Chapitre 22

Depuis le début
                                    

– Tu n'as pas reçu mes messages ? demande-t-elle, sceptique.

–... Si.

– Tu ne les as pas ouverts alors ?

–... Si, si.

Je pourrais presque sentir d'ici la chaleur des boules de feu qui se préparent dans ses yeux.

– Charly, ce n'est pas sérieux ! Tu as oublié que tu travailles en équipe ?

– Non, non.

Je me racle à nouveau la gorge, me jugeant vraiment très stupide lorsque je lui révèle la véritable raison.

– En fait, je les ai ouverts pour enlever les notifications, mais je ne les ai pas lus, et...

– Et tu as oublié, complète-t-elle.

– Oui, avoué-je après quelques secondes, dépitée.

Bon sang, mais quelle conne je fais ! Je n'arrive plus du tout à gérer mon esprit qui s'échappe dans tous les sens, et ça m'empêche complètement de me concentrer sur mon boulot. En vrai, j'ai de la chance que Chloé ne soit pas encore allée faire un rapport d'efficacité à Joanne, sinon elle m'aurait mise à pied depuis longtemps...

Je m'affaisse sur le fauteuil et m'excuse platement auprès de Chloé en sortant mon téléphone.

– Écoute, je te propose qu'on revoie ensemble tes directives par texto, et je m'y attelle toute cette après-midi pour que ça soit nickel...

– Tu as plutôt intérêt, le salon est demain, me coupe-t-elle, avec douceur cependant.

Je me mords les lèvres en réalisant à quel point je suis à la ramasse. Je pensais que le salon des métiers était bien plus tard, et je me souviens en effet que je devais préparer les visuels que Christophe va présenter à son stand.

J'ouvre mes messages et commence à chercher ceux du début de semaine, qui ont été engloutis par ceux de ma mère et mon frère. Qui aurait un jour cru que je puisse mettre du temps à trouver des textos, quand je n'en reçois habituellement jamais ?

Chloé semble s'impatienter et ma gêne augmente, ce qui ne me ressemble pas. En d'autres circonstances, cette situation me ferait presque rire, mais là j'ai l'impression d'enchaîner les impairs et je n'ai pas envie d'être sur la sellette. Il faut que je me reprenne, au moins quand je suis au travail.

J'appuie sur plusieurs touches en même temps, jamais les bonnes, et je dois m'y reprendre à deux fois pour enfin voir le petit "Chloé" affiché sur mon portable.

– Ça y est, j'y suis ! annoncé-je en brandissant mollement mon téléphone en signe de victoire, devant une paire de noisettes grillées. Hum... Bref. Alors...

Je commence à lire les textos, quand je réalise que quelque chose cloche.

– Chloé...

– Quoi ? demande-t-elle vivement, clairement excédée que je ne sois pas encore en train de marteler mon clavier de mon devoir professionnel.

Au fur et à mesure que je lis son dernier message, une multitude de sentiments me traverse, et ce ne sont clairement pas que des bons.

Tu sais, j'ai beau essayer d'oublier, tout me ramène à cette nuit. Et aujourd'hui, ça fait encore plus mal, vu tout ce que j'ai à gérer. J'ai bien trop de choses à penser que ressasser nos moments en boucle, mais mon cerveau ne me laisse pas de répit. Je t'en veux. Je t'en veux d'être partout et de ne pas me voir, comme si notre relation n'existait pas. On a partagé quelque chose d'unique, et comme ça, pouf, plus rien. Pas de réponse à mes textos, même pas la peine de t'appeler. Comme si on n'avait rien vécu. Ça me dégoûte. Je fais semblant, bien sûr, pour garder la face, surtout au boulot, je n'ai pas envie que quelqu'un remarque ce qu'il se trame, ça ne regarde que nous. J'aimerais juste te parler pendant des heures, te tenir dans mes bras, mais je sais que ce n'est pas possible. Et je sais que ce n'est pas ce que tu veux, mais ça fait mal. En fait, j'aimerais juste t'oublier, une bonne fois pour toute. J'aimerais que tout ça n'ait pas existé, que tu n'aies pas existé. Que tu sortes enfin de ma vie parce que j'en ai marre de souffrir à cause de toi.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant