Chapitre 40 : Une lourde décision

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Le lendemain en début de soirée,

Voilà dix minutes que nous marchons main dans la main avec Leandro et aucun de nous deux semblent vouloir parler. Lui sans doute car il craint mes mots ; moi parce que j'ai peur de sa réaction.

— Tu vas mieux qu'hier ?

— Oui ça peut aller, soupirai-je.

Mieux ? Oui dans l'unique sens où j'en ai parlé à quelqu'un. En arrivant chez moi, je dépose mon manteau négligemment sur le portemanteau puis je me déchausse. Leandro fait de même.

— Tu veux boire quelque chose avant de manger ?

— Honnêtement non, j'aimerais plutôt que tu me parles... Je cogite depuis hier et je vais finir par devenir complètement timbré si ça continue, mon amour.

Je le regarde, peinée de le rendre aussi nerveux. Il s'assoit sur le canapé tandis que je me mets en face de lui.

— Tu ne t'assois pas ?

— Non je suis mieux debout, répondis-je.

Il acquiesce et je respire profondément comme pour me donner du courage, son regard pénétrant m'intimide et les mots n'arrivent plus à sortir de ma bouche. Pourtant il va bien falloir que je lui dise.

— Attend ! Je reviens, je vais juste boire un peu !

Il me regarde inquiet et étonné. C'est la seule excuse valable que j'ai trouvé pour sortir de son périmètre et me motiver. Je pars dans la cuisine et bois d'une traite un verre d'eau, puis je repose violemment le verre sur le plan. Des mains se posent sur moi et m'encercle le corps, je pose ma tête contre son épaule.

— Tu comptes continuer ton supplice, combien de temps ?

Il rit nerveusement tandis que je pousse un violent soupir. Je me dégage de son étreinte et le regarde un long moment. Son visage passe par toutes les émotions, même si l'inquiétude prime sur les autres.

— Tu devrais t'asseoir, le conseillai-je.

— Pourquoi ? Je ne suis pas en sucre, me dit-il taquin.

— Comme tu veux, mon amour mais je t'aurais prévenu.

Il me regarde avec appréhension et s'afesse contre le plan, en face de moi.

— Alors ?

— Je... je..., bégayai-je.

— Tu ?, me dit-il en souriant.

— Je suis...

J'arrête ma phrase alors que je retiens toute son attention. Je ne parviens pas à lui dire et pourtant il va bien falloir que je me fasse violence.

— Tu es ?

— Enceinte, continuai-je machinalement.

Je me mords la lèvre nerveusement tandis que Leandro s'est figé. Il est pâle et sous le choc, un vrai choc. Il me regarde de nouveau comme pour être sûr de bien avoir entendu, je le fixe un peu gênée et toute penaude. Jusque là sa réaction est normale, enfin c'est celle à laquelle je m'attendais.

— Ça te dérange si je m'assois ?

Je lui souris, j'ai presque envie de rire. Il arrive vraiment pas à assimiler mon état.

— Non vas-y !

Il s'assoit autour de la table, je fais de même. Mon regard s'attarde sur cet homme qui semble perdu et partagé entre plusieurs sentiments. Je lui prends la main, il la serre machinalement.

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