Loup Garou

JOUR 16

MONA

Mona et Amandine virent Charles puis Lucya et enfin Anastasia disparaître un par un.
Tout à coup, la vision de Mona s'éclaircit. Elle ne voyait plus les couleurs depuis maintenant deux jours, mais elle n'avait pas osé le confier à quiconque de peur de rendre cela plus concret. Toujours est-il qu'à l'instant présent, Mona vit la peau de son amie se teinter de beige, elle vit les feuilles prendre une couleur rouge comme le feu, elle vit le ciel devenir aussi bleu de la mer, et surtout, au plus profond de son âme, elle sentit quelque chose se détacher.

Amandine la regardait étonnée, ne comprenant pas. Mona quant a elle cria. C'était hier
un hurlement de joie, un cri de libération ! Elle était libre ! Elle était enfin seule dans son corps !

L'esprit qui venait de se détacher du sien se matérialisa dans le kiosque à leur côté. Mona ne put jamais dire si c'était un homme ou une femme. Amandine non plus. Aucune des deux filles ne réussient à se remémorer cette personne. Mais moi en revanche je suis en capacité de vous informer. Les deux filles ont vu défiler dans leur yeux a toute vitesse le visage des précédents maîtres de jeux. Il y en avait tellement qu'elles n'en virent aucun distinquement. Il y avait des hommes, des femmes, des blonds et des brunes, des beaux et des moins beaux, mais tous avaient un point commun, ils étaient jeunes. Le dernier visage fut celui de Mona. Une fois qu'ils furent tous passés, l'esprit disparut laissant les deux jeune filles pantoises.

Au sol, là où se trouvait l'esprit apparut un parchemin. Mona se saisit de papier, il était fin, d'apparence très fragile mais souple entre les doigts. Amandine se pencha pour lire par dessus l'épaule de son amie.

—La partie est finir. C'est terminé, pour de bon. L'âme du gagnant est pure, un vrai diamant. Les joueurs seront sains et saufs. Veillez placer tout ce que vous souhaitez ramener chez vous à l'intérieur du kiosque avant la tombée de la nuit.

Les deux filles s'assirent sur les marches montant au kiosque, elles étaient épuisées, l'une comme l'autre. Mona se leva la première.

—Bravo à toi Amandine, tu as gagné.

—Merci, je ne sais pas quoi dire de plus.

—Alors ne dis rien. Viens allons chercher les affaires de chaque personne.

Amandine attrapa la main tendue par Mona et se leva à son tour. Le soleil commençait tout juste à décliner, elles avaient quelques heures tout au plus avant de partir. Elles ne prirent que le minimum dans chaque maison, ramassant uniquement assez de vêtement pour chaque joueurs. Elles prirent aussi les affaires que chacun avait laissé. Un portable ici, un sac là. Les deux filles avaient conscience que ce n'était pas la première partie de Loup Garou qui se jouait ici, et elles sentaient que ce n'était pas la dernière non plus.

Mona obversa une dernière fois le campement en se remémorant chaque personne.
Il y avait eu Yanis et Augustin, disparus très rapidement. Ensuite c'était Leo qui avait été éliminé une nuit par le Loup Blanc a savoir Anastasia. Louis et Laureen deux Loups étaient partis à la suite. Le détestable Victor avait été éliminé lui aussi. Ensuite Lina était partie à la suite d'un conseil, elle était pourtant adorable Lina. Puis ça avait été le tour de Florian, malgré son air fourbe, il avait le rôle de la Petite Fille, il avait simplement manqué de discrétion. Clément le cousin de Samantha avait été éliminé par le Loup Blanc lui aussi. Lucas, un Loup Garou, l'ami d'Amandine avait quitté la partie suite à des votes contre lui.
Ensuite ça avait été le tour de Samantha, une nuit les Loups avaient voulu lui faire la peau, mais il était déjà trop tard, Samantha se sentant en danger avait réussit à trouver l'unique chemin permettant de sortir du jeu, elle était maligne cette petite.
Johanna aussi était maligne, ou plutôt stratège, pensa Mona. Elle l'aimait bien, mais dorénavant elle s'en méfirait davantage.
Plus récemment, Aline, Lilian et Luke avaient été éliminés à quelques jours de la fin de jeu. Et enfin, aujourd'hui, Charles, Lucya et Anastasia avaient quitté le campement.

En y réfléchissant bien, être maître de jeu avait été vraiment affreux, aux yeux ce Mona, mais elle était soulagée de ne pas avoir eut à éliminer ses amis. Cependant elle savait que si c'était à refaire, elle ne pourrait rien refaire à l'identique. Chaque partie devait être unique.

***

L'azur du ciel se teinta d'encre bleu, l'air se rafraîchit. Amandine et Mona debout et seules au milieu du kiosque sentirent soudain le vent se lever. Le kiosque, les maisonnettes, la forêt, tout, sembla se mettre à tourner à une vitesse folle. Le kiosque était comme une toupie géante. Les deux filles tombèrent au sol, s'écrasant sur le tas de vêtement à leur pied.

Mona n'avait plus la force d'ouvrir les yeux. Elle eut l'impression que le kiosque n'allait jamais cesser de tourner. A un moment elle cru entendre Amandine crier, ou peut-être que le cri venait d'elle-même, elle n'en savait rien.

Finalement le vent tomba, les deux filles purent se redresser. Elles étaient arrivées.
Elles étaient de retour.

***

Rien n'avait bougé depuis leur départ. La MDL était plongée dans la pénombre. Sur les canapés abîmés, tous les joueurs dormaient paisiblement, à une exception. Samantha assise un peu à part, une tasse entre les mains attendait en silence. Elle bondit au sol en les voyant arriver. Mona était contente de la voir saine et sauve.

—Mona! Amandine! Comment allez vous ?

—Ça va, et toi, et eux ?

—Eux, ils vont bien, je les ai tous vu s'agiter plus ou moins dans leur sommeil, ils sont plus calme depuis quelques temps. Et moi... Je suis ici depuis, elle regarda sa montre, depuis bientôt deux heures.

—Deux heures ? Mais tu es partie il y a plusieurs jours déjà, s'exclama Mona.

—Ne te prends pas la tête Moon, tout va bien.

—Comment es-tu partie ?

—Ahah, vous m'avez cherché longtemps ?

—Pas vraiment, dit Amandine, les Loups t'ont tué la nuit suivante.

—J'ai bien fait de fuir, je ne me sentais pas à l'abri. Vous savez, avec Clément et Louis nous avions fouillés chaque coin de la forêt à la recherche d'un échappatoire, nous n'avions rien trouvé. Un soir, je me suis dis que le problème n'était peut-être pas là où nous le pensions. Les garçons ayant déjà été éliminés, j'ai décidé de m'intéresser de plus près aux maisonnettes et au kiosque. Finalement je me suis rendue compte qu'une seule maison servait de point de repaire : chaque jour, le Soleil se levait un peu à sa droite. Toujours un petit peu vers la droite. Cette maison s'était celle que j'avais occupée en arrivant, puis quittée. J'avais changé de maison car la mienne n'avait pas de cheminée et je me gelais. Là où il y aurait dût avoir la cheminée, il y avait un mur en pierre. Après avoir poussé une à une les pierres, un chemin s'est ouvert, je suis tombée inconsciente en y entrant et me suis réveillée ici juste après.

Samantha reprit son souffle en riant, elle était heureuse. Mona et Amandine se relayèrent pour lui raconter ce qu'elle n'avait pas vu.

***

La première personne à se réveiller fut Anastasia, très vite suivit de Charles et Lucya. Après eux, chaque personne se réveilla, du dernier au premier éliminé. Charles et Lucya semblaient s'aimer encore, Mona était sincèrement heureuse pour eux. Johanna et Leo se reveillèrent côte à côte, La Joueuse de Flûte et le Loup se regardèrent un instant puis ce dernier se leva en furie.

—La rousse, viens là !

Il se tourna dans tous les sens, cherchant quelqu'un, son regard tomba sur Anastasia, c'était elle qui l'avait tué, Mona le savait et s'interposa

—Léo, calme toi. Nous ne sommes plus dans le jeu, si tu n'es pas d'accord, c'est trop tard, par ailleurs il me semble que tu l'avais insultée à plusieurs reprises avant la nuit de ta mort, remets toi en question.

Léo sembla presque convaincu et se calma. Un exploit. Chacun discutant avec son voisin à propos du jeu.

Personne ne semblait avoir remarqué l'absence d'une vingtaine de lycéens, Mona visualisa Jerry leur surveillant endormi sur le cahier d'appel, sa tasse de café avec lui. Il était presque quatre heures du matin, la jeune fille prit les rennes du groupe et proposa de remonter se coucher, tous acquièsèrent.