The Guardian Club

Apple Garden

Christian s'était réveillé aux alentours de dix heures et avait regardé son soumis endormi dans le grand lit aux draps blancs que le jeune avait repoussé dans la nuit malgré la fraîcheur évidente à l'extérieur. Inquiet, il posa la main sur son front et grimaça légèrement en sentant qu'il était encore brûlant de fièvre. Il n'avait pas le choix, il devrait l'emmener avec lui, ce serait un peu plus compliqué pour gérer ses affaires, mais il ne pouvait pas le laisser seul alors qu'il était aussi mal en point. Il le secoua donc en douceur pour le réveiller. Le blond sortit du sommeil en grognant avant de poser ses yeux bicolores sur Christian. Il les baissa dès qu'il croisa les iris émeraudes en face de lui, ce qui fit rire son vis à vis qui remit en place quelques mèches rebelles.

- Bonjour, Alexei, bien dormi ?

- Oui... Mieux que pour le début de la semaine en tout cas. Et vous, Maître ?

- Ta présence est assez agréable. Bien, file te doucher, nous devons faire un peu de route, je dois régler des affaires dans le coin, tu es encore fiévreux alors je préfère te savoir non loin de moi.

- Vous... allez travaillez, demanda Alexei, légèrement déçu.

- Je... Oui. Mais seulement aujourd'hui, Kitty, c'est promis. Demain jusque dimanche, nous serons seuls. Allez, va.

Le blondinet hocha la tête et se leva, partant se doucher rapidement pendant que Christian appelait le service de chambre pour qu'on leur monte le petit déjeuner. Lorsque le mannequin sortit de la salle de bain avec le peignoir blanc de l'hôtel noué négligemment autour de sa taille, il ne put s'empêcher de le détailler, alors qu'il se penchait pour chercher des vêtements dans sa valise. Le dominant s'avança vers lui et se pencha par dessus la valise, vérifiant que son ordre avait bien été respecté. Satisfait en ne voyant aucun sous-vêtements, il partit chercher dans la sienne de quoi habiller son soumis. Son regard s'accrocha à la lingerie fine, mais il préféra lui donner un simple caleçon. Il ne pourrait pas en profiter alors à quoi bon ?

Alexei le remercia et s'habilla pendant qu'il allait lui-même se doucher. Quand il revint, le mannequin était en train de lui dresser un plateau avec les plats qu'une employée de l'hôtel avait amené en vrac. Cela le fit sourire que son soumis ait compris seul ce qu'il attendait de lui. Quand le plus petit remarqua sa présence, il lui apporta le plateau avec des croissants, un café et un verre de jus d'orange. Il le récompensa d'une caresse sur le haut de la tête et commença à manger, vite rejoint par le jeune homme. Ils quittèrent ensuite l'établissement et retournèrent à la Mustang garée sur le parking non loin. Le trajet se fit de nouveau en silence, l'un concentré sur sa conduite et l'autre découvrant avec joie le bocage Normand. Au bout d'une demi-heure de route environ, ils arrivèrent à Cherbourg, ce qui fit sourire Alexei car il ne voyait pas du tout ce que pouvait venir faire Christian ici. Ce dernier alla se garer en centre-ville et ils sortirent tous les deux de la voiture.

- Je dois aller régler mes affaires, tu peux te balader en ville... Disons...jusqu'à quinze heures. Envoie-moi un message si jamais tu te sens vraiment mal.

- C'est d'accord, Maître... Mais... Je ne pense pas me perdre par ici... Cette ville est toute petite et les boutiques ne doivent pas être très folichonnes.

- Aaaaah... Tu es désespérant, petit parisien. Trouve-toi un bon restaurant dans un premier temps, je te rembourserai plus tard... Ensuite, tu pourras faire un tour.

 - Très bien... à plus tard, Maître

Il regarda le châtain s'éloigner dans les rues et après quelques instants, choisi de bouger lui aussi et d'aller trouver un restaurant.

~~~

Alexei venait à peine de sortir du restaurant dans lequel il avait mangé qu'il se sentit assailli par une soudaine fatigue. Il comprit aisément qu'il faisait une montée de fièvre, cependant, il ne voulait pas déranger son dominant. Il tenta de déambuler en ville mais il sentit rapidement qu'il ne tiendrait pas, alors il décida d'entrer dans un petit café dont le nom lui semblait sympathique, Apple Garden. Il fut accueilli par un homme dans la quarantaine à l'accent anglais et à la bonne humeur communicative, ce qui fit naître un sourire sur son visage fatigué, et il alla commander un thé noir et un muffin aux myrtilles au comptoir. Il s'assit ensuite à une table et fut rapidement servi par une jeune brune. Il la remercia et dégusta son met en souriant. Ce lieu respirait la simplicité et la bonne humeur. On n'y voyait plus passer le temps. 

C'est ainsi qu'il vit passer un flot de lycéens dont un petit groupe de quatre filles accompagnées d'un jeune homme qui comme lui, semblaient avoir oublié les minutes. Les amis lui rappelaient ses longues après-midi dans les cafés parisiens avec Aiden, quand il retardait un maximum le moment de rentrer chez lui. Il savoura son second thé en pensant à cette époque et se dit qu'il devrait sûrement remettre ça, un de ses quatre quand leur travail le leur permettrait. Seul souci, Alexei ne vit tellement pas le temps passé que lorsque son téléphone sonna et qu'il décrocha, il crut mourir.

- Alexei ! Tu as quinze minutes de retard ! Tu m'expliques ?!

- M-maître ? J'arrive ! 

- J'espère bien ! Dépêche toi car plus tu tardera plus ta punition sera sévère.

Alexei s'apprêtait à répondre mais son dominant raccrocha sans lui en laisser le temps. Il déglutit et se leva pour sortir mais s'arrêta en sentant le regard d'une des jeunes femmes du groupe d'amis se poser sur lui. Cette dernière était plutôt grande, brune et les yeux mélangeant marron et vert, ses cheveux ramenés en chignon avec un ruban rose et un fin trait de liner lui donnant un look entre pin-up et rock. Elle le fixait avec un petit sourire, comme si elle avait tout deviné, mais une de ses amies, aux longs cheveux noirs dont la pointe était teintée verte, l'interpella, la sortant de sa contemplation :

- Hey ! Clémence! Tu m'écoutes ?

 - Mm ? Oh oui, désolée, Cléa. On en était où ?

Et ils recommencèrent à discuter joyeusement. Le jeune homme se dépêcha de sortir et rejoignit Christian sur le parking où il l'avait laissé le matin même. Ce dernier était adossé à la voiture et l'attendait, la colère se lisant sur son visage. Cela n'avait rien d'étonnant à vrai dire, il savait qu'il l'avait plusieurs minutes de retard. Sans un mot, son dominant ouvrit la portière et entra de son côté dans le véhicule, rapidement imité par le plus jeune. Il n'osa pas lui jeter un regard, il n'avait aucun doute sur le fait qu'il était vraiment furieux contre lui et qu'il serait puni dès leur arrivé.

Aucun doute, il allait sûrement souffrir...