Les maraudeurs à Poudlard, 1ère année [Terminée]

28. Je peux comprendre

       

            Le repas du soir s'était déroulé dans un véritable capharnaüm de bonne humeur. Tous discutaient de la blague des maraudeurs. Lily était plutôt joyeuse, rigolant avec ses amis. Quand ils remontèrent dans la salle commune, elle se posa dans son fauteuil favori, celui contre la fenêtre, assez proche du feu pour en sentir la chaleur et placé de façon à voir toute la salle, l'entrée comme les escaliers pour les dortoirs. Elle prit un gros livre de sortilège, emprunté dans la réserve. Celui-ci était très vieux, le cuir noir se craquelait. Lily le lisait avec un petit sourire. De temps à autre, elle jetait un regard sur l'horloge mural, 20h15, 20h37, 20h59, 21h, 21h02, 21h14, 21h17, le passage s'ouvrit, dévoilant les quatre maraudeurs, qui entraient sous un triomphe d'applaudissement.

            Soudain, il y eut un claquement de livre et le silence s'abattit sur la salle. Sirius et James échangèrent un regard apeuré et tentèrent de reculer, mais Remus leur lança un regard noir en bloquant le passage. Peter, quant à lui, ne comprenait pas ce qui se passait. Etais-ce la vengeance des Griffondor, car ils avaient perdu trop de points ?

            En réalité, c'était bien pire que ça. Lily s'approchait tranquillement, un léger sourire aux lèvres, les élèves s'écartant devant elle comme la mer devant Moïse. Elle se planta devant les garçons, son gros livre sous le bras et commença d'une voix doucereuse :

-Bonsoir les garçons. Comment allez-vous ? Je vous le demande, car nous ne nous sommes pas vu de la journée, alors que nous devions travailler ensemble. Enfin, je peux comprendre, rester enfermer dans une salle de classe alors qu'on peut être dans le parc, c'est bien mieux

-L... Le regard plus vert qu'un Avada Kedavra dissuada Sirius de continuer

-Cependant, j'aurais aimé être prévenu, je vous attendais avec Aliana dans la salle de sortilège qu'on avait réservé. Je devais vous entrainer aux sorts, puisque vous n'arrivez pas à lancer un simple Wingardium Leviosa. Mais je peux comprendre, vous avez dû vous entrainer tout seul. Je pensais quand même que vous viendriez pour le sortilège d'horloge, car le professeur Flitwick m'a dit que votre emploi du temps était surchargé. Il parait que vous avez pris de nouvelles options ? Ménage et savoir-vivre ? C'est étrange que vous ne me l'ayez pas dit, puisqu'on est censé être les maraudeurs, n'avoir aucun secret les uns pour les autres ? Le regard de Lily se plongea dans celui de Remus

-Ecoute, commença le loup-garou, sans toutefois trouver d'argument

-Non, ce n'est pas grave ! Je comprends ! Vous voulez vous débrouiller par vous-même, sans avoir d'attache, comme ça, on ne risque plus d'être blessé, son regard passa à James, qui baissait piteusement la tête, mais pourquoi pas après tout. Il faut mieux paraitre toujours heureux, joyeux et cacher ses vices, ses blessures au plus profond de soi ? Rire pour ne pas pleurer et faire subir aux autres pour ne pas subir ?

-Tu... Les mots de Sirius se bloquèrent dans sa gorge en voyant les yeux de Lily

-Je comprends les garçons, je comprends ! Enfin, je peux comprendre que vous vous amusiez, mais de là à déranger tout un peuple sous-marin ! Vous auriez pu les tuer ! Vous rendez-vous compte de votre connerie ! Vous ne savez pas ce que contient les bombadouses ! Vous ne savez pas si c'est toxique ou s'ils peuvent faire une réaction avec l'eau ! Les Strangulos auraient pu s'étouffer ! Mourir par suffocation, dans la douleur ! Sans avoir gêné personne ! Votre débilité ne vous honore pas !

-C'était juste une blague, ne t'énerve pas ainsi ! S'exclama Sirius

-Mais je suis très calme Black. Très, très calme. Vous m'avez simplement tous déçu, tous autant que vous êtes. Peter, je ne connais pas très bien, mais je te croyais plus intelligent que ça, surtout que tu as beaucoup de respect pour la vie

-Désolé, murmura Peter

-Quant à toi Remus, tu sais très bien qu'il faut tempérer les deux autres. S'en prendre à des créatures innocentes, simplement parce qu'elles sont différentes. Je ne te croyais pas comme ça

-Je n'y avais pas pensé

-J'avais remarqué. Tu es sensé être responsable, mature, comprendre et être un gardien. Tu dois veiller sur nous, martela Lily, et toi James, tu t'attaques à des innocents, sans leur offrir d'échappatoire ? Ils ne pouvaient même pas se défendre ! Je sais que tu adores blaguer, mais nous avions posé les bases ! Ce jour-là, tu avais pris ma défense, je croyais que tu comprendrais

-C'est... Je n'aurais pas dû, soupira James

-Ne comptes pas me faire la morale, tu ne me connais pas, intervient Sirius, en voyant le regard de Lily passer sur lui

-Ah bon ? Vraiment ? Je suis surement la personne qui te connais le mieux, qui sais véritablement qui tu es et ce que tu as vécu

-Et alors ! Je fais ce que je veux ! Je suis libre ! S'énerva Sirius

-La liberté des uns commence à l'endroit où se termine la liberté des autres, répondit froidement Lily

-C'est ma vie et c'est moi qui décide !

-Dans ce cas, tu ne vaux pas mieux que les mangemorts

            La dernière phrase de Lily jeta un froid dans la pièce et le silence devient pesant, lourd. Les trois garçons avaient la tête baissée, dépités. Tandis que Sirius et Lily se dévisageaient. Pour l'Animagus canin, c'était la pire insulte qui pouvait exister. Il murmura, d'une voix rauque, semblable au grognement d'un loup :

-Je ne suis pas comme eux !

-Alors ne recommence plus. Tu vaux mieux que ça. Je me fiche que vous fassiez des blagues à longueur de journée, puisque je vous ai aidé à en fabriquer la plupart. Par contre, je ne supporterais que vous vous en preniez une nouvelle fois à des innocents qui vous ont rien demandé !

-Ne t'en fais pas, on a compris la leçon, soupira Sirius, mais fait très attention alors, toi, pourrais être touché

-C'est une menace ? Rigola légèrement Lily

-Non, une intuition, souri l'Animagus canin

            Les deux amis se sourirent et l'ambiance se calma. Par contre, Lily refusa de faire et de corriger les devoirs des garçons. En allant se coucher ce soir-là, ils se jurèrent de ne plus recommencer une telle bêtise. La prochaine fois, Lily pourrait-être de mauvaise humeur. Sans le savoir, cette nuit-là, Sirius et James pensèrent à la même chose, une fois que Voldy et ses compatriotes auraient disparu, ils monteraient une boutique de farces et attrapes.