Chapitre 12 : Ensemble jusqu'aux cieux

46 8 0
                                    

Légère. Oui, après ça, la vie m'a semblé plus légère. Grâce à Eleanor. Pas moins compliquée, loin de là ; seulement plus légère.

Je tourne la tête vers Eleanor. Comme toujours, elle est très concentrée. Je décide de me concentrer à mon tour sur mon objectif. Et nous courons. Encore et encore. Je dirais que l'on court le même lièvre. Nous courons pour échapper à la meute de loups sauvages qui nous poursuit.

Leurs grognements et le bruit de leurs mâchoires qui claquent se rapprochent de plus en plus de nous. Je commence à vraiment stresser. J'ai un souvenir récent de crocs de loups s'enfonçant dans ma chair. Il est très frais pour s'être passé quelques heures auparavant. Je redouble d'efforts. Puis au loin, j'aperçois le portail. Si je me laissais aller, je serais en train de me rouler par terre de soulagement.

-Eleanor ! Portail ! je crie en le pointant du doigt.

-Bien reçu ! crie t-elle à son tour en hochant la tête.

Nous dirigeons vers le portail de plus en plus rapidement. Soudain, je me prends les pieds dans une des nombreuses branches qui jonchent le sol. Je m'écrase lourdement au sol. Je commence à ramper à reculons lorsque je me rends compte que les loups ne sont qu'à quelques mètres de moi.

-Dépêche-toi Blake ! Ils arrivent !

-Non sans blague ! j'arrive à crier tout en me relevant.

J'entends Eleanor grogner. Je me tourne vers elle en recommençant à courir.

Mais quelle idiote.

-Eleanor tu es sérieuse ?! Le portail est derrière toi, vas-y ! Ne m'attends pas !

-Blake je n'irai pas sans toi ! hurle t-elle pendant que j'esquisse une glissade sous une branche pas assez proche du sol pour sauter par-dessus.

Le temps que je me remette debout, un des canidés me saute dessus et commence à mâchouiller mon mollet. Je grogne et continue de courir - enfin j'essaie - malgré le boulet accroché à moi. La douleur est assez supportable alors je l'ignore. Je finis par rejoindre Eleanor après quelques efforts. L'autre bestiole commence à enfoncer ses crocs plus profondément dans ma chair. Je laisse échapper un cri et j'agite ma jambe dans tous les sens. Comme si ça allait arranger les choses.

-Laisse moi faire ! soupire Eleanor avec agacement.

Sur ces mots, elle s'approche de moi et l'animal et lui lui attrape fermement la nuque d'une main avant de le poignarder de l'autre avec la lame, seule arme dont nous disposons. Le canidé lâche mon mollet en couinant et se retourne avec un air furieux vers Eleanor. Il s'élance sur elle en grondant, la bave aux lèvres, mais avant qu'il puisse faire quoi que ce soit, Eleanor l'achève en déchirant la peau de son ventre à partir de la blessure qu'elle lui a infligée. Un jet carmin sort à grande vitesse du corps sans de l'animal que je vois tomber au sol. J'ai à peine le temps de remarquer que les autres loups foncent sur nous qu'une main me tire en arrière, et je traverse alors le portail sans m'en rendre compte.


Je tourbillonne pendant un instant dans l'atmosphère étrange du passage d'un portail à l'autre puis j'atterris sur quelque chose qui amortit ma chute. J'atterris sur Eleanor plus exactement. Je me sens chauffer tout d'un coup.

-Blake... Tu m'écrases... dit-elle d'une voix étouffée.

Elle est toute rouge. Je parie que je suis pire qu'elle.

-P-pardon... je bégaie.

Je me décale et me redresse pour observer le paysage nouveau. On est au milieu d'une prairie dont l'herbe est coupée à ras. La prairie est bordée de platanes dont les feuilles sont légèrement soulevées par le vent. Le ciel est sombre et dégagé, les étoiles sont parfaitement visibles. Le moment idéal pour une séance d'astronomie. Mais pour l'instant, je n'ai pas la tête à aller dans les étoiles. J'ai les pieds sur terre, et j'observe ma belle Eleanor allongée dans l'herbe alors qu'une douce brise vient nous caresser.

Je me recouche et roule vers elle. Elle tourne la tête vers moi et ses yeux clairs me scrutent. Je vois ses cheveux gris-bleu tomber délicatement et effleurer le sol. Ils sont un peu salis, mais restent magnifiques. Une question me vient.

-Pourquoi tu n'as pas traversé le portail quand tu y étais ? Tu aurais pu te faire attaquer.

Elle lève les yeux au ciel.

-Tu es un abruti Blake. soupire t-elle.

Je fronce les sourcils et la colle à moi d'un mouvement de bras avec un sourire malicieux. Elle rougit et détourne le regard.

-... un abruti sexy mais un abruti quand même. finit-elle en bougonnant.

Je ris pendant qu'elle prend un air faussement offensé. Je me calme mais elle fait une tête tellement étrange, entre la surprise et un air bougon que je me retiens de repartir dans un fou rire devant sa tête. Elle me souris.

-Je t'aime sale crétin. souffle t-elle.

-Ça je le sais. Tout le monde m'aime ! dis-je en arborant un sourire séducteur.

Elle fronce les sourcils en rougissant et commence à me taper le torse avec ses poings.

-TU N'ES QU'UN A-BRU-TI BLAKE LANDERS ! UN PARFAIT ABRUTI  ! scande t-elle tout en tapant.

J'esquisse un sourire. Elle ne me fait pas mal. J'attrape ses poings et les tiens fermement. Elle lève vivement la tête vers moi.

-Et toi tu es juste parfaite. je murmure.

J'approche mon visage du sien. Elle écarquille les yeux de surprise et je la sens se détendre un peu.

-Et je t'aime aussi. je finis toujours aussi doucement.

Je continue de me rapprocher d'elle. Je lâche ses mains et passe une des miennes dans son dos pendant que l'autre caresse ses cheveux. Ses si beaux cheveux. Je réduis encore l'espace qui nous sépare et je sens mon cœur battre à tout rompre. Son souffle rapide sur ma peau allume en moi un brasier qui ne cesse de grandir. Le silence dans la prairie me permet de n'entendre que le rythme effréné de son cœur, poursuivant la même cadence que le mien. Mes lèvres effleurent les siennes et une décharge me transperce, tout comme la première fois.

Puis nos bouches se joignent dans un commun accord pour un baiser très doux. Je ferme les yeux de manière à profiter pleinement de cette rencontre. Elle est douce et sucrée mon Eleanor. Je l'aime. Cette fois, je romps le contact plus rapidement. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Nous nous écartons un peu, et je regarde le ciel. Magnifique. Tout comme elle.

Je l'invite à venir près de moi et commence à lui montrer les plus belles constellations. Je lui indique la position de Pégase, du Dragon et du Lion. Elle pose sa tête sur mon épaule tandis que je lui conte les légendes qui concernent les dessins dans le ciel. Finalement, elle s'endort comme ça. Je l'enlace de mes bras, oubliant que le danger peut être partout, et je m'endors à mon tour.

Demain est un autre jour.

C.O.M.A.On viuen les histories. Descobreix ara