Chapitre 3 : Désert de solitude

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Je traverse le portail, ma lame rouillée à la main. Je transplane. J'arrive (sur mes deux pieds cette fois) dans ce qui semble être une plaine. Non, un désert. Je ne vois personne. Une plaine désertique. Parfait. Enfin, que dis-je ? Il n'y a et n'aura jamais personne. Tous mes prédécesseurs sont morts et mortes. Je suis seul.

Il n'y a aucun danger à l'horizon, mais je sais qu'il y en a un quelque part. Je pars à la recherche de mon futur abri pour dormir. J'escalade les roches qui m'entaillent les pieds et les mains. Je marche pendant longtemps, mais rien ne me tombe sur la tête. C'est vraiment étrange. Un craquement derrière moi me fait sursauter.

Qu'est-ce ?

Je me retourne lentement. Avant que j'aperçoive l'origine de bruit, quelque chose me plante vivement ses crocs dans mon mollets. Je crie sous la douleur et la surprise et localise vite mon bourreau, suspendu à sa prise - alias mon mollet. Un serpent gigantesque vient de me planter. Ma lame encore à la main, je ne réfléchis pas davantage et tente d'embrocher le serpent. J'ai tenté, oui. C'est le bon mot. Ce dernier retire ses crochets de ma chair, ça m'est très douloureux, et il profite de mon absence pour attaquer mon bras. Cette fois, énervé et souffrant, je lui assène un coup de lame sous le ventre. Il se débat et retombe au sol. J'attrape le premier gros caillou que je trouve et le laisse tomber dessus. Je crois que je l'ai tué. Je soulève ma pierre. Ah oui en effet.

Crêpe party !

Je décapite le serpent et met sa dépouille autour de mes épaules. Ça fera un repas pour plus tard. Je continue ma route. Je marche pendant des heures. Des heures très pénibles. Le venin du serpent se répand lentement et se mélange à mon sang. La sensation est désagréable et affaiblissante, je sens mes forces baisser de minute en minute.

Tss... Dire que c'est ce petit serpent qui aura certainement ma peau...

Enfin, pour l'instant c'est moi qui ait la sienne. J'essaie de continuer un maximum, mais je finis par m'écrouler sur le sol, affaibli et exténué.

* * *

Je me réveille avec peine. Je me sens complètement ankylosé, et j'ignore depuis combien de temps je me suis évanoui. De toutes façons, le temps n'existe plus dans ce monde. J'essaie de me relever. C'est presque impossible. Je n'ai plus aucune force, et présentement ouvrir les paupière me demande autant d'énergie que de faire un marathon.

Je tente de me lever à de nombreuses reprises, chaque fois m'effondrant de nouveau. Au bout de la septième ou de la huitième fois, je parviens à me mettre à genoux. Un certain temps plus tard, j'arrive tout juste à tenir debout. Je tente un pas, mais je retombe, incapable de soulever mon propre poids. Retour à la case départ. Je recommence un bon nombre de fois avant de parvenir à marcher sans m'affaler toutes les secondes. Je n'arrive pas à marcher longtemps.

Je m'assieds par terre, à l'abri d'un rocher pour me reposer. Je m'endors, épuisé. Quand je me réveille, j'entends un drôle de bruit au loin. Je peine à ouvrir les yeux mais mon sens de la survie arrive à me faire les ouvrir rapidement. Je me redresse, les sens en alerte. Le bruit persiste. Je sors de derrière mon rocher à quatre-pattes. Je déglutis. Un nuage de parasites - ou d'oiseaux j'ignore de quoi il s'agit, fait de grands mouvements synchronisés dans les airs. Ce genre de bestiole est omnivore, si l'un d'eux me capte, je suis comme un gigot servi sur un plateau d'argent.

Je préfère m'en éloigner. Je marche à pas de loups dans la direction opposée - le Nord en l'occurrence. Mais alors que je commence à bien m'éloigner d'eux, j'entends le bruit se rapprocher de manière persistante. Je me retourne, et vois le nuage me courser. Comme soudainement possédé par un dieu qui me donnerait toute son énergie, je commence à courir alors que j'en étais incapable il y a quelque secondes. Miss Survie dit y être pour quelque chose. Je cours sans plus m'arrêter, je suis anémié et à bout de souffle, coursé par ces parasites volants.

Soudain, je me prends une branche et je trébuche. Mes genoux endoloris n'amortissent pas ma chute. Celle-ci permet aux parasites de me rattraper et commencer à m'attaquer. C'est comme des moustiques, mais amplifié, et de partout à la fois. Ça doit aussi être venimeux cette saleté. Je reprends ma course comme je le peux, courant sans regarder devant moi. Je lève soudain les yeux vers l'endroit où je me dirige, et je suis surpris de me trouver nez-à-nez avec un portail. Ni une, ni deux, je franchis le portail sans hésiter je transplane et atterris sur le sol lourdement. La tête me tourne.

Je succombe à la douleur et la fatigue et m'endors. Enfin, j'ignore si je m'endors ou m'évanouis. Sûrement un peu des deux.

Demain est un autre jour.

C.O.M.A.Where stories live. Discover now