Chapitre 8

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On avait marché plusieurs heures en travers de la ville, histoire de prendre l'air. On parlait de tout et de rien, comme deux gosses qui apprenaient à se connaître. Mais d'un côté, on était pas vraiment des adultes non plus. Au bout d'un moment, on commençait un peu à en avoir marre de déambuler dans les rues sans but précis, alors nous nous sommes assis sur un petit muret. Devant nous, des gens dansaient sur des musiques latines. A leur allure, on pouvait directement remarqué qu'ils n'étaient pas danseurs professionnels. Pour une fois, je ne voyais pas sur leur visage des regards observateurs et mal placés, mais bien de la joie. J'adorais les musiques de ce type, mais ça faisait un bail que je n'en avais pas écoutée. 

« Tu veux danser ? Demanda Loïc, ayant sûrement constaté mon regard insistant. »  

Je tournai mon attention vers lui et sans avoir le temps de lui répondre, il m'entraîna avec lui au milieu de la foule. D'un sourire, il attrapa mon autre main et on se mit à danser. Notre niveau était différent étant donné qu'il passait plus de temps à s'entraîner que moi, mais ça ne dérangeait pas. Je me surprenais à rire parfois, en fait je m'amusais. A part avec Ethan, je ne riais pas souvent parce que pour moi, plus rien ne le méritait. 

A la fin d'une bonne série de chansons, on se résigna à s'arrêter. Lorsqu'on passa devant un petit groupe de gens, ils se mirent à nous applaudir. Je leur offris un petit sourire reconnaissant, même si j'étais persuadée que cette acclamation s'adressait plutôt à mon partenaire. De plus, elle sonnait la fin de ce joli après-midi. Loïc me sourit, me faisant signe de le suivre une nouvelle fois. Son regard était vraiment angélique, il reflétait une vie plus simple et tellement plus belle. 

Nous rejoignîmes son hôtel, d'ailleurs éclairé par les dernières lueurs du jour. Je ne savais pas quelle heure il était, le fait que l'on soit en hiver et que la nuit tombait plus tôt était la seule chose que je pouvais dire. Je me mis à monter les marches, tout en retroussant mes manches. Pourquoi n'y avait-il pas d'ascenseur ? Non pas que ça me dérangeait, pas du tout même. Mais pour les personnes en difficulté, ce n'était vraiment pas pratique. Toujours précédée du jeune belge, j'entrai dans sa chambre. 

« Je vais aller chercher à manger, fais comme chez toi. Dit-il, prenant son porte-feuille posé sur la table de nuit. 

-Merci, c'est gentil. Répondis-je, en lui adressant un sourire. » 

Il disparut ensuite derrière la porte. Je me rendis dans la salle de bain, fermant à clé une fois entrée. Étant donné qu'il faisait assez frais à l'intérieur de celle-ci, je me glissai bien vite sous la douche. L'eau chaude devenait ma meilleure amie. J'empoignai un flacon de gel douche posé dans un coin, avant de l'ouvrir. Il n'avait aucun parfum et encore heureux, parce que je n'avais pas envie de sentir le garçon à plein nez. Histoire de ne pas abuser de l'eau courante, je me lavai rapidement. Séchée et complètement propre, je renfilai les mêmes vêtements que tout à l'heure. Je retournai dans la chambre et constatai que Loïc n'était toujours pas là, ce qui était normal puisque je m'étais relativement dépêchée. Cinq minutes top chrono, étonnant pour une fille n'est-ce pas ? En attendant qu'il revienne, je me rendis sur le petit balcon et m'appuyai contre le muret. D'ici, je pouvais entendre le trafic de la ville et un couple se crier dessus. Autant vous dire que malgré ces deux situations pas très agréables, je préférais la première. 

Une main se posa sur mon épaule quelques minutes après, ce qui me valut un sursaut. Le jeune homme émit un petit rire, déposant ses achats sur une table. 

« Je t'ai fait peur ? Il s'assit. Je ne savais pas que j'étais aussi affreux. »  

D'un geste de main, il m'invita à s'asseoir face à lui. Je m'exécutai, tout en roulant des yeux. Si lui était moche, qu'est-ce que j'étais alors ?  

« Mais non, je ne t'ai juste pas entendu. » 

Il haussa les épaules, l'air de dire "je m'en doute". Je voyais bien qu'il jouait l'idiot, mais il fallait dire que ça me faisait plutôt marrer. Ouvrant un paquet contenant plusieurs sandwichs en triangle, il me le tendit par la suite. Pour une fois, la nourriture était légale. Je le remerciai d'un bref hochement de tête et attrapa un sandwich. 

« Bon appétit ? Lançai-je. 

 -Bon appétit. Sourit-il. » 

Le repas se passa normalement. La dispute des voisins avait cessé et tant mieux pour nos chères oreilles. Plusieurs fois, je me suis retournée pour observer la ville s'éclairer doucement. La nuit, tout était totalement différent. Tout pouvait s'opposer, en fin de compte. La forêt était magnifique la journée et inquiétante la nuit. La plage était agitée, puis devenait calme. 

Je l'aidai à débarrasser ensuite. Enfin.. à retirer les déchets de la table. Il jeta un regard à sa montre, puis la retira.  

« Je vais aller dormir, je bosse tôt demain. Si tu veux, tu pourras venir avec moi ? »  

Réellement, je ne comprenais pas ce qui le poussait à vouloir me montrer plein de choses, à me faire sourire et tout ce qui s'en suit. Il était vraiment spécial, presque plus attachant qu'Ethan. Néanmoins, je répondis positivement à sa proposition, avant de passer la porte vitrée pour rejoindre sa chambre. Je retirai l'élastique de ma chevelure, pas si mal en point qu'on pouvait le penser. Je commençai à m'installer sur le canapé, mais il m'arrêta. 

« Bah viens avec moi, je vais pas te manger. Dit-il, en arquant un sourcil. 

-Je vais pas te déranger, quand même. 

-Tu vas pas dormir là-dessus, il est pas confortable ce truc. Aller, viens. Insista-t-il. »

Sous sa détermination, je ne pus rien faire d'autre que de céder. Je laissai mes chaussures près du sofa, et vins m'allonger à la place libre du lit. Assez loin de lui cependant. Il me lança un petit sourire, puis agita doucement sa main comme pour me souhaiter une bonne nuit. Tandis que je lui répondais timidement, il appuya sur un bouton pour fermer les volets. A présent, la pièce était plongée dans l'obscurité et dans le silence. Les murs semblaient assez isolés pour pouvoir absorber le bruit de l'extérieur. La seule chose qui rompait cette tranquillité était la respiration du brun. Elle était suffisamment forte et saccadée pour que n'importe qui puisse deviner qu'il ne dormait pas encore. Quant à moi, je savais que la déesse des rêves n'allait pas tout de suite m'accueillir. Un milliard de questions se mit à envahir mon esprit. Je me demandais comment toute cette négativité qui avait régné dans ma vie pouvait être effacée en si peu de temps par une personne. Une personne qui ne faisait pas de différences en me voyant. Cet homme était un ange gardien, mon ange gardien.  





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