Chapitre 41 : Vivement les vacances

1.3K 133 4
                                    

Entre quelques heures de cours, on s'était posé au café du coin. Saphira et Lucine étaient en pleine réflexion pour leur BD, commençant déjà à travailler sur quelques dessins et à la disposition de leur planche. Elles prévoyaient déjà de l'imprimer en plusieurs exemplaires et de la vendre tout en espérant pouvoir sensibiliser un maximum de personnes sur le harcèlement. Je les observais, fascinée par leur détermination et leur créativité. Si seulement j'avais un don comme elles... Rachel et moi étions toutes les deux perdues et nous échangions souvent quelques timides regards.

— Je vais aller fumer, je reviens dans cinq minutes, annonçai-je.

— Attends, je t'accompagne ! se proposa Rachel.

Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils, assez étonnée par sa spontanéité. Mais rapidement, un sourire se dessina sur mon visage et nous sortîmes de café. Après tout, c'était une bonne occasion pour lui confier les derniers évènements à propos de Damon.

Je pris immédiatement une clope que j'allumai mécaniquement.

— Damon me harcèle, lançai-je sans faire le moindre détour. Hier encore, il est venu chez moi. Il considère même que c'est moi qui le harcèle et une fois sur deux, il prétend faire ça parce qu'il a encore des sentiments pour moi.

— Tu crois qu'il en a encore ?

— Là n'est pas la question, même si je pense qu'il ne fait que mentir. Juste que son comportement ne change pas... Visiblement, je suis l'unique responsable. Mais au moins, je suppose qu'il ne t'embête plus.

Elle hocha lentement la tête et réfléchissait à ce qu'elle pouvait dire.

— Tu crois qu'il va nous foutre la paix un jour ? demanda-t-elle naïvement.

— Peut-être... Avec un peu de chance, on peut l'avoir à l'usure. Et peut-être que les vacances lui feront oublier son acharnement.

— Espérons-le alors...

Dès que je finis ma clope, nous retournâmes auprès de Saphira et Lucine qui étaient toujours aussi à fond dans leur projet. Malheureusement, elles allaient devoir y mettre fin puisque nous devions retourner en cours. Chacune rangea ses affaires et nous rejoignîmes rapidement le lycée où Saphira et Rachel partirent en direction de leur salle.

Lucine m'informa qu'elle devait rapidement passer aux toilettes et je l'accompagnai. J'en profitai pour refaire mon épais trait au crayon. J'hésitai également à mettre du rouge à lèvres. Depuis que je sortais avec Lucine, j'avais perdu cette habitude, même si nous ne nous embrassions jamais au lycée. Si jamais l'occasion se présentait, je ne voulais pas passer à côté. Et cette fois-ci, elle se présenta. Nous échangeâmes un court bien que passionné baiser avant de rejoindre notre salle de cours.

Il y avait peu de chances pour que quelqu'un nous remarque dans les toilettes, surtout juste avant la sonnerie. Chacun de nos faits et gestes était malheureusement calculé pour éviter le pire. Damon avait beau dire n'importe quoi à mon sujet, peu de gens semblaient vraiment le croire. Après tout, j'étais connue pour avoir couché avec tous les mecs du lycée et les femmes ne seraient qu'une déviance à leurs yeux. Et si j'en venais à faire un coming out sur ma probable bisexualité, la plupart en douteraient, ne jugeant qu'à partir de mes anciennes conquêtes.

Durant toute l'heure de cours, Damon me fixait et prévoyait sûrement de me coincer à la fin des cours. Sauf que cette fois-ci, j'avais un coup d'avance. Cette fois-ci, j'arrivais à comprendre ses stratagèmes. Du moins, de plus en plus dernièrement.

J'en avais rapidement informé Lucine, ce pourquoi nous quittâmes assez rapidement le lycée et sur le chemin, je lui proposai de passer vite fait chez moi. Elle accepta et prévint aussitôt ses parents, même si les appeler pouvait un peu l'angoisser.

Dès que nous arrivâmes chez moi, Maria nous accueillit. Elle était vraiment aux petits soins et comme toujours, j'avais l'impression de l'embêter. Certes, elle était payée pour, mais je n'étais pas comme ma mère à la considérer comme une esclave.

Néanmoins, Maria insista pour nous faire deux chocolats chauds et nous les avait apportés après nous être installées dans ma chambre. Alors comme d'habitude, nous entreprîmes notre activité préférée : regarder des vidéos sur YouTube. Pendant une bonne demi-heure, nous avions enchaîné les vidéos militantes et cette fois-ci, Lucine en avait trouvé des tas parlant de racisme et toujours faites par des concernés. Le contenu était toujours tellement pertinent et intéressant.

Puis au fil des vidéos, nos mains s'étaient croisées. Puis nos lèvres. Notre baiser était timide et nous y allions petit à petit. Mais à chaque fois que ça se produisait, malgré nos maladresses, j'en étais toujours de plus en plus enthousiaste. Et comme toujours, on demandait toujours à l'autre si ça allait, si ça lui plaisait. On faisait toujours attention au consentement et au respect des envies de l'autre.

Malheureusement, notre court moment de bonheur prit fin lorsqu'elle constata qu'elle devait rentrer chez elle. Elle avait aussi envie de réviser un peu les examens de fin d'année, ne pouvant s'empêcher d'angoisser à ce propos. Bien évidemment, je n'allais pas minimiser ça en disant que ces examens avaient peu d'impact sur notre scolarité. Si elle avait envie de réviser, soit.

Alors, après un bref baiser, elle partit et j'attendais les vacances avec impatience. Nous aurions tellement plus de temps pour nous et sans le moindre indésirable pour nous pourrir la journée...

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant