J'aurais pu avoir un référent super cool ou tout simplement sensé, mais non, il faut que je me coltine une meuf complètement à côté de la plaque qui m'inflige une douche écossaise à chaque fois qu'on se voit.

Soupirant, je me remets au travail.

Le dernier contrat terminé, j'attache le tout ensemble, les glisse dans une pochette et me rends dans le bureau de Chloé. Je toque et entre, mais là encore ce n'était visiblement pas la bonne chose à faire. Elle lève la tête et me fusille sur place avec ses yeux couleur noisettes grillées.

– Je vous rappelle, aboie-t-elle au téléphone avant de raccrocher et de presque m'arracher la pochette des mains. Tu en es où du dossier Dangon ?

– De rien, je marmonne, excédée. Je me suis occupée du parcours, tu veux que je te l'emmène maintenant ?

Ou que je le mette entre deux dictionnaires pour t'écraser la tête avec ?

– Ben oui, sinon je ne te l'aurai pas demandé ! me répond-elle avec véhémence en s'affairant à chercher quelque chose dans ses tiroirs.

– Un peu de respect, ce serait bien aussi, marmonné-je dans ma barbe, espérant à moitié qu'elle m'entende.

– Quoi ?

– Rien, je reviens.

Je sors en claquant presque la porte malgré moi, récupère le dossier Dangon dans mon sac et le lui ramène en me retenant très fortement de ne pas le balancer dédaigneusement sur son bureau. Avant d'avoir le loisir de l'entendre râler à nouveau, je file dans le hall en faisant un signe de la main aux quelques collègues restant et quitte l'agence.

J'aime mon travail.
J'aime mon travail.
J'aime mon travail.

***

Le lendemain matin, je prie pour que le soleil rayonnant illumine autant l'humeur de Chloé que le ciel bleu. Mais quand j'arrive au travail, sa mine n'est pas jolie à voir. Elle semble exténuée. Je la soupçonne d'avoir légèrement abusé de l'anticernes qui n'est pourtant pas parvenu à masquer les boursouflures qui entourent ses yeux. Soit elle s'est couchée il y a trois heures, soit elle a beaucoup pleuré.

Quand elle m'aperçoit, à ma grande surprise elle ne me crie pas dessus. Au contraire, d'une voix faible, elle me notifie qu'elle a validé mon dossier sur le trajet du rallye et qu'elle s'est chargée de remplir le book avec mon travail. Elle me remercie et son portable se met à vibrer. Elle soupire, exaspérée, et laisse tomber sa tête dans ses mains.

– Ça ne va donc jamais s'arrêter ? murmure-t-elle, avant de décrocher en me congédiant du regard.

Je quitte la pièce en fermant la porte discrètement. Qui passe donc son temps à l'appeler ? Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la peine pour elle. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa vie en ce moment, mais ça semble l'atteindre. Cette Chloé n'a rien à voir avec celle qui plaisantait dans la voiture il y a quelques jours de cela. Même hier, elle avait plus de vie dans sa mauvaise humeur. Et si elle se borne à répondre à son téléphone, c'est que ça ne doit pas être quelqu'un à qui elle peut se soustraire. Ou qu'elle n'est pas très maligne, car elle pourrait se contenter de balancer son portable par la fenêtre et le problème serait réglé. Mais je conçois que cette réaction soit légèrement extrême.

Si peu...

Alors que je m'amuse de mon petit monologue intérieur, Chloé débarque dans la salle commune, embarrassée, m'annonçant qu'elle ne pourra pas assurer la réunion de ce matin.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant