaisir, parce que jusqu'à là, c'est assez décevant...

Carter semblait fou de rage. Il en fallait tellement peu pour briser son ego de pauvre mâle dominant. C'était même bien trop facile, j'y prenais à peine du plaisir. Je voulus rajouter une couche à sa frustration et me tournai vers Lucine.

— Est-ce que je peux t'embrasser ? m'enquis-je.

Pendant un instant, ma proposition la surprit, mais elle accepta et un timide sourire se dessina sur ses lèvres. Alors, délicatement, je pris son visage entre mes mains et posai mes lèvres sur les siennes. Elle avait quelques réserves, ayant du mal à être totalement à l'aise, alors je n'insistai pas.

Quand mon regard croisa celui de Carter et Damon, tous deux ne savaient plus quoi dire.

— Eh bien, salut les nases ! les provoquai-je une dernière fois.

Je pris Lucine par la main et la conduisis jusqu'au jardin où je me servis d'une canette de bière. Je lui en tendis également une qu'elle refusa.

— Tu ne bois pas ?

— Je ne suis pas du genre à boire...

— Tu sais que tu rentres chez moi après. Si jamais tu avais peur que tes parents l'apprennent, ils n'en sauront rien...

— En effet, tu as raison ! C'est le moment pour se défouler ! s'exclama-t-elle, déterminée, tout en se saisissant d'une canette.

Nous trinquâmes rapidement avant que nous fassions interrompre par un groupe qui nous proposa un jeu de la bouteille. Voyant que Lucine n'était pas tentée par l'idée, je refusai pour nous deux. Je n'avais aucune envie de la laisser seule et je savais qu'ils étaient tous intéressés par le fait que je sois présente.

Nous nous éloignâmes assez rapidement de la foule et nous installâmes dans un coin du jardin en discutant de tout et de rien autour de quelques bières. D'habitude, je ne passais jamais les soirées comme ça, mais cette fois-ci, j'avais envie de briser cette habitude.

L'alcool commençait à me faire penser que les gens appréciaient davantage mon ouverture sexuelle que la personne que j'étais. Cette pensée me fit déprimer un instant... En y repensant, ils se fichaient tous de ma vie et tous ne voulaient que mon cul. Finalement, c'était comme un lot de consolation. Le sexe ne me gênait pas et parfois, je me disais que j'entendais un peu moins les insultes et les jugements, mais ce n'était probablement qu'une apparence.

Je quittai un instant Lucine pour me rendre aux toilettes. Toutes ces pensées avaient commencé à me mettre de sale humeur et l'alcool n'arrangeait rien. Je marchais en titubant jusqu'aux toilettes, mais je fus interrompue dans ma démarche par Carter.

— Hey Diana ! Comme on se retrouve !

— Fous-moi la paix ! rétorquai-je aussitôt.

Je voulus passer à côté, sauf qu'il m'en empêcha en prenant fermement mes poignets. Je tentai de me débattre, mais les gens étaient bien trop ivres pour se rendre compte de quoi que ce soit, moi-même y compris. Et un brin de panique commençait à se sentir au fond de moi.

— Carter ! Lâche-moi ! m'exclamai-je.

— Et qu'est-ce que tu vas faire ? Tu crois pouvoir faire ta petite salope sans qu'on ne te dise rien ?

Il lâcha un de mes poignets et j'essayai de reprendre une respiration normale tout en évitant de pleurer. Je ne voulais pas pleurer face à lui. J'étais censée être une femme forte, une femme qui ne se laisse pas faire... Mais tous mes principes commençaient à s'effacer quand sa main se posa sur ma cuisse et qu'il glissait dangereusement sur ma peau.

— Tu veux que je te montre que je sais ce qu'est un clitoris ? demanda-t-il en approchant son visage du mien.

Il avait bu. J'avais bu. J'avais peur, parce que, quelles que soient mes convictions, je restais humaine. Je ne pouvais pas effacer ses sentiments. Et là j'espérais vraiment que quelqu'un réagisse. Nous étions en plein milieu d'un couloir bondé. N'importe qui pouvait le voir. Mais tout le monde connaissait ma réputation et dirait par la suite que je le méritais.

Finalement, il relâcha son emprise et s'en alla sans se gêner pour me lancer un regard malaisant. Je restai figée sans bouger et quelques larmes coulaient naturellement, sans même le moindre effort. Mon regard s'embuait et en regardant autour, tout me paraissait bien trop étrange. Puis je repris mes esprits et je me jetai dans la salle de bains pour vomir tout ce que contenait mon estomac.

En plus de l'alcool, mes nerfs venaient de lâcher sans que je comprenne réellement pourquoi... 

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant