Chapitre 13

Depuis le début
                                    

– C'est quoi ce délire avec Betty ?

Ma voix est plus calme, espérant qu'elle ne se remettra pas à brailler comme une folle.

– Quel délire ?

– Tu crois qu'on a comploté contre toi ?

– Charly, tu me détestes, je le sais. Et Betty a bien insisté pour que tu acceptes ma proposition de t'aider, belle conne que je suis, pensant te rendre service. Pourquoi tu ne lui as pas demandé à elle ? C'est le rôle de ta copine de t'accompagner dans ta famille, pas le mien.

– Chloé, tu recommences.

– Je recommence quoi ?

– À baragouiner des conneries.

– Des conneries ?! Charly, je te jure que si tu ne m'expliques pas tout immédiatement, j'active le siège éjectable et tu te retrouves expulsée à grande vitesse sur l'autoroute.

Eh bien, je commençais à m'inquiéter de sa propension à réagir de manière sensée ! Elle a dit ça à voix basse, menaçante, et je décide de lui donner un minimum d'information pour la calmer.

– Ok. Je t'explique tout si tu acceptes de redescendre à cent trente.

– Quoi ? demande-t-elle sans comprendre.

– Ta vitesse, Chloé.

– Oh putain, tu es grave avec ça, tu es traumatisée des bagnoles ou quoi ?

Je grogne discrètement, ayant très envie de l'envoyer balader, mais je me réfrène.

– Premièrement, qu'on soit claires, Betty n'est pas ma « meuf », comme tu dis.

– Ah bon ? Tu te comportes toujours comme ça avec les filles de ton entourage ?

Son ton cinglant et son air supérieur commencent à me gonfler.

– Je t'en prie, éclaire-moi, je me comporte comment avec Betty ?

– Comme des meufs en chaleur. Je vous ai vu vous monter à moitié dessus en sortant du bowling la semaine dernière.

Je vois que je ne suis pas la seule à balancer mes pensées sans filtre sous le coup des émotions.

– Tu n'étais pas au bowling ce jour-là ! répliqué-je afin de la mettre face à ses contradictions.

– Je suis arrivée quand vous partiez, bras dessus bras dessous, collées comme des sardines.

– Tu veux dire, comme quand tu as joué la sangsue avec la meuf de la soirée, là. Adeline ?

– Ne parle pas de ce que tu ne connais pas ! s'énerve-t-elle soudainement.

Non, mais j'hallucine ou quoi ?!

– Tu te fiches de moi, Chloé ? C'est toi qui dis ça alors que si elle ne t'avait pas sortie de la pièce, tu la baisais sur place !

– La ferme ! crie-t-elle alors, semblant être à bout de nerfs. Tu la boucles sinon je fais demi-tour direct !

J'ouvre la bouche pour protester, mais ma voix reste en suspens. Je ne peux pas prendre le risque de débarquer seule au milieu de ma famille que je n'ai pas vue depuis des années. Alors je ne dis rien, pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Je ne sais pas pourquoi parler d'Adeline l'a piquée à ce point, mais ça n'a clairement rien à voir avec moi. Je m'enfonce dans mon fauteuil, croise les bras et regarde le paysage défiler par la fenêtre. Je jette un coup d'œil à ma montre et désespère en découvrant que ça ne fait que vingt minutes que nous sommes parties.

Le trajet va être long... Très long.

Après quelques minutes de silence, Chloé tapote sur le tableau de bord tactile et l'habitacle s'emplit de notes douces et électroniques qui ne s'harmonisent pas vraiment avec notre humeur.

Même si j'acceptais de lui expliquer, je ne sais pas si je pourrais y parvenir. Ma relation avec ma famille est tellement compliquée, il me faudrait des heures à le lui raconter si je veux qu'elle comprenne, et je ne pense pas avoir envie d'aller sur ce terrain-là avec elle.

Mais qu'est-ce que j'ai fait, bon sang ? Je suis si désespérée que j'ai invité Chloé Matteson, ma référente que je connais à peine, une fille complètement lunatique que je supporte péniblement, à venir passer toute une journée au milieu de ma famille de tyrans ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?! Et si elle réellement autre chose qu'hétérosexuelle ? Comment va-t-elle réagir face aux propos horrifiants que peuvent tenir mon père et mon grand-père ? Et encore, uniquement quand ce sont les seuls à se lancer sur le sujet...

Je pousse un long soupir sans m'en rendre compte au moment où la voix de Chloé brise le silence mélodieux qui habite la voiture.

– Je pourrais presque entendre les rouages de ton cerveau grincer.

Ses paroles sont plus douces. Elle semble s'être détendue et je remarque qu'elle roule toujours à une allure correcte. Elle n'est donc pas cruelle au point de me torturer sciemment. Toutefois, elle aurait toutes les raisons de le faire...

– Charly ?

– Mmh ?

– Tu es encore repartie dans tes pensées.

– Désolée.

Je ne sais pas quoi dire d'autre.

– Ne t'excuse pas. Explique-moi.

– Honnêtement, je ne sais même pas par quoi commencer.

Elle ne répond pas tout de suite. J'ignore si c'est une manœuvre pour me pousser à parler, ou si c'est parce qu'elle aussi ne trouve rien à dire, elle non plus.

– Tu as si peur d'aller là-bas toute seule que tu es prête à te retenir de m'en foutre plein la gueule, juste pour que je vienne avec toi ?

Ma pauvre... Tu n'as pas idée...

*******

Et c'est parti pour un repas en famille qui s'annonce joyeux ^^"

Je posterai le chapitre 14 d'ici quelques heures, j'ai pris un peu de retard, mais j'ai de longues journées en ce moment j'ai le temps de rien !

À plus tard !

xx

Victoria

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant