- 8 -

690 72 2
                                    

Ana

Pour une première sortie à New York, une tenue adéquate est à prévoir. J'aime la mode et ne le cache pas. J'affectionne ce genre de casse-tête tous les matins, ne sachant jamais comment m'habiller. La vieille, je me promets de préparer mes affaires pour le lendemain, mais je ne réussis jamais à tenir cette foutue promesse. Qu'importe. Bon sang, je suis à New York ! À New York, merde ! Si je pouvais le crier sur tous les toits, je le ferais. Cela rendrait les choses plus réelles, parce que pour l'instant j'ai toujours l'impression qu'il s'agit d'une illusion. J'attends encore le moment où mon réveil me tirera de ce rêve pour m'annoncer le début des cours.

Elies est toujours sous la douche. L'eau coule et j'en profite pour ouvrir le placard. Je cherche une tenue à la fois décontractée et classe. Mes doigts effleurent un haut noir à manches longues et une jupe couleur pêche. L'ensemble est ravissant. Une fois apprêtée, je me place devant le miroir en pied pour me maquiller. Sans vulgarité, j'applique une couche de mascara et un rouge à lèvres nude. À cela s'ajoutent des escarpins noirs que j'enfile en m'asseyant sur le bord du lit. Elies sort enfin de la salle de bains. Son pantalon noir glisse sur ses hanches tandis que sa chemise blanche avec le blouson d'aviateur noir le transforme en motard.

— Prête ? me demande-t-il en me scrutant de haut en bas tout en frottant sa barbe de trois jours.

Par réflexe, mon regard s'abaisse sur le tapis. Les cercles gris sont très, très jolis. Je prends conscience qu'en baissant les yeux il pourrait s'apercevoir que quelque chose me tracasse, alors je me lève en lissant ma jupe, prête à parcourir les rues de la ville.

***

Je pensais bêtement qu'il ferait plus frais dehors. Or, je meurs de chaud dans mon pull noir. J'ai tendance à faire les choses de travers, alors inutile de lutter contre sa nature. Ma foi, si la température diminue j'aurai déjà un pull sur moi. Elies s'apprête à enlever son blouson, alors je suppose que le sentiment est partagé.

— On s'est fait avoir en beauté, rigolé-je.

— Si t'as besoin d'un coup de main, je peux t'aider à le déchirer, lance-t-il, les yeux rieurs.

Mon coeur se fait la malle sous ma poitrine. Je n'ose plus bouger le moindre orteil et cherche désespérément un moyen de calmer mes palpitations. Devant mon air ahuri, Elies explose de rire. Mes épaules s'affaissent quand je comprends qu'il blaguait. Une blague, Ana... Alors pourquoi suis-je déçue ?

Vexée qu'il ait pu jouer avec mes sentiments, je trace ma route. Je me sens salie et humiliée, même s'il ne se doute pas que cela m'ait affecté. Eh bien si, Elies, parce que tu me plais beaucoup trop. Des pas rapides et lourds viennent me barrer le passage. Ses Timberland me font de l'oeil.

— T'es vraiment con, Elies, sifflé-je, bien décidé à lui faire passer le message.

Cet abruti sourit. Ce sourire signifie qu'il a une idée bien précise en tête. J'ai à peine le temps de réagir que je le vois s'accroupir devant moi. Il referme ses bras autour de mes jambes et je bascule sur son dos en un rien de temps. À la force de ses muscles, Elies se met à courir dans la rue.

— Putain, Elies ! Fais-moi descendre ou tu le regretteras !

Je le frappe, balance mes jambes dans le vide, mais rien ne l'embête. Peine perdue. Je grogne d'exaspération et relâche mes muscles.

— Et quelle est cette sentence qui me donne l'eau à la bouche ? me questionne-t-il sarcastiquement.

Je possède quelque chose qui ira à mon avantage et ça, il se doit de l'admettre.

Le prix à payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant