Chapitre 1

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Oh bon saaaaang !

Ma pensée résonne dans ma tête comme si je l'avais criée dans un mégaphone. Une douleur fulgurante dans le crâne me rappelle la raison d'un réveil si difficile. Je n'essaie même pas de bouger mes membres qui semblent ancrés dans le matelas, ce serait peine perdue.

Face à ma tentative d'ouvrir un œil, mes paupières résistent comme si je ne m'étais pas reposée depuis trois jours. La lueur ocrée qui traverse mes cils clos m'informe que le jour est levé, sans me donner plus d'indices sur l'heure qu'il est. Je ne sais si j'ai réussi à dormir, ou si je n'ai fait que somnoler, mais mon quota de sommeil ne s'avère clairement pas suffisant.

Haaaan.

Cela fait une éternité que je n'ai pas terminé dans un état aussi lamentable. J'ai du mal à rassembler mes esprits ; à saisir où je me trouve et quel jour nous sommes. Chacun de mes membres pèse plus lourd qu'un baril de bière, ce qui représente à peu près l'équivalent de ce que j'ai ingurgité hier soir. Peut-être ai-je atterri en enfer pour le restant de mon existence en guise de punition ?

Je ne peux retenir un léger grognement en enfonçant mon visage dans l'oreiller moelleux. Dois-je véritablement me lever ? Je pourrais rester couchée, les yeux fermés, à comater toute la journée dans mon lit douillet. Peut-être même baigner mes pensées dans un nuage de notes noires pour décuver au rythme de la musique. Ce programme me semble plutôt honorable pour un lendemain de cuite. Mais, aussi alléchant soit-il, je ne vis pas seule, j'ai des responsabilités.

Le corps endolori, je tente tout de même un mouvement et me retourne doucement dans mon lit. Mon avant-bras atterrit un peu vivement sur le dos d'Artémis qui manifeste son mécontentement à être réveillé de la sorte. Son grognement endormi parvient à me faire soulever une paupière que je rabats aussitôt. Mon autre bras s'échoue lourdement sur mon visage, cachant mes iris clairs et sensibles de la lumière du jour filtrant au travers des stores. Pourquoi est-ce que je termine toujours dans des états pareils ?

Euh... peut-être parce que tu le cherches ?

Elle ne pourrait pas la mettre en sourdine et revenir plus tard ma bonne conscience, là ? On ne l'a pas sonnée, à ce que je sache. Je me retourne encore une fois dans mon lit comme un mollusque, fourrant ma tête dans l'oreiller.

Artémis soupire et je le sens s'étirer à côté de moi. Je me raidis. Avec un peu de chance, il pensera que je suis toujours endormie. Se rapprochant de quelques centimètres, il se colle contre ma peau nue. Si je n'ai pas envie de le laisser savoir que je suis réveillée, je ne peux nier que sa chaleur se révèle bienvenue. Mais je lui en veux encore de son comportement d'hier.

D'un côté, je n'en attendais pas moins de lui. Il s'arrange toujours pour me faire sortir de mes gonds, à croire que ça l'amuse. Mais là, il est allé trop loin et je n'ai su contenir ma colère. Il a disparu toute l'après-midi après s'être rué hors de la maison, sans prévenir, pour finalement revenir juste avant mon départ. L'avantage, c'est que je n'ai pas eu le temps de m'inquiéter, mais il battait clairement le froid à son retour. Comme s'il avait des raisons de m'en vouloir !

Un frisson traverse mon épiderme et je réalise que la fenêtre n'est pas fermée. Je ne me souviens pas l'avoir ouverte avant de dormir. À dire vrai, je ne me rappelle pas grand-chose de la fin de cette soirée d'anniversaire chez Pauline. Je n'avais pas revu ma meilleure amie depuis son départ à la Réunion pour assurer une mission temporaire dans un hôpital, il y a six semaines. Son retour coïncidant avec ses vingt-sept ans, nous avons décidé de marquer le coup avec nos amis. J'attendais donc cette soirée avec impatience.

Nous ne sommes pas nombreux dans notre bande, mais compiler avec l'emploi du temps de chacun peut se révéler un véritable casse-tête, alors dès que l'on a l'occasion de se voir tous ensemble, on se rue dessus. Les soirées peuvent donc se montrer rares, mais toujours très animées. Il faut dire que l'on peut vite devenir ingérables, et tous les prétextes à la fête sont bons. La crémaillère que Pauline a organisée lorsqu'elle a récupéré la maison de sa tante il y a trois ans doit sûrement compter comme la meilleure soirée de l'histoire de notre amitié !

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant