Chapitre 2 : Chacun ses choix

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— Et quelque chose ne t'attire pas plus que d'autres ?

— Parfois, je me dis que  ça serait bien de changer le monde... Mais je dois bien vivre avant  tout. Alors je vais faire ce qui est le moins chiant et qui me permet  d'être un minimum heureuse.

Il baissa son regard un  instant et fronça les sourcils. Ma réponse ne semblait pas lui  satisfaire. En même temps, je n'étais pas du genre très optimiste.

— Tu ne penses pas qu'il y a mieux ? me lança-t-il.

— Si... Forcément. Mais  je vais me contenter de ce que j'ai pour fuir ma famille. C'est avant  tout très égocentrique. Et des fois, on a un peu besoin de l'être.

Il semblait assez  sceptique face à mes propos. Après tout, je l'étais un peu aussi. De  toute manière, je n'avais pas encore suffisamment de recul, mais il  fallait bien faire un choix.

Sani n'insista pas pour  poursuivre cette conversation et tant mieux, ç'aurait pu rapidement  devenir lourd. Nous avions chacun notre vie et nous avions tous fait nos  choix, même s'ils n'étaient pas les meilleurs ou encore de plein gré.  Pour l'instant, nous ne pouvions rien y faire...

Au bout de quelques  minutes, les coiffeurs revinrent vers nous pour nous rincer les cheveux.  Puis après un rapide séchage, nous avions tous les deux une tête  radioactive et tous nos amis en riaient.

— Ça te va super bien le rose ! le taquinai-je en sortant du coiffeur.

— J'ai enfin réalisé mon rêve d'être un chewing-gum grâce à toi ! plaisantai-je de plus belle.

Nous échangions un bon fou rire et je me rapprochai de Lucine tandis que le reste du groupe nous devança.

— Tu es magnifique, me complimenta-t-elle.

— Merci, je sais, rétorquai-je avec cette fausse arrogance.

— Merci de me confirmer que changer de couleur ne change pas non plus ta personnalité. Ta grande gueule m'aurait manqué...

Un petit sourire se  dessina sur son visage et je ne pus m'empêcher de l'observer longuement.  Peut-être un peu trop. Et j'avais envie de la prendre dans mes bras, de  l'embrasser, de la sentir contre moi... Si seulement nous avions un peu  plus d'intimité... Alors, je me contentai de prendre délicatement sa  main et ses yeux s'illuminèrent immédiatement.

J'aurais littéralement  pu rester pendant des heures ainsi, mais c'était sans compter mon  téléphone qui se mit à sonner. De ma main libre, je le pris de ma poche  et soupirai en voyant qu'il s'agissait de ma mère.

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Lucine.

— Ma mère. Elle va sûrement m'annoncer qu'elle ne vient pas à la cérémonie...

Lucine afficha une mine  compatissante sans rien dire de plus. Elle ne savait pas comment réagir  exactement et de toute manière, je n'attendais pas qu'elle porte le  poids de mes problèmes d'une quelconque manière.

Après quelques  sonneries, je me décidai enfin à décrocher et pris les devants avant  même qu'elle ait le temps d'enchaîner la moindre syllabe :

— Tu ne peux pas venir, je suppose ? Ce n'est pas grave, je m'y attendais.

— Je te prierai de me  montrer un peu plus de respect, me sermonna-t-elle aussitôt. Je pensais  avoir plus de temps, mais je ne vais pas pouvoir me déplacer avant le  début du concert.

Comme toujours, elle  passait son temps à travailler. Certes, elle travaillait régulièrement  avec des personnes très intéressantes, mais j'aurais vraiment voulu que  les choses se passent autrement. Visiblement, avoir une vie de famille  simple était trop demander...

— Au pire, je peux toujours te rejoindre là-bas, proposai-je.

Je n'allais pas me priver d'une place de concert gratuite, autant profiter de cette occasion.

— Tu sais où ça se trouve ?

— A priori oui et je peux me démerder pour y aller. Ça serait dommage que tu ne voies pas le diplôme pour lequel tu as payé.

Elle soupira. Elle ne  supportait pas ma provocation. Parfois, ça me peinait aussi de devoir  agir ainsi, mais notre relation était morte depuis bien longtemps. Les  choses étaient ainsi faites...

— D'accord. Rejoins-moi là-bas dès que c'est fini et appelle-moi pour que je te fasse entrer.

— Ça marche.

J'avais à peine pu lui répondre qu'elle avait déjà raccroché. Autoritaire, comme toujours.

Je me tournai vers Lucine qui était restée silencieuse jusqu'alors.

— Tu connais les Black Birds ?

— Absolument pas.

— C'est le moment de connaître un très bon groupe alors ! m'enthousiasmai-je.

— Ça faisait longtemps que tu ne m'avais pas proposé de musique, plaisanta-t-elle.

— Toujours avec moi !

Nos rires reprirent de  plus belle et effacèrent toute la tension de cette brève discussion avec  ma mère. Le reste du groupe revint vers nous pour nous sommer  d'avancer, sauf si nous voulions arriver en retard.

— C'est bon ! On arrive ! gémis-je.

— Plus vite que ça alors ! lança Sani.

Quelques rires s'échappèrent de nouveau et nous reprîmes lentement notre route jusqu'au lycée.

Le Spleen du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant