Concours Wattpad || ACTIF ET RIGOLO [FERME]

Texte n°5

Un frisson d'excitation me parcourt l'échine, ma peau se hérisse.

Je me sens immerger dans une bulle de bonheur au moment où le câble s'enfonce dans la prise.

Le courant nourrit instantanément la machine qui s'affole. La bête de 500 kilos tremble et une volute de fumer s'en échappe. Le manque de fatuité et d'imagination sont enfin chose du passé. J'ai réussi. Mes longues années de dur labeur prennent enfin vie. Les centaines de boutons s'illuminent brusquement et éclairent la salle. Je me penche sur l'appareil et pianote agilement sur la console de contrôle. A la droite de la machine se trouve le panneau de pilotage ; au centre, la cabine dans laquelle la magie opère, seules deux personnes peuvent y prendre place, les casques de communication pendent mollement accrochés au plafond; à gauche, l'imposante batterie occupe la majeure partie, elle est entourée de divers composants tels que les lasers et les capteurs neurologiques. Mon « cobaye » me rejoins finalement.

-J'espère que tu as bien pris note des consignes d'utilisations la dernière fois dis-je. En bref, tu rentres dans la machine et tu mets le casque sur ta petite tête. Je pourrais ainsi accéder à ta mémoire.

-Ca marche chef dit-il en riant. Il n'a pas l'air conscient de la grandeur de mon projet et de ce que cela implique mais qu'importe tant qu'il accepte de prendre part à mes expériences.

Il prend place. Je rentre les commandes dans l'appareil avant de m'installer en face d'Alec et d'enfiler le casque à mon tour. J'appuie sur la touche « START » non sans un peu d'appréhension.

Un flot de souvenirs m'engloutit immédiatement. Je me laisse submerger parmi les souvenirs de mon ami, de la naissance, à l'âge adulte. Le retour à la conscience claire de souvenirs non accompagnés de reconnaissance ce fait plus dur que prévu et j'ai le sentiment de me noyer. Mon cerveau a un mal fou à assimiler cette quantité de souvenirs et je me sens défaillir. J'ôte brusquement le casque, arrachant sans ménagement les ventouses collées à ma tête. Je sors du cabinet et m'effondre sur le sol. 

Ces souvenirs se mélangent aux miens, si bien que je parviens plus à dissocier à qui appartient quoi. Je suis totalement paniqué et en état de choc.

C'est le cri de détresse qui m'a fait relever la tête. J'aperçois Alec, le visage déformé par la peur. Il me fixe les yeux embués de larmes. Je ne saisis pas tout de suite ce qui arrive, mais dès qu'il s'adresse à moi je comprends.

-Qui...Qui es-tu ? Où je suis ? Et tu es qui et....qui suis-je ? balbutie-il désorienté.

Mon coeur se brise en un million de fragments, les larmes ruissèlent le long de mon visage. Je lui ai volé ça mémoire. J'ai échoué

Le poids de l'échec s'abat sur mes frêles épaules, j'ai enlevé la mémoire à mon meilleur et seul ami, mon travail a été vain et pour couronner le tout, je dois présenter cette invention dite révolutionnaire le soir même. Ce sentiment d'incapacité qui s'empare de moi est plus fort que tout de réfléchir. Je dois agir vite. Il ne me reste que quelques heures. Je cherche déjà une manœuvre dilatoire pour reporter la réunion. Je suis incapable de trouver une solution, je pense à me laisser mourrir. Mais je ne peux me résoudre à abandonner. Je me relève prise d'une détermination féroce. Je vais rendre la mémoire à Alec et présenter ma machine ce soir. Je n'accepterais pas l'échec, pas cette fois.

Le soir même, debout devant tous ces dirigeants, je trembles comme une feuille.

Je débites les explications à une vitesses folle. J'ai été incapable de leur présenter ce à quoi ils s'attendaient. En revanche j'ai transformé mon appareil pour accéder aux pensées en une fabuleuse machine à effacer la mémoire. Ils ne s'attendaient pas à cela, j'en suis consciente. Mais ils m'applaudissent tout de même, peut être par pure politesse. Ils ont l'air satisfait et parle déjà de la façon dont ils pourraient s'en servir. Je sais qu'elle sera d'une grande utilité.

J'ai peut-être dû sacrifier un ami. Je le regrette déjà. Je me sens honteuse, mais je suis incapable de lui rendre la mémoire. Il était tout ce que j'avais. Mais la fin justifie les moyens. J'ai atteins mon but.