Le prix à payer

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Ana

Les vacances tombent à pique. À mon réveil, Elies était déjà parti. Je suis donc directement rentrée à l'appartement, où mon amie m'attendait de pied ferme. Elle ne m'a pas laissé le temps de souffler, qu'elle me sautait au cou pour m'informer qu'elle avait rencontré un homme après mon départ. Thylan a rendu raide dingue Thaïs. Je suis tombée des nus au fur et à mesure de son récit. Thaïs n'a jamais - ô diable jamais - parlé d'un homme avec autant d'étoiles dans les yeux. Elle est plutôt du genre à regarder vite fait avant de le ramener dans son lit. Étonnamment, ils n'ont fait que discuter.

Suite à cette révélation, elle m'a traîné au centre commercial.

— Eh, au lieu de rêvasser, dis-moi si celle-là me va bien.

J'avais presque oublié que j'étais en plein essayage chez Mango. Thaïs me montre une robe en dentelle. Très bien découpée, elle met en valeur ses généreuses courbes. J'approuve en levant le pouce.

— N'oublie pas les préservatifs, ricané-je.

Mademoiselle se doit d'être parfaite pour son rendez-vous de ce soir. Tel un gentleman, Thylan l'a invitée dans un restaurant trois étoiles, rien que ça ! Pour un premier rencard, il met les bouchées doubles. Ma foi, j'espère qu'il ne se joue pas d'elle.

— Vendu ! Je l'achète. Maintenant, laisse-moi te choisir quelque chose.

Je me demande pourquoi elle n'a pas fait styliste. Après maintes réflexions, elle finit par me dégoter une jolie robe bordeaux en fourreau, laissant le tissu mouler mes formes. Elle a bon goût, je fonds littéralement dessus.

Une fois nos achats en main, nous continuons notre shopping dans les allées du centre. Thaïs bave devant certaines vitrines... bien trop cher pour s'arrêter. Nous nous dirigeons vers notre bar habituel quand mon portable vibre dans la poche de mon jean.

Elies THE Big Boss : Viens regarder Nerve ce soir. Je viens de l'acheter. T'as intérêt à te pointer où je viens te chercher en personne !

Je souris inconsciemment devant son SMS. J'ai envie de voir ce film depuis sa sortie au cinéma, mais par manque de temps - je suppose - je n'y suis jamais allée. Je lui réponds avec grand plaisir, impatiente. Je reporte ensuite mon intention sur Thaïs qui nous commande deux cafés pendant que je nous trouve une place. Depuis quelques mois, nous venons ici une fois par semaine. Nathan, le fils du gérant, est un bon ami de mon frère depuis la primaire. Cassie et moi adorions jouer avec son labrador quand il nous le confiait pour le week-end... un temps bien révolu.

Je m'extirpe de mes pensées au moment où Thaïs revient avec nos deux tasses, Nathan sur ses talons.

— Mes deux clientes préférées, dit-il en me faisant la bise.

Il ne change pas avec le temps. J'ai tout de suite senti que mon frère et lui resteraient en contact, et ce, malgré leur différent parcours professionnel. Ce qui me plaît le plus chez Nathan, c'est sa façon de percevoir les choses. Toujours optimiste, même dans les situations les plus critiques.

Il se poste devant moi, tout à coup anxieux. Qu'ai-je donc fait cette fois-ci ? Je n'ai pourtant renversé aucune tasse.

— Je voulais te demander, Ana..., commence-t-il en se massant la nuque, accepterais-tu de sortir avec moi, mercredi soir ?

Prise au dépourvu, je repose trop vite ma tasse, si bien que du café déborde sur la table. Et merde ! Je nettoie rapidement les dégâts avec le papier posé à côté, puis je pivote vers lui.

— Je... pourquoi pas. Oui, ça me ferait plaisir, lui dis-je en toute sincérité.

Le feu enflamme mes joues lorsque je sens le pied de Thaïs se cogner contre mon tibia.