Inquiétudes (2ème partie)

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- Encore vous ! Dites-moi Mademoiselle Arcangioli, vous êtes certaines d'être ici pour écrire un livre ?

En entendant ces mots, Amalia pâlit brusquement : avait-elle était démasquée ? La jeune femme tenta de garder son sang-froid et elle se força à regarder l'hériter de San Gavino droit dans les yeux :

- Je suis ici pour rédiger un livre au sujet du palais royal, comme mon éditrice, Madame Neffrey me l'a demandé.

- Sans vouloir vous vexer, vous n'avez franchement pas l'air d'un écrivain.

- Pardon ?

Malgré le fait qu'elle simulait ce projet de livre, Amalia sentit la colère l'envahir et, sans réfléchir, elle s'approcha de Joachim de Bourbon-Conti en pointant un doigt accusateur vers lui :

- Je savais que vous étiez un homme particulièrement en décalage avec la réalité Votre Altesse mais je n'imaginais pas que vous puissiez être également aussi ...

Le regard de la jeune femme se bloqua sur les yeux du prince Joachim et elle se rendit compte de ce qu'elle était en train de faire.

- Aussi....quoi mademoiselle Arcangioli ? Je vais vous dire une chose : pour réaliser un bouquin aussi barbant que le vôtre, j'imaginais une personne d'un certain âge voyez-vous. Pas une gamine qui rêve encore aux contes de fées. Si j'apprends que vous êtes ici pour une autre raison que ce fichu livre, croyez-moi, vous le regretterez amèrement. Vous n'êtes pas la première à essayer de m'approcher pour me séduire mais ça ne prend pas avec moi. Et...au cas où cette brillante idée vous serait passée par la tête, sachez que je ne fréquente pas les fauchées dans votre genre. Sérieusement, vous vous êtes déjà regardée ? Même avec la plus belle des robes de chez Chanel vous ne ressembleriez encore à rien. Même Kim Kardashian qui collectionne les faux pas vestimentaires a plus de classe que vous.

Amalia eut le sentiment de se prendre une gifle monumentale dans la figure mais, bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds, elle rétorqua en se tenant bien droite :

- Non, cette brillante idée comme vous dites ne m'a même pas effleuré l'esprit. Voyez-vous Votre Altesse, les fauchés, contrairement à vous, connaissent la signification des mots politesse, respect et humilité. Vous venez de renvoyer une jeune femme simplement parce qu'elle a voulu bien faire. Est-ce que vous vous êtes demandé au moins comment allait-elle faire pour se nourrir et payer son loyer ? Non, bien sûr que non.
Lorsqu'on mange du caviar à sept cent quatorze euro les cent grammes au petit-déjeuner, que l'on exige de la truffe blanche d'Alba trois fois par semaine d'octobre à décembre et que l'on réclame que tous les plats servis à table soient parfumés au safran, je doute fort que vous vous posiez les bonnes questions Votre Altesse. Aussi, soyez rassuré : je n'ai nullement envie de tenter de vous séduire parce que vous me dégoûtez vous et vos costumes à dix mille dollars. Si vous voulez bien m'excuser, j'ai du travail.

Amalia passa alors à côté du prince et elle se dépêcha de gagner un autre rayonnage de la bibliothèque avant que le jeune homme ne réagisse. Lorsqu'il fut hors de vue, elle s'appuya contre un mur et elle tenta de calmer sa respiration. Contrairement à ce qu'elle pensait, Amalia ne vit pas le prince Joachim accourir derrière elle. L'héritier de San Gavino se contenta de rappeler à Louise qu'elle devait renvoyer la pauvre domestique qui avait parfumé son linge à la vanille puis il sortit de la bibliothèque en claquant la porte.

La gouvernante ne tarda pas à le suivre puis, Eugénie se mit à la recherche d'Amalia. Elle la trouva rapidement, plongée dans la lecture d'un livre consacré à la sculpture au dix-huitème siècle.

{Edité} Royal complotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant