De pire en pire (1ère partie)

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Amalia devait rencontrer Estelle Neffrey en fin de journée. Pendant ces dix derniers jours, la jeune femme, avait été le témoin d'injustices toutes plus cruelles les unes que les autres de la part de Joachim de Bourbon-Conti et elle avait dû se faire violence pour ne pas grimper les escaliers quatre à quatre et coller une bonne paire de claques à cet insupportable prince héritier.

Constance, la troisième jeune femme à devoir s'occuper de l'antre de la bête depuis l'arrivée d'Amalia au palais, donnait l'impression d'être plus résistante que les deux employées qui l'avaient précédée.

Parmi les domestiques, où la solidarité n'était pas toujours de mise, il se murmurait que son physique attrayant et sa ressemblance assez frappante avec la meilleure amie du prince devaient y être pour quelque chose.

Naturellement, les rumeurs enflèrent de jour en jour sans que la principale intéressée ne cherche à les démentir. Qu'on la dise proche de l'héritier ou qu'on la soupçonne d'avoir couché avec lui ne semblait même pas l'atteindre.

Amalia elle-même commença à y croire lorsqu'un jour, elle se décida à aller faire le tour complet de l'aile où logeait le prince Joachim. Eugénie lui avait expliqué qu'il s'agissait d'une des plus belles parties du château et la jeune femme était entièrement d'accord avec elle.

Les lieux avaient été érigés au 17ème siècle et voulaient se rapprocher de l'esprit du château de Versailles.

Amalia, qui avait déjà visité le célèbre bâtiment, nota qu'effectivement, d'un point de vue architectural, les ressemblances étaient troublantes. Elle trouva cependant que cette partie du palais avait surtout l'esprit des anciens palaces parisiens. A l'architecture élégante de l'endroit se mêlaient dans une parfaite harmonie le confort et les équipements modernes.

Amalia songea que, dans un environnement pareil, il n'était pas étonnant que l'héritier de San Gavino soit en total décalage avec la réalité.

Pour rejoindre les lieux, la jeune femme avait emprunté un escalier monumental dont la rampe en fer forgé était recouverte d'une main courante en cuivre et son tapis de marche était retenu par des barres en laiton.

L'atmosphère feutrée et les décorations raffinées de cette partie du palais royal l'avaient véritablement impressionnée. Curieusement, et sans doute en raison du sombre caractère de Joachim de Bourbon-Conti, Amalia ne s'attendait pas à se retrouver dans un endroit baigné de lumière.

Dans les vastes couloirs où elle avait pu remarquer les boiseries fines et les tentures aux délicates teintes pastel, elle s'était arrêtée pour admirer plusieurs peintures de Claude Monet et, c'est à ce moment-là qu'elle entendit la voix grave de Joachim de Bourbon-Conti.

Alors qu'elle aurait dû le saluer puisqu'elle l'avait aperçu, la jeune femme fit semblant d'être absorbée par ses notes et le tableau qu'elle examinait.

Étrangement le jeune homme ne réagit pas car il était lui-même plongé dans l'examen de divers documents.

Constance sortit à ce moment-là de la chambre de l'héritier et d'une voix douce elle l'interpella pour lui indiquer qu'il avait oublié sa cravate sur son lit.

Amalia manqua tomber à la renverse lorsque l'héritier de San Gavino se retourna vers la domestique et lui adressa un sourire bienveillant :

- Je vous remercie Constance.

Je vous remercie Constance ?

Interloquée, la jeune femme regarda le prince retourner dans ses appartements après avoir remercié à nouveau son employée en la gratifiant d'un sourire charmeur.

{Edité} Royal complotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant