Chapitre 15

Depuis le début
                                    

– Salut sœurette ! lance-t-il, des étoiles dans les yeux. Je suis vraiment content que tu sois venue.

– Ça en fait au moins un, rétorqué-je en bougonnant.

Il m'embrasse et se tourne vers mon accompagnatrice pour la saluer à son tour.

– Je m'appelle Alex. Enchanté !

– Chloé. Une... amie de Charly, complète-t-elle hésitante.

Je ne la reprends pas. Au point où on en est... Ils se font la bise, puis Alex nous conduit jusqu'au salon où sont rassemblées une quinzaine de personnes.

Plusieurs têtes se tournent vers nous. Des sourcils se lèvent, quelques bouches s'écartent, et globalement, le temps s'arrête. Personne ne pensait me voir aujourd'hui. Je ne sais même pas si tout le monde se souvient encore de moi, n'ayant pas vu certains depuis presque vingt ans. Chloé se racle la gorge, gênée. Si elle s'imaginait passer inaperçue, elle n'est pas au bout de ses peines.

– Bonjour, Charly, lance ma cousine qui se faufile entre nous. Je suis heureuse de te voir parmi nous !

Son sourire est un éclat de lumière dans cette noirceur infinie. Une petite bouille blonde aux grands yeux bleus me dévisage.

– Bonjour Steph ! Ça fait tellement longtemps ! Et regarde-moi cette bestiole adorable !

– Il s'appelle Léo, m'annonce-t-elle, le visage marqué par la fierté.

Le nom de ma sœur masculinisé... Je ne sais pas si c'est voulu, mais ça me serre légèrement le cœur. J'espère qu'il sera plus ouvert d'esprit que Léa.

– Il est trop mignon, intervient mon accompagnatrice qui le regarde avec avidité.

– Oh, Stéphanie, je te présente Chloé.

Les deux concernées échangent quelques paroles autour du bébé pendant que je dis bonjour aux personnes présentes dans le salon.

Ma tante, Alma Branille, la mère de Stéphanie, me prend immédiatement dans ses bras. Elle a toujours été du genre tactile, et dans le contexte actuel, cela ne me dérange pas. Je me rends compte que j'ai au moins quelques alliés, et ça me rassure un peu.

­– Ma Charly, comment vas-tu ?

– Bien, réponds-je en essayant de sourire sincèrement.

Elle me dévisage quelques instants en silence. Je ne sais pas trop quoi dire. Le temps et la distance ont tellement fait leur chemin que je ne parviens même plus à entamer une discussion banale avec des membres de la famille.

– Tu es venue avec une amie ? me demande-t-elle, un petit sourire en coin en hochant la tête en direction de Chloé.

– Oh, euh... En quelque sorte. C'est une collègue de travail.

– Mmhh, je vois, dit-elle en m'adressant un clin d'œil.

Ma tante est du genre à ne croire qu'à ses propres histoires, et si elle a décidé que Chloé serait ce genre d'amie pour moi, alors elle ne la verra plus que comme ça. Je l'ai toujours trouvée décalée, comme si elle ne venait pas du même monde que les autres, ou carrément d'une autre époque, très lointaine. Sa longue robe en velours lui tombe sur les chevilles et ses lunettes dorées sont retenues par un collier de perle qui lui orne la nuque. Je me souviens que lorsque j'étais petite, dès que je la voyais, je lui montais dessus pour fourrer mon visage dans ses épais cheveux crépus. Elle en prenait grand soin et ils étaient d'une douceur infinie. Avec le recul, je pense que ça rendait ma mère folle de jalousie, mais elle n'a jamais voulu me donner l'affection que je demandais, alors j'allais la chercher là où je pouvais, et Alma en avait tout un camion à déverser.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant