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Elies

Je n'imaginais pas l'endroit si grand. Je me retrouve paumé au milieu de tout un tas de corps se mouvant dans tous les sens. L'ambiance est électrique. Leurs pas précipités. J'avance d'une démarche assurée vers le bureau d'accueil et fais face à un homme en pleine conversation téléphonique.

— Oui, madame. Je comprends votre requête mais vous avez déjà plusieurs demandeurs prêts à investir, alors annuler maintenant serait une grave erreur.

Je pose mes deux mains à plat sur le comptoir et tapote du bout des doigts le rebord, déterminé à régler ce problème une bonne fois pour toutes. Impossible de retourner à Paris sans aider Alexandra.

L'homme raccroche enfin.

— Bonjour, puis-je vous aider ?

— Oui, je souhaiterais m'entretenir en privé avec le patron.

J'annonce la couleur dès le début. Il fronce les sourcils en ouvrant son calepin.

— Avez-vous rendez-vous ? me demande-t-il poliment.

Je soupire, à deux doigts de m'énerver et créer un scandale. Bien sûr que je n'ai pas de rendez-vous ! Cependant, s'il m'écoute attentivement, ça devrait aller vite.

— Non, mais je n'en aurai pas pour longtemps. C'est très urgent, précisé-je en le voyant grimacer. S'il vous plaît.

J'aurais dû me douter qu'il allait riposter. L'abruti secoue la tête. Il perd patience... et moi aussi.

— Je regrette, monsieur, mais sans rendez-vous je ne peux rien faire, déclare-t-il froidement en refermant son calepin sur lequel j'inscrirais bien mon nom en le lui faisant bouffer par la même occasion.

Il n'y a pas que lui qui commence à en avoir sur le système. Il met mes nerfs à rude épreuve et , même si je suis plus pacifiste que bagarreur, je n'hésiterais pas à forcer le passage. Je lance des coups d'oeil aux alentours, puis au fond du couloir. Plusieurs portes s'offrent à moi. Je parie que l'une d'entre elles me mènera à son bureau.

— Très bien, sifflé-je entre mes dents.

D'un geste discret, je renverse le pot de fleurs et profite de cette diversion pour me faufiler dans le couloir. Il tente de m'en empêcher, mais je lui fous visiblement la trouille puisqu'il place ses mains devant son visage pour se protéger.

— Monsieur, vous ne pouvez pas entrer ! s'acharne-t-il à me répéter.

— Oui, je sais, je n'ai pas de rendez-vous mais je vous ai aussi dit que c'était important ! crié-je par-dessus mon épaule.

Il me course, mais je n'y prête pas attention. La porte que je cherche est devant moi. La pancarte en argent sur laquelle est marqué « Business Director » m'a aidé. Un sourire machiavélique se pointe sur mon visage dès que j'entre. Je présume que l'homme assis sur le fauteuil noir, en costard-cravate, aux cheveux et à la barbe grisonnante n'est d'autre que le père d'Alexandra. Ils ont les mêmes yeux. Interloqué, je me reprends rapidement quand monsieur-trouillard-de-l'accueil fait son apparition, déjà essoufflé d'être sur mes talons.

— Je suis navré, il a forcé le passage et je...

L'homme se redresse et lève sa main pour l'inciter à se taire, exaspéré.

— C'est bon, je vais le recevoir. Ferme la porte, Daniel.

Il obéit et disparaît, me laissant seul avec un bel enfoiré. Je fixe avec dureté cet homme que je ne connais pas. Il se rassied en croisant les jambes sous le bureau puis me fait signe de prendre place sur le fauteuil d'en face. Il m'a l'air bien détendu. Je soupire en déclinant son invitation.

Le prix à payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant