Chapitre n°51 : Epreuve cinq (part 1)

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Les murs du quartier qu'on traverse sont noircis par les incendies. Des morceaux de verre fondu témoigne de la chaleur des flammes. Tout est d'un calme dangereux. D'un silence irréel, comme si la ville s'était figée pour nous écouter marcher.

Pas à pas. Sans bruits. On marche, attentif au moindre mouvement.

-C'est bien la première version du sérum qu'ils t'injectent dans les veines ? Celles où tu restes conscient de ce que tu fais ?

Il hoche doucement la tête, entièrement concentré.

On s'enfonce dans la ville déserte, côte à côte, parmi les carcasses desséchées des immeubles noircis par la chaleur, l'humidité, la pollution, et que le lierre a commencé à envahir. Et puis, doucement, au loin, une rumeur vient se faufiler jusqu'à nos oreilles. Le doux murmure des vagues, le clapotement de l'eau sous les pieds des immeubles fredonnent une inquiétante mélodie. On tourne dans un boulevard, et je m'arrête.

En face de moi, un paysage infini d'infrastructure, les pieds dans l'eau salée et houleuse de la mer. Les premiers immeubles ne sont inondés qu'au niveau du premier étage, mais les suivants sont un petit peu plus immergés, puis encore un peu plus, jusqu'à ce qu'au loin on ne distingue plus qu'une zone de haute mer où seule quelques sommets de tours éparses se distinguent de la masse d'eau mouvante. Et la mer ronge. Les façades sont à moitié détruite par le vent marin et les vagues, rongée par le sel, les micro-organismes qui s'attachent aux parois les revêtant d'une couche granuleuse. Le spectacle est aussi impressionnant que terrifiant.

Je regarde Ethan s'avancer vers l'eau, résolu à entrer dedans.

- Ethan !

Il se retourne, intrigué.

-Je ne peux pas. Il y a trop de produit toxique dans l'eau. Mon corps ne pourra pas le supporter.

Il jette un coup d'œil à l'eau.

-Bordel, j'avais oublié ce détail. Grogne-t-il en fixant le liquide d'un bleu sombre.

Il réfléchit un instant.

- Bon... On a plus qu'à passer par les égouts.

-Pardon ?

-Tu m'as bien comprise Cath. Le QG du plus gros gang de la ville est à quatre rues au Nord, juste au bord de la mer. Ils ont investi le commissariat de Police pour avoir accès à un bâtiment construit dans une optique de défense, avec un accès aux cellules et à la mer pour se débarrasser des prisonniers. Je voulais les surprendre en attaquant par-là, mais du coup ça va être compliqué. Rit-il en passant une main dans ses cheveux. Il nous reste une attaque par le sous-sol.

- Ok. On y va ?

Il acquiesce et se met à chercher une plaque des yeux. Une rectangulaire se trouve juste au pied d'un immeuble. Il s'en approche et l'enfonce d'un coup de talon, avant de se pencher pour l'arracher d'un geste sec. Les jointures sautent, et il lâche la plaque métallique qui tombe contre le sol en un vacarme assourdissant. Je m'approche du trou béant dans le sol, intriguée.

- Tout va bien. Il est assez haut pour ne pas s'être fait inonder. Remarque-t-il.

Il s'assied sur le bord, et saute agilement à l'intérieur avant même que je n'ai pu ouvrir la bouche.

- Saute Cathleen.

- Bordel mais je ne vois rien ! Grognais-je en me penchant au-dessus.

- Je te rattrape.

Je soupire et me laisse tomber, tandis qu'il m'attrape sans beaucoup d'effort pour venir me déposer à côté de lui sur le sol bétonné. La bouche d'égout est loin du boyau que j'imaginais, puisque je peux tenir debout sans difficulté. Pour le reste, je n'y vois rien, mais le chuintement des vagues qui résonnent plus bas me renseignent qu'il y a de l'eau si l'on poursuit à gauche.

Expérience 21Where stories live. Discover now