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Ana

« Ce jour-là j'ai su qu'Elies était mon appui sur le long chemin pentu de ma vie. Il veille sur moi et je pourrai toujours compter sur lui. Il est ma nécessité. Ce voyage a fini par me sauver de moi-même. Me libérer de ce passé asphyxiant. »

— Ana, que t'es-tu infligée... ?

Devant le miroir de la salle de bains, j'ose déposer mes doigts sur mes joues en me scrutant, essayant de voir à travers les apparences. J'ai l'impression de me découvrir sous un nouveau jour, semblable à une résurrection. J'avais besoin d'un bon coup de pied aux fesses et Elies ne s'est pas gêné. Mes yeux sont toujours un peu bouffis, mais dans quelques minutes ça devrait s'arranger.

La discussion avec lui a été rude niveau mental. C'est comme si je me prenais des centaines de claques à chaque parole. Un coup de massue à mon prénom. Un poignard lorsqu'il me fixait avec détermination. Grâce à lui, l'écharde ancrée dans mon coeur s'est arrachée. La vérité m'a frappée avec une telle brutalité que j'en reste encore bouche bée. La vie suit son cours et je dois l'accepter. J'ai la chance d'être encore en vie à l'heure actuelle, alors je me dois de faire en sorte qu'elle devienne agréable. À quoi bon se tourmenter ?

J'inspire profondément en observant ma silhouette. Mes formes sont correctes, même si un tour de moins à ma poitrine ne me dérangerait pas. J'examine également les coutures du bikini de South Beach. Le bleu clair et les différents imprimés rendent mon oeil admiratif. J'attrape ma serviette et rejoins Elies dans le salon. Prêt depuis un moment, il m'attend près de la porte d'entrée. Son short de bain rouge lui va à merveille. Mes yeux s'attardent sur ses pectoraux et à la longue flamme noire qui remonte le long de sa côte droite.

***

— Tu es sûr que c'est toujours ouvert ? demandé-je après avoir regagné l'ascenseur.

Elies se tourne vers moi, un sourire malicieux aux lèvres.

— Ne t'en fais pas pour ça.

Je reste tout de même sur mes gardes. Au ding, nous sortons de l'ascenseur. Je marche à côté d'Elies en resserrant la serviette blanche autour de ma taille. Une fois arrivés devant l'entrée de la piscine, je suis un peu déçue en m'apercevant que les lumières sont éteintes et qu'en l'occurrence, personne ne se baigne.

Je soupire, dégoûtée.

— Je te l'avais bien dit...

Je m'apprête à faire demi-tour quand la main d'Elies se referme sur mon poignet.

— Non, attends.

Surprise, je hausse un sourcil interrogateur. Quand il me demande de me tourner dos à lui, je reste sceptique. Apparemment, Elies est magicien et, de par ses talents, arriverait à ouvrir la porte qui nous conduira à l'aventure. Je rigole, puis obéis pour qu'il ne le prenne pas mal. S'il veut tenter de devenir magicien en deux minutes, pourquoi pas.

— Encore dix petites secondes.

Le dos tourné, je me demande ce qu'il fabrique pour faire autant de boucan. J'entends des clics, comme s'il triturait la poignée, quand soudain, le bruit de la victoire fait son apparition. Je pivote et découvre Elies extrêmement fier de lui. Il ouvre la porte en me faisant une révérence.

Eberluée, je regarde de droite à gauche avec la crainte qu'ont nous ais vus.

— Comment... comment as-tu fait ça ?

— La magie, Ana, se marre-t-il.

— Et plus sérieusement ? insisté-je.

Il passe un doigt sur sa bouche pour coudre ses lèvres.

Le prix à payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant