Alone ? [Reddie]

Rester ?

Eddie était assis sur son lit, en train de jouer avec une boîte de médicaments. Il était au courant. Au courant que si il avalait une certaine dose de comprimés, il pouvait faire tout arrêter. Il pouvait dire au revoir à toutes les mauvaises choses de la vie. Au revoir aux coups et aux insultes des garçons plus âgés qui les appelaient "le club des ratés". Au revoir à sa mère sur-protectrice et à toutes les moqueries que cela engendrait pour lui, car il prenait tous ces médicaments... Au revoir à tous ces cauchemars, et il ne reverrait jamais Ça. Il aimerait tant que tout cela soit possible, malgré le fait que cela soit totalement lâche. Il trouvait tout ça injuste. Il n'avait que 13 ans, et il avait l'impression de déjà vivre un cauchemar. Et, quand il aurait 40 ans, Ça reviendrait. Il avait peur. La peur lui nouait le ventre chaque jour, chaque seconde. Son oeil commençait à gonfler, et il avait mal. Alors pourquoi ne pas tout arrêter ?

Un visage lui vint à l'esprit. Celui de Billy. Oh, Billy Denbrough... Le bègle de la bande. Mais surtout le plus courageux. Affronter les dangers, il le pouvait. Il avait survécu et su accepter la mort de son frère, même si certains jours lui et les autres voyaient que ses yeux étaient rouges. Il continuait de pleurer son frère, mais personne ne disait rien. Parce qu'ils le savaient, ils savaient que si il ne leur parlait pas c'était qu'il ne voulait pas le faire. Il revoyait sa rencontre avec Bill. Le petit garçon était venu le voir alors qu'il pleurait seul dans un coin. Eddie avait toujours été fragile, et avait toujours été mal aimé des brutes... même en maternelle. Il était venu en bégayant, lui disant que ces gens là étaient stupides. Qu'ils étaient bêtes et faisaient du mal aux autres sans raison. Il s'était assis avec lui, et ils avaient discuté jusqu'à devenir de bons amis.

Ensuite, ce fut Stan. Stanley Uris. Le fils du rabbin de Derry, un garçon adorable. Ils avaient toujours été proches sans l'être, partageant rires et moments de joie. Ils avaient un peu le même état d'esprit, la même compétence à retenir toutes sortes de choses, utiles à leurs yeux mais pas forcément aux yeux de tous. Ils étaient tous les deux intelligents, et se retrouvaient bien l'un dans l'autre. Oh, et ils n'étaient pas courageux... Eddie aimait vraiment bien Stanley, même si ils n'avaient jamais été proches. Ils s'étaient toujours compris, se jetant des regards complices qu'ils étaient les seuls à pouvoir comprendre.

Et enfin, un troisième visage se présenta à son esprit. Richie Tozier. Son meilleur ami. Celui à qui il tenait le plus dans ce monde. Il fallait l'avouer, les blagues du garçon à lunettes étaient souvent de très mauvais goût... surtout celles concernant la mère de Eddie. Mais Rich', il avait ce petit truc, cette chose qui faisait qu'Eddie ne pouvait se résoudre à le détester. Son bonheur faisait le sien, et le bonheur du Tozier était d'ailleurs ce qu'il voulait plus que tout. Meilleur ami. C'était son meilleur ami. Mais le petit brun n'était pas stupide. Il avait l'impression que leur amitié était bien plus forte que toutes celles qu'il avaient pu connaître. Leur amitié était... spéciale. Comme si ces limites de l'amitié étaient sans cesse sur le point d'être dépassées. Mais jamais cela n'arrivait, et sans preuve Eddie ne pouvait croire à rien. Il se rappelait la fois où, alors qu'ils n'avaient que 10 ans, Stan et lui s'étaient disputés vis à vis de l'existence d'un dieu quelconque. Pour Eddie, pur Athée, cette histoire de dieu était stupide. Heureusement, lui et Stanley s'étaient vite réconciliés.

Eddie regardait alors ces pilules, désormais dans sa main. Il penchait sa main, histoire de les regarder rouler. Mais d'un coup, il sursauta. Il était arrivé, comme un signe, dans sa chambre. Richie était arrivé. Il remonta ses lunettes et reprit son souffle : il était essoufflé. Il regarda alors l'oeil de son ami puis sa main, et ses yeux devinrent encore plus grands qu'ils ne l'étaient déjà à travers ses lunettes.

"- Merde Eddie, qu'est-ce que t'allais encore nous faire comme connerie !"

Eddie n'eut rien le temps de répondre, Rich' venait de frapper dans son poignet pour faire tomber tous les cachets à terre.

"- Et qui t'a fait du mal ?!"

Eddie se renfrogna, ne voulant pas montrer la joie qu'il ressentait en voyant son meilleur ami à ce moment là.

"- Personne...

- Laisse tomber. Mais... les médicaments, c'était du sérieux ?.. me laisse pas... promet moi que tu ne feras plus rien de tel... t'aurai pu... si j'étais pas arrivé..."

Il était rare que Richie soit si émotif, et cela arriva en plein dans le coeur fragile du petit Eddie. Il lui faisait de la peine. Mais le plus grand reprit alors son ton humoristique, sa façon à lui de faire face aux difficultés de la vie sans s'écrouler.

"- Qu'est-ce que tu ferais sans ton chevalier sauveur ! Oh Ed', il te reste tant à apprendre..."

Il rit alors, et Eddie comprit. Rester. Il devait rester, rien que pour ca. Rien que pour lui.

Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira ❤ hésitez pas à donner vos avis si vous avez le temps, autant positifs que négatifs ^^ la suite arrive bientôt ❤