Texte n°5 (ccmylie)

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Je les sentais arriver, ceux qui allaient causer ma perte. Ils avaient déjà tant tué et décimé de mes confrères. Je ne les connaissais pas beaucoup, voir pas du tout pour certains et pourtant, je ressentais une certaine empathie à leur égard. J'aurais voulu les aider, mais je manquais de force et la peur qui me rongeait m'avait empêché d'agir. La vie est quelque chose de si banal et pourtant, quand notre heure est arrivée, on lui donne tout d'un coup une valeur démesurée et on se rend compte à quel point elle est précieuse. Je voulais fuir, mais à quoi bon. Je ne pouvais pas à cause de plusieurs choses et même en venant à bout de tous ces obstacles, je me demandais à quoi cela servirait de continuer à me battre. J'avais résisté, pendant bien longtemps d'ailleurs, et je ne regrettais en rien d'avoir réussi à survivre mais pourquoi me battre encore et encore, alors que ma fin était bientôt proche ? Je pouvais deviner que bientôt je les entendrais. Je me demandais pourquoi tant de haine ? Pourquoi vouloir notre mort et tous nous éliminer un bonne fois pour toute ? Mes confrères m'entouraient et je pouvais sentir leur angoisse. Malgré toutes ces réflexions, je devais avouer que moi aussi j'avais peur. Je savais très bien ce qui m'attendais et malgré une certaine appréhension de la chose, je crois que j'étais prêt. Ou du moins, je pensais l'être. Ce serait sans doute moins le cas quand ils seraient devant moi, leurs instruments à la main, à me marteler de coups jusqu'à-ce qu'il ne reste presque plus rien de moi. Ils voudraient me faire tomber pour que je périsse mais que leur avais-je fait pour mériter un tel châtiment ? À quoi cela allait-il leur servir de me faire du mal de la sorte ? Avaient-ils une idée en tête ? Ou alors commettaient-ils cet acte simplement pour le plaisir ? Nous étions certainement de simples objets pour eux mais nous avions un cœur nous aussi. Nous n'étions pas glacés, comme des pierres, sans sentiments ni même sans vie. La seule chose que je voulais du plus profond de moi-même, c'était comprendre. Des meurtriers, voilà ce qu'ils étaient. J'aurais aimé pouvoir parler avec ceux qui m'entouraient et qui allaient bientôt subir la même injustice que moi mais je n'y arrivais pas. En fin de compte, je ne leur avais jamais adressé la parole, c'était à peine si je leur avais déjà porté de l'intérêt, tout comme eux n'avaient pas cherché à s'y intéresser. Peut-être avais-je eu tort, mais le moment n'était pas aux regrets, plutôt à espérer souffrir le moins possible quand mon tour viendrait et j'espérais qu'il en serait de même pour mes confrères. Ça y est, je pouvais entendre faiblement leur arrivée. Plus le temps passait, plus je m'angoissais. Pourtant, n'avais-je pas été le premier à dire que je savais ce qui m'attendais et que je l'avais "accepté". Je continuais de croire que quelque chose allait nous sauver, et même ME sauver mais je savais que c'était impossible. Ils s'approchaient petit à petit, et je les entendais un peu plus au fil du temps. Je crois que si j'avais été une glace, j'aurais fondu en moins de deux secondes, mais j'étais toujours bel et bien là. Cette peur, je comprenais maintenant pourquoi même les plus courageux qui vivaient ici, avaient fini par se résigner et j'allais être obligé de me plier à nos pires ennemis à mon tour. Pourtant certaines fois nous pouvions être amis avec eux, mais le destin nous les présente ensuite en temps qu'assassins. Vous savez quand quelqu'un vient vers vous, vous amadoue pendant quelques années, pour vous prendre ensuite par surprise ? C'était exactement ce que je ressentais. Je pouvais maintenant sentir leur venue. Eux qui polluent l'air, qui saccagent la terre, qui tuent parfois des espèces entières comme un véritable génocide, en seulement quelques siècles. Je pouvais enfin les apercevoir se diriger vers nous avec leurs machines, prêts à tous nous massacrer jusqu'au dernier. Nous les aidions pourtant à vivre en leur donnant l'air dont ils ont besoin. Moi, un pauvre arbre, qui n'avait rien demandé à personne, allait finir soit dans un feu de cheminée, soit comme toiture d'une maison, ou encore comme papier pour imprimer des livres. Je ne le voulais pas et pourtant, la forêt à laquelle j'appartenais allait disparaître et moi avec, à cause de lui, cet ennemi qui s'appelle l'homme.

Concours Wattpad || ACTIF ET RIGOLO [FERME]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant