Amour forcer

chapitre 23

A l'étranger, ils partageaient la même chambre, et il arriva plus d'une fois qu'au petit matin,Mia constatât en s'éveillant qu'elle était nichée entre les bras d'Alexandre. Lui ne cherchait pas à la repousser ,mais il ne prenait jamais l'initiative de tels rapprochements, comme s'il avait craint qu'une si petite concession ne vînt fausser les rapports volontairement distants qu'ils entretenaient durant la journée.
Une fois, à Paris, alors qu'ils s'envolaient vers le plaisir immense que leur offraient leurs étreinte nocturnes, Alexandre s'arrêta brusquement, restant en elle,sans bouger, pour la regarder avec une étrange intensité.
Alexandre: pourquoi me laisse-tu te faire ça ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
Cette simple question arracha lajeune femme au flot de sensations délicieuses où elle s'était perdue corps et âme . Immobile et tremblante, elle resta silencieuse fascinée par le visage parfait d'Alexandre, au-dessus d'elle, sentant avec une intensité terrible la partie de lui qui demeurait en elle et attirait sans cesse les braises de son désir.
L'espace d'un instant, elle fut tentée de tout lui révéler, de lui avouer le secret qui pesait sur elle depuis le jour où ils s'étaient mariés. Mais elle avait juré à son père de ne rien dire, et redoutait plus que tout la réaction d'Alexandre s'il apprenait un jour la vérité...

Mia:je ne sais pas répondit-elle enfin avec un tressaillement presque douloureux. Et toi ? Pourquoi le fais tu ?
Alexandre: je ne sais pas, moi non plus, dit-il enfin en se penchant lentement vers elle.

Le sentent pénétrer plus intimement en elle, Mia poussa un gémissement involontaire, fascinée par les yeux d'Alexandre qui ne la quittaient pas, comme s'il cherchait en elle une réponse à la question qu'elle venait de lui poser.
Alexandre : quelles que soient nos raisons, ajouta-t-il, nous avons raison d'en profiter...parce que, dès que tu seras enceinte, tout sera fini entre nous.

A ces mots, Mia ferma les yeux, luttant contre les larmes. Puis, Alexandre recommença à bouger lentement en elle, et le chagrin reflua, emporté par une vague de joie sauvage, démontrant à la jeune femme qu'un tel instant de plénitude pouvait à lui seul effacer l'angoisse que lui inspirait l'avenir. Cette nuit-là, ils s'aimèrent avec une passion décuplée, comme si la certitude de leur séparation prochaine rendait l'un plus urgent encore le besoin de leur corps avaient l'un ou l'autre...
Puis l'événement qu'ils attendaient tout en le redoutant finit par arriver. Trois mois et demi après leur mariage, Mia se retrouva enceinte. Tout d'abord, elle n'en dit rien à Alexandre et, quand il revint au Etat-unis ou il était parti négocier quelque nouveau contrat, ils continuèrent à faire l'amour comme à leur habitude. Mais, pour la jeune femme, ces étreinte devenaient chaque jour passionnées,comme si elle voulait emporter un dernier souvenir de cette passion.  Un souvenir de ce qu'ils avaient été l'un pour l'autre avant de redevenir deux parfaits étrangers...
Mia savait,cependant, qu'elle ne pourrait bientôt plus cacher son état à Alexandre, elle et il cesserait alors de venir la rejoindre, le soir . La jeune femme comprit qu'elle en serait infiniment frustrée. Mais ,d'un autre côté, elle aurait bientôt un enfant qui viendrait éclairer ses journées et redonner un sens à son existence tout entière...
Rassemblant son courage, elle décida donc d'annoncer la nouvelle à Alexandre. Le soir même, alors qu'il revenait d'Athènes où il avait passer la journée a travailler, elle l'attendit dans son bureau. Lorsqu'il entra, il la dévisagea avec stupéfaction, car elle n'avait encore jamais pénétré cette pièce où il passait la majeure partie de son temps.

Alexandre :quelque chose ne va pas ?dit-il avec dans la voix une sollicitude qui la surprit.
Mia :je suis enceinte, déclara t-elle posément sans le quitter du regard.
Mais Alexandre ne réagit pas. Il se contenta de la contempler avec attention .
Alexandre :tu est sûre ? Demanda-t-il enfin.
Mia: oui
Alexander: depuis combien de temps, d'après toi?
Mia: deux mois. Je voulais en être sûre avant de t'en parler...

Alexandre ne releva pas la faiblesse de cette excuse. Il continuait de regarder sa femme en silence. Pourtant, l'espace de quelques instants, elle crut discerner dans ses yeux une lueur inhabituelle qui fit battre son coeur. Mais, soudain, il se raidit et hocha la tête :
Alexandre : très bien, fit-il simplement avant de se détourner pour quitter la pièce. Il faudra prendre soin de toi...
Et il sortit,laissant Mia seule dans la pièce vide et oppressante qui portait plus encore que les autres la marque de cet homme froid et énigmatique qui était son époux. Blessée,se sentant  rejetée une fois de plus, la jeune femme serra les dents, luttant contre la boule de tristesse qui s'était formée au creux de sa gorge.
Une heure plus tard,alors qu'elle se trouvait dans sa chambre, essayant de se distraire par la lecture un chagrin qu'elle-même ne parvenait pas à s'expliquer, Mia entendit l'hélicoptère d'Alexandre décoller. Son livre lui échappa des mains lorsqu'elle comprit avec stupeur mêlée d'angoisse qu'il repartait a Athènes. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre pour regarder l'appareil s'éloigner. Elle comprit alors qu'elle n'avait aucune pitié à s'attendre de cette homme dépourvu de tout sentiment.
A présent qu'elle portait leur enfant, il devait estimer que sa tâche était achevée. Il n'aurait plus qu'a attendre l'accouchement pour récupérer enfin son île et vivre libre de tout devoir  envers celle qu'il était forcé d'appeler sa femme.Assaillie par une bouffée  de désespoir, Mia appuya son front contre la froide surface de la vitre.
Ce fut alors que la porte qui donnait sur sa chambre s'ouvrit brusquement, la fesant sursauter. Elle se retourna violemment pour se trouver  face à son époux, et la stupeur la fit vaciller.il se précipita aussitôt vers elle ,la soutint gentiment, puis l'aida à s'allonger sur le lit.