Torture

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Christian se haïssait. Il se haïssait pour ce qu'il avait fait à Alexei qui avait eu si aveuglément confiance en lui et qu'il avait trahi sans une hésitation sous prétexte qu'il devait le protéger. Mais quelle connerie. Lui dire la vérité ne lui avait rien coûté et il était certain que le jeune homme aurait sans aucun doute accepté avec joie de revenir avec lui. De l'aider. Et lui avait préféré l'éloigner. Il avait été stupide. Il n'avait fait que perdre la seule personne à qui il tenait plus qu'à Jean, qu'il avait toujours considéré comme son petit frère. Dieu lui en soi témoin, il était terriblement atteint par cette perte, même s'il ne montrait rien. Il aimerait bien savoir : Où était-il ? Que faisait-il ? Était-il triste ? Lui en voulait-il ?

Il avait réfléchi tout le long de la semaine suivant le départ de son soumis. Que faire pour le récupérer et pour être sûr que rien ne puisse plus lui arriver ? Il fallait qu'il se libère du joug de son père. Qu'il libère aussi son cousin par la même occasion. Une discussion s'imposait. Voir peut être... Non, il ne pouvait pas y penser pour le moment. Il avait beau être un monstre, il restait son père.

Il choisit de rendre une petite visite à ses parents le week-end même. Il partit le vendredi soir en prévenant uniquement Basile de ses plans. Avant son départ, il avait envoyé un message à Morgane pour lui dire qu'il revenait mettre certaines choses au clair et qu'elle devait absolument se mettre à l'abri. Il avait aussi ordonné à Basile de veiller sur Alexei, Aiden ainsi que son compagnon, et Jean. Au bout du long trajet, il entra chez lui pour aller dans la salle à manger où se trouvait sûrement ses parents à cette heure. Il était déterminé à changer sa vie. Il ne voulait plus obéir bêtement à cet homme qui l'avait tant fait souffrir. Il voulait... Il voulait Alexei. Voilà ce qu'il voulait. Il l'avait aimé au premier regard, au premier mot, au premier contact. Qui ne ferait pas tout pour vivre en paix avec celui qu'il aimait ? Il avait une raison de se battre et rien, ô rien, ne pouvait l'arrêter. Pas même le regard de son père quand il avait pénétré dans la salle.

L'homme n'avait même pas été étonné de le voir ici. Il lui avait simplement lancé une de ses œillades furieuses dont il avait le secret avant de reprendre son repas. Il l'ignorait. Très bien, mais le châtain n'allait pas se laisser faire. Il avança d'un pas et claqua sa main près de l'assiette du sexagénaire. Son père leva un regard interrogatif vers lui. Enfin, il avait son attention. Il souffla un bon coup et annonça de but en blanc :


- Je ne veux plus diriger le gang.

- Pardon ?

- Tu as très bien entendu, soupira le gérant du club, je ne veux plus de ton héritage de merde. Débrouille-toi, moi j'en ai marre. Et je veux que tu retires Jean de tout ça aussi. Il n'est pas ton fils.

- Hors de question que tu laisses tout tomber. Je vais te remettre les idées en place, tu vas voir.

- Essaie toujours. Je n'ai plus peur de toi.

- Dommage pour toi. Ce que je t'ai fais n'était qu'une partie de ce que je peux te faire, Christian. On va voir si ton caprice ne sera pas passé demain.


Le combat était-il donc perdu d'avance ? Il fallait se rendre à l'évidence, le dialogue ne servait à rien. L'homme n'entendrait jamais raison. Alors il en était donc réduit à ça ? Le tuer ? Eh bien soit... S'il le fallait, et même s'il demeurait son père, alors il le ferait.

Il attrapa le couteau près de l'assiette et élança sa main vers sa trachée. Il était rapide et efficace. Mais il ne s'attendait pas à ce que son père se redresse avec vivacité. Cela le déstabilisa et il eut le temps de l'immobiliser. Une habile clé de bras dans le dos lui fit lâcher son arme improvisée dans un grognement de douleur. Il se retrouva le visage contre la table en bois vernis, incapable de bouger. Sa mère, qui avait assisté à toute la scène, ne perdit pas de temps et prévint les hommes. autour de la maison. Ils n'avaient pas tardé à rappliquer et à l'immobiliser à leur tour pour l'emmener dans le jardin. Là, il y avait un cabanon qui menait à une pièce souterraine. Cette pièce où son père avait pris plaisir à torturer maintes fois ses ennemis. C'était aussi là qu'il avait entraîné son fils et son neveu pour les transformer en tueur. Se débattre ? Il aurait bien voulu. Mais en tentant de briser la clé du garde qui le poussait, il s'était déboîté l'épaule. Voyant cela, un de ses collègues en avait profité pour l'assommer.

The Guardian ClubWhere stories live. Discover now