Loup Garou

JOUR 2

AMANDINE

Amandine dormit très mal cette nuit-là. Recroquevillée sous sa mince couverture elle entendit Mona annoncer le début du jeu, Cupidon fut appelé en premier, il choisit deux personnes à marier. Il y eut ensuite la voyante qui apprit le rôle d'un joueur. Ensuite ce fut le tour des Loups Garou. Amandine pria silencieusement pour ne pas être dévorée et tuée. Elle entendit les Loups fracasser une porte. Il y eut un faible cri puis plus rien, les Loups retournèrent dormir.
Mona réveilla ensuite le joueur de flûte et la sorcière, dans le plus grand silence.
Amandine finit par s'endormir, le sommeil peuplé de crocs et de cris.

***

Le soleil réveilla l'adolescente, elle contempla quelques instants la poussière flotter dans l'air puis elle se leva.
À l'extérieur, quelques personnes entouraient une maisonnette. La jeune fille s'approcha, prise d'une curiosité malsaine. La porte avait été arrachée, le mince matelas jonchait le sol de terre, les meubles restants étaient entassés en vrac dans l'un des coins de la demeure. Aucune trace du résident.

—C'était la maison d'Yanis, murmura Anastasia.

Amandine se tourna vers elle.

—Ce sont les Loup qui ont fait ça? interrogea Amandine en désignant la demeure.

—Oui, Yanis a disparu, ils ont dû l'éliminer parce qu'il a pété les plombs hier...

—Il s'est fait manger?

Anastasia horrifiée paru sur le point de vomir.

—Sûrement, je ne sais pas.

Amandine préféra changer de sujet.

—Viens donc, tout le monde est levé, allons déjeuner, il reste des noix il me semble.

***

Amandine aurait aimé avoir le temps de terminer son maigre déjeuner, mais Mona demanda l'attention. Elle leur parla d'une voix un peu cassée, preuve qu'elle était de nouveau possédée.

—Cette nuit, les Loups se sont concertés, ils ont arrêté leur choix sur Yanis. C'était un simple Villageois. Demain aura lieu un vote qui éliminera l'un de vous. Mais avant il vous faut élire un maire. Qui se présente?

Un murmure agité secoua les adolescents. Un jeune homme se leva, Amandine reconnu Leo. Une seconde fille se leva, c'était Johanna.

—Moi aussi je me présente.

Florian se leva aussi.
Mona sourit d'un sourire sinistre qui ne correspondait pas du tout à son visage.

—Bien sûr, trois joueurs pour un poste, c'est un peu beaucoup, il va falloir vous départager. Quels sont vos arguments?

Leo s'avança, plein d'assurance:

—Je vais faire tout ce qui est en mon possible pour que le massacre cesse au plus vite. Je suis prêt à tout pour cela, c'est pourquoi lors des votes, je ne voterais pas par affinités, mais avec sagesse. Faites moi confiance, vous ne le regretterez pas.

L'assemblée le dévisagea, cherchant le bluff ou la sincérité, qui sait?
Johanna se présenta à son tour.

—Nous avons besoin de quelqu'un de fiable, de réfléchi qui aidera le camp du mieux possible. Je ne suis peut être pas la mieux qualifiée pour être maire, mais nous savons tous que Leo et Florian sont encore moins qualifiés pour ce rôle. À vous de voir.

La jeune fille retourna s'asseoir. Amandine admira la facilité avec laquelle elle avait conquit les adolescents en parlant à la troisième personne du pluriel. C'était bien joué il fallait le reconnaître.

—Je suis Florian, mon nom rime avec innocent. Votez pour moi, je n'ai rien d'autre à vous conseiller.

Amandine regarda Florian, il avait un petit côté fourbe qui le lui plaisait pas du tout.

—Venez voter, cria Mona. Un par un s'il vous plaît.

***

Amandine observa Mona, toujours possédée, ouvrir et lire les bulletins un par un à voix haute. Finalement le maire fut élu.

—Johanna tu remportes le titre de maire avec neuf voix pour toi. Florian tu as atteint trois voix, c'est mauvais n'est-ce-pas? Et toi Leo tu obtiens sept voix. Ainsi, Johanna tu auras la responsabilité de départager un vote en cas d'égalité, bon courage.

Sur ces mots, Mona s'effondra sur Anastasia puis retrouva ses esprits.

***

—Regardez, il y a des fruits ici

Amandine courut vers l'arbre désigné par Lucas.

—Oui, venez ici! C'est plein de fruits.

Anastasia et Charles s'approchèrent à leur tour.

—C'est un pommier, nous aurions dû le voir depuis longtemps.

—Cette forêt est changeante, nous ne pouvons même pas en sortir, remarqua Charles.

—Le principal pour l'instant, c'est d'avoir à manger. Amandine, Charles, restez donc ici, je vais continuer de fouiller les bois avec Anastasia.

Lucas et Annastatia s'éloignèrent, leurs paniers à la main.
Le silence s'installa entre Charles et Amandine. Quelquefois, Samantha et Clément son cousin, passaient accompagnés de Louis cherchant une sortie à cette forêt.
Amandine détailla Luke le solitaire qui c'était assit non loin du pommier. Il était plutôt mignon avec ses cheveux de corbeau et ses beaux yeux sombres. Il la surprit en train de le regarder. Amandine tourna la tête en rougissant.

***

Après un bon repas garni de noix, de pommes et de noisettes, Amandine se leva pour prendre la parole.

—Avec un groupe de volontaires, tous les matins, nous irons dans les bois pour récolter de quoi nous nourrir. Néanmoins, la nourriture est rare aussi j'aimerais que chacun ait une dose égale à son voisin. À partir de demain, nous, elle désigna Anastasia, Charles et Lucas, distriburons des parts égales à tout le monde et ce aux heures des repas uniquement. Si vous souhaitez chasser ou allez chercher de la nourriture seul, vous le pouvez.

—Je me nourrirai seul, déclara Luke aussi seul dans un coin. Je n'ai besoin de personne.

Le coeur d'Amandine se serra. Elle aurait aimé aller le voir pour lui donner sa part chaque jour.

—D'accord. D'autre personnes? ...non apparemment. Quelqu'un à des questions ?

—Est-ce que je peux me joindre à vous pour la cueillette le matin? demanda Lucya.

-Oui bien sûr.

—Ne faut-il pas faire de réserve, interrogea Johanna.

—Si, nous avons déjà commencé à entreposer quelques aliments au sec dans ma maisonnette.

Amandine se rassit. Mona se leva.

—J'ai passé la journée à remettre en état la maison de Yanis. Avec l'aide de Lilian j'ai pu fixer la porte de nouveau. Cette nuit je dormirai dedans.

***

Amandine rentra dans sa maisonnette. Elle ne savait que penser. Elle essayait tant bien que mal à se protéger en nourrissant le camp, mais quand on est villageois, à qui se fier?