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Je pense qu'indirectement les chroniques que j'ai lu dans mon passé ont une influence sur ma perception de ce mariage. Me voilà totalement tombé dans le cliché du mari gentil qui va me faire tomber amoureuse puis me détruire après. Mais après tout ce ne sont que des histoires, je ne peux donc pas les associé à ma réalité. Peut-être qu'Ibrahim est sincère et que je devrais laisser les choses se faire.

Il ne m'a pas l'air vicieux, néanmoins je pense que si d'ici quelques mois nous ne passons le cap il ira sans aucun doute voir ailleurs. Et ca j'en suis persuadé.

Après réflexion, je décide de m'en remettre à Dieu car il est le seul à connaitre le contenu de nos coeurs. D'ailleurs à ce sujet, il faudrait que j'ai une discussion avec Ibrahim. Il ne prie quasiment pas, il refuse de se réveiller pour fajr mais pour lancer des « wAllah », « sur l'coran d'la mecque » ou encore « au nom Dieu » c'est le premier.

Un homme qui n'a pas la réligion dans son coeur, n'a rien. Ce n'est pas le genre de père que je souhaite pour mes enfants. J'ai beau lui faire des rappels, tenter de le réveiller pour prier mais en vain...

Mais comment aborder ce sujet sans trop le contrarié car ce n'est pas mon but bien au contraire. Je veux juste qu'il réalise l'importance de la prière dans notre réligion.

Ibrahim - pourquoi t'es venue t'réfugier dans la chambre ? j'ai fais quelque chose qui fallait pas ?

- non, non fin euh je voudrais qu'on parle d'une chose si ca te dérange pas

Ibrahim - vas-y je t'écoute

- euh voila, en faite je fin promet de ne pas te fâcher d'abbord

Ibrahim - *rire* ok promis

- pourquoi tu ne prie pas ?

Ibrahim - *soupir* me prend pas la tête, oui je sais c'est pas bien blablabla allez !

Il s'est levé pour partir mais je l'ai retenu.

- attend Ibrahim, c'est pas un reproche je veux juste comprendre...

Ibrahim - y'a rien à comprendre si t'es pas contente t'avais qu'à t'marier avec un imam !

« t'avais qu'à » ? À quelle heure on m'a demandé mon avis ? Je rêve.
Sur ces mots il se détacha de mon emprise et s'en alla en claquant la porte.

Je l'ai attendu toute la journée, j'ai essayé de le joindre, je me suis même rendu dans son quartier mais en vain. Il est introuvable.

La nuit était tombé depuis un moment déjà, c'est là que j'ai vraiment commencé à m'inquièter. Je venais de finir ma prière lorsque j'entendis la porte se fermer, je me précipita au salon et retrouva Ibrahim qui semblait bien dans ses baskets.

- puis-je savoir pourquoi tu ne répondais pas à mes messages et mes appels ?

Ibrahim - j'avais pas envie.

- ok et où étais-tu ?

Ibrahim - quelque part, évite de t'pointer dans mon quartier sans moi.

- je n'aurais pas eû à le faire si monsieur aurait donner signe de vie.

Ibrahim - qu'est-ce tu veux que j'te dise ?avec des si on refait le monde

C'est tout ce qui trouve à me dire ?
Je préfère ignorer sa remarque et rejoindre ma chambre. Marwa me parle de Salif, apparemment il lui aurait bien plus. Ce qui est assez étonnant puisqu'elle ne cesse de répéter qu'il n'y pas mieux que les hommes maghrébins et j'en passe.

Marwa - j'ai parlé avec Younes

- et ?

Marwa - quoi et ? tu te doute que si j'te l'dis c'est qu'on a parlé de toi

- *soupir* qu'est-ce que vous vous êtes dit ?

Marwa - flemme de raconter je t'envoie les screens

- ok, j'te rappelle dans cinq minutes j'vais commander à manger

Marwa - bagra va

J'ai rien mangé aujourd'hui, je commande donc des pizzas et des desserts puis j'ouvre le message de Marwa qui m'a envoyé les fameuses screens. Je les lis une à une attentivement et je comprend rapidement que Younes m'en veut encore et ne comprend toujours pas pourquoi ca ne s'est pas fait lui et moi.

Je décide d'appeller Marwa sur le champs mais je tombe sur sa messagerie :
« Je ne suis pas disponible pour le moment, inutile de me rappeler si on est pas pote bisou et vive le Maroc. »

Cette histoire commence réellement à m'agacer, il faut que j'ai une seconde discussion avec Younes car visiblement on ne sait pas tout dis. Je pensais pourtant que tout cela appartenait au passé, helas.

La sonnerie de la porte me sort de mes pensées c'est surement le livreur en tout cas je l'espère.

Livreur - bonsoir, tenez c'est pour vous.

- merci, gardez la monnaie et bonne soirée

Livreur - oh merci beaucoup madame, bonne soirée à vous aussi.

C'était un petit jeune et honnêtement je doute fortement qu'il soit mais bon, il était polie et faisait bien son travail c'est le plus important.

Je dépose tout sur la table et pars me laver les mains.

- tu mange pas Ibrahim ?

Ibrahim - non.

Je suis prête à parier qu'il n'a rien mangé aujourd'hui mais visiblement monsieur préfère crever de faim plutôt que partager un repas avec moi.

S'il croit que je vais le laisser mourir de faim par fierté il se met le doigt dans l'oeil. Je saisis un carton de pizza et pars me joindre à lui sur le canapé.

Ibrahim - bouge tu vois qu'je joue la !

- met pause et mange.

Ibrahim - j'ai pas...

Ni une ni deux je lui mis une part dans la bouche et l'obligea ainsi à manger. Après un long discours et un peu de forcing Ibrahim a enfin accepté de se nourrir. Si ca ce n'est un enfant qu'est ce que c'est sérieusement ?

Ibrahim - j'ai mangé c'est bon t'es contente madame ?

- oui, maintenant on peut parlé sérieusement.

Ibrahim - *soupir* Issa a toujours été le chouchou de mon père, petit c'est lui qu'il amenait à la mosquée, c'est lui qui priait avec les hommes tandis que moi j'étais en cuisine avec ma mère... au cours coranique Issa était le premier d'la classe moi j'avais beau réviser chaque soir ca voulait pas rentrer alors mon père en a conclue que j'étais l'incarnation du diable.
Arrivée en cinquième j'ai dérivé, j'ai arrêté les cours coraniques, j'foutais la merde en cours, j'esquivais mon propre chez moi pour pas croiser mon daron et ca été comme ca jusqu'à l'année du Bac ou j'me suis calmée pour rendre fière ma mère même si mon Bac pro commerce ne valait rien face au Bac S mention bien d'Issa.
Durant toute ses années j'ai delaissé la prière, jusqu'à que ma mère est des problèmes de santé où là j'ai repris mais mon père m'a dit que je ne duperais pas le Tout puissant et que les prières d'un enfant comme moi n'apporterait que des malheurs et le pire c'est que c'était vrais.
A chaque fois que je venais voir ma mère en sortant de la mosquée, elle n'était pas bien puis un jour j'ai tout arrêté et quelques jours plus tard son etat s'est amélioré et c'est la quelle m'a fait par de ses derniers voeux j'pense que t'es au courant ?

- hm

Ibrahim - voilà tu sais tout maintenant.

Il avait la tête baissé, je la releva donc et le prenna instinctivement dans mes bras. Je n'arrive pas y croire. Son père à l'air si gentil pourtant.

Comment peut-on tenir de tel propos soubhana'Allah, c'est grave de dire des choses pareil surtout à son propre fils. Je n'en reviens pas. Il faut à tout prit que j'arrange ca.

AïdaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant