Une décision injuste

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Amalia contemplait depuis des heures la porte face à elle. Aucun client ne s'était présenté à l'agence et, en soupirant, la jeune femme se dit que dans quelques mois, Candice et elle seraient sans doute obligées de stopper leurs activités.

Depuis trois ans, elles géraient ensemble une petite agence immobilière et jamais elles n'étaient parvenues à se faire une place sur le marché. Leur inexpérience et leur jeune âge n'incitaient pas les gens à venir leur confier la vente de leur maison malgré tous leurs efforts pour démontrer leur sérieux et leur connaissance de la région.

Heureusement que le loyer du minuscule local qu'elles occupaient au rez-de-chaussée d'un immeuble du centre-ville de Cannes n'était pas trop élevé car, sans cela, elles n'auraient pas tenu aussi longtemps.

A midi, Amalia sortit pour aller se chercher un sandwich et lorsqu'elle rejoignit à nouveau l'agence, elle sut très vite que son amie avait reçu une mauvaise nouvelle. Candice était au téléphone et son visage était très pâle. Sa mâchoire était crispée et elle se contentait de répondre par oui ou non à son interlocuteur. Lorsqu'elle raccrocha, elle dévisagea Amalia d'un air triste :

 - Ils récupèrent l'immeuble, nous allons devoir déménager.

- Ils ? Qui ça, ils ?

- Le roi de San Gavino. Il possède quelques bâtiments sur le littoral et comme l'île est trop petite, il offre des bourses aux jeunes qui veulent lancer leur propre affaire sur le continent.

- Il aide les français ?

- Non, seulement les citoyens de son pays.

- Je ne te suis pas.

- Je ne suis pas française Amalia et j'ai obtenu une bourse il y a trois ans parce que mon projet a plu aux dirigeants de la fondation qui accorde l'argent. Il y a cinq projets par an qui sont choisis.

- Hein ? Mais...mais tu ne me l'as jamais dit !

- Je sais, c'était...j'avais peur que tu aies les mêmes préjugés que tout le monde. Tu sais, tout ce qu'on lit dans la presse...

- Je te connais depuis...depuis la petite section Candice enfin ! Je sais bien que tu n'es ni égoïste, ni arrogante ni...

- Je suis désolée Amalia, j'aurais dû t'en parler.

- Et donc...tu as perdu ta bourse ?

- En quelque sorte. Elle était étroitement liée à la location du local. Le roi, ou plutôt, son fils aîné Joachim, a l'intention d'utiliser l'immeuble pour y installer les bureaux d'une nouvelle fondation. Nous avons quinze jours pour déménager.

Amalia manqua de s'étrangler en entendant ces mots :

- Non mais il se prend pour qui celui-là ? Est-ce qu'il réalise qu'il nous fout dans la merde ? Ah bien sûr que non, il ne sait pas ce que c'est de travailler dur pour gagner sa vie. Il ne doit pas se préoccuper de payer son loyer lui ! Mais pourquoi maintenant ? C'est quoi l'urgence ?

- Apparemment il revient d'un séjour de cinq ans aux Etats-Unis et à Londres où il s'est formé dans les plus grandes entreprises mondiales et dans les cabinets bancaires les plus réputés.

- En fait, c'est juste une histoire de fric. Merde, il aurait pu nous demander notre avis non ?

- Je sais. En fait, j'étais consciente que cela pouvait arriver. Dans le contrat, il y avait une clause qui précisait que la famille royale pouvait mettre un terme au bail et que, dans ce cas, nous avions quinze jours pour quitter les lieux. C'était à prendre ou à laisser. Les lois à San Gavino sont un peu...différentes de la France. Les Bourbon-Conti ont beaucoup de libertés. Écoute, j'ai pensé que nous pourrions travailler de chez moi dans un premier temps. Ensuite,...je pourrais essayer de dégoter un truc pas trop cher dans les environs.

{Edité} Royal complotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant