Jeu dangereux

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Le Prince Joachim était rentré discrètement dans la nuit et Amalia n'appris son retour qu'en discutant avec Eugénie lors de sa visite quotidienne à la bibliothèque.

La jeune femme avait fini par ressentir un véritable intérêt pour l'histoire de San Gavino et elle songeait de plus en plus à terminer un manuscrit correct pour le proposer ensuite à l'une ou l'autre maison d'édition. Sachant que personne n'avait été autorisé auparavant à réaliser un tel ouvrage, Amalia savait qu'il y aurait sans doute des éditeurs intéressés.

Elle se plongea alors dans le travail et, souhaitant approfondir quelques points au sujet de l'architecture typique du dix-huitième siècle dans la région, elle se rendit dans la section appropriée. Pendant une heure, Amalia prit de nombreuses notes et elle ne fut interrompue que par la voix grave et chaude du Prince Joachim.

La jeune femme se leva rapidement de la chaise où elle était installée dans le but de ne surtout pas croiser l'héritier de San Gavino mais quand sa haute silhouette apparut face à elle, Amalia se mit aussitôt sur la défensive. Elle s'attendait à devoir soutenir un regard haineux et empreint de colère mais pas à ce qu'il adopte une attitude de prédateur prêt à fondre sur sa proie.

Pour la première fois depuis que cette intruse était arrivée au palais, Joachim de Bourbon-Conti détailla Amalia des pieds à la tête. Elle n'était pas très grande, sans doute un mètre soixante-cinq tout au plus et elle avait une silhouette relativement mince. Il remarqua très vite son expression apeurée sur le visage : il en éprouva une très grande satisfaction et il ricana. Joachim de Bourbon-Conti aimait dominer ses adversaires, ses interlocuteurs et toutes les femmes qu'il côtoyait.

Il sentait qu'Amalia était frêle et vulnérable et c'était exactement ce qu'il voulait. De toute façon, il obtenait toujours ce qu'il désirait et à cet instant, son objectif était de pousser cette petite intrigante dans ses derniers retranchements. Il avait remarqué sa complicité grandissante avec Michele et surtout avec Benjamin et il n'aimait pas cela.

Mais peu importe, il n'avait aucun doute sur sa force de persuasion, sur l'emprise qu'il avait sur toutes les femmes : il n'avait qu'à claquer des doigts et elles étaient toutes à ses pieds, à faire ce qu'il voulait. Amalia ne dérogerait pas à la règle

Joachim reprit son examen minutieux : la jeune femme portait un chemisier bleu pâle qui mettait en valeur sa poitrine menue et un pantalon noir qui moulait ses hanches et ses cuisses fuselées.

Elle n'est pas vraiment repoussante finalement...Même si elle ne méritait sans doute pas la moyenne.

Le jeune homme secoua la tête pour chasser les pensées lubriques de son esprit : il ne devait pas perdre son objectif de vue. Il s'avança lentement vers Amalia qui l'observait toujours de manière suspicieuse et avec un léger rictus sur le visage il lui dit :

- Vous n'êtes pas si moche que cela en réalité. Même si vous ne ressemblez toujours à rien avec ces vêtements.

Amalia tressaillit : mais qu'est-ce qui lui prenait ?

Décidée à quitter l'endroit où l'atmosphère devenait vraiment irrespirable, la jeune femme s'approcha de l'étagère où elle avait pris son ouvrage mais elle se rendit compte que le prince bloquait l'accès à l'escabelle qu'elle avait utilisé une heure plus tôt.

Ses yeux se posèrent sur l'espace vide de l'étagère puis sur l'héritier et à nouveau sur les livres face à elle.

Elle était trop petite pour replacer le recueil correctement et elle ne pouvait décemment pas le laisser sur sa table de travail.

{Edité} Royal complotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant