Ethrian V - Marria

Acte I, scène 2.

Diril, Baron et l'enfant.

Finalement, après avoir râlé quelques minutes supplémentaires qui ont été un supplice pour le Duc, les deux hommes sont partis, mécontents.

DIRIL — Y a-t-il d'autres demandes d'audience pour ce matin ? Les deux dernières m'ont épuisé.

BARON — Malheureusement, ce n'est pas encore terminé, Monsieur le Duc. Une jeune femme patientait dehors. Seulement, elle semble avoir disparu, mais elle n'a pas emporté sa cape. Je vais aller la chercher.

Le Baron sort, mais ne ferme pas la porte. Un petit être se glisse à l'intérieur du bureau sous l'œil indifférent du Duc.

DIRIL — Vous êtes-vous perdu ? Ce n'est point un endroit pour un enfant.

ENFANT — J'attendais avec maman, mais elle s'est rendue dehors pour respirer un air moins nauséabond qu'ici. Celui qui devait nous recevoir était trop long et elle en avait assez. Savez-vous où est ce Monsieur ?

DIRIL, à part — Ce n'est pas de mon ressort si deux vieux hommes m'ennuient et m'incommodent.

Le Duc se lève et fait le tour de sa table afin de faire face au garçon.

DIRIL — Vous parlez bien, mais vous paraissez jeune. Quel âge avez-vous ?

ENFANT — Neuf ans et quelques mois ! Et vous ? Êtes-vous le serviteur de l'homme que nous sommes venus voir ?

DIRIL — Je suis celui que tu cherchais.

ENFANT, avec une moue — Vous n'êtes pas un rabougri !

DIRIL, haussant un sourcil — Non, je confirme. A qui pensiez-vous que je ressemblais ?

ENFANT — A un petit homme, frêle, ancien et flétri. C'est ce que maman m'a dit.

DIRIL — Est-ce que votre maman m'a déjà rencontré ? Ou se base-t-elle sur des rumeurs ?

ENFANT — Je ne sais pas, je ne m'y suis pas intéressé. Mais vous n'êtes pas comme elle vous a décrit. Vous êtes plutôt grand !

DIRIL, railleur — Par contre, je suis frêle, ancien et flétri ?

ENFANT — Les saisons ont dû bien passées depuis votre naissance !

Le Duc se pince les lèvres, serre les poings et tente de se contrôler.

DIRIL — Je déteste les enfants.

ENFANT — Je ne voulais pas vous froisser ! Mais maman dit toujours qu'être touché par des paroles, c'est les approuver.

DIRIL — Je n'ai même pas trente années ! J'en suis encore loin ! Et ma peau demeure douce et lisse ! En ce qui concerne mon corps, je suis un des rares à pouvoir se vanter de sa robustesse !

ENFANT — Maman dit aussi que rêver, c'est beau.

DIRIL, inspirant et expirant calmement — Je déteste vraiment les enfants et tu m'horripiles fortement.

ENFANT — Vous m'avez tutoyé. Maman dit que c'est...

DIRIL — Ta maman ! dit beaucoup trop de choses exaspérantes ! Je te tutoies si je veux. Ne t'a-t-elle pas appris à ne pas entrer n'importe où ?

ENFANT, perplexe — Ce n'est pas n'importe où. C'est exactement là où nous devions aller.

DIRIL — Certes, mais je ne t'avais pas donné la permission !

ENFANT — Qu'importe ! Puis-je vous tutoyer à mon tour ? Cela me rend mal à l'aise que vous le fassiez et moi non.

DIRIL — Bien sûr que non ! Tu dois le respect à ceux qui te sont supérieurs !