Chapitre 5

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Je sursautai brusquement à l'entente de cette voix, d'ailleurs assez douce. J'essuyai négligemment les larmes qui continuaient de perler sur mes joues et celles qui menaçaient de le faire. Je relevai la tête vers la personne et la regardai quelques instants. C'était un jeune homme, tout de noir vêtu et d'une taille un peu plus grande que la mienne. Je n'avais pas la force de lui répondre, alors d'une petite approbation, je lui annonçai que j'allais bien. Même si ce n'était pas vrai, mais je ne voulais pas lui dire la vérité. Je ne le connaissais pas, tout de même. 

 « Je sais que vous n'allez rien me dire mais, je n'aime pas voir les gens pleurer.. Il pinça ses lèvres. Quel est votre prénom ? »

Je remarquai bien vite qu'il ne parlait pas de la façon la plus naturelle qu'il soit, il paraissait un peu timide. C'était mignon. 

« Hm.. je m'appelle Alyssa. Répondis-je, reprenant un peu mes esprits pour parler correctement. Je pense qu'on peut se tutoyer.. non ? 

-Ah, oui, bien sûr ! Moi c'est Loïc. »

Je lui offris un léger sourire, avant de passer une main dans mes cheveux. Pendant quelques secondes, je m'étais imaginée qu'il allait annoncer son départ aussi vite que son arrivée mais apparemment, ce n'était pas le cas. 

 « Bon.. je t'invite à boire quelque chose..?  Hésita-t-il. »  

Assez surprise de ses paroles si soudaines, j'acceptai tout de même. Après tout, j'allais penser à autre chose pendant un moment et ça ne me ferait pas de mal. En plus, voilà longtemps que je n'avais pas dialogué avec une personne différente d'Ethan. Je me levai, puis le suivis jusqu'à un café non-loin de là. Je pris place face à lui, déposant mon énorme pull sur mes genoux. 

 «  Alors, parle-moi de toi ? Engagea-t-il. »

Je fronçai du nez. Bien sûr que je n'allais pas tout lui débouler, je n'imaginais pas sa réaction par la suite. L'essentiel suffirait, du moins, je l'espérais. 

 «  Eh bien.. Je suis Belge, je viens de Bruxelles. J'aime beaucoup la musique, la danse. Dis-je, en haussant les épaules. 

-Moi aussi ! Sauf que je viens de Charleroi. Sourit-il. »

Toute l'après-midi on parla, de choses plus ou moins intéressantes. On avait beaucoup de points communs, en fait. Sa compagnie m'avait fait oublier la nouvelle que je venais d'apprendre, mais je revins bien vite à la réalité lorsqu'il m'annonça qu'il commençait à se faire tard et qu'il devait se rendre quelque part. Je jetai un coup d'œil à l'horloge présente au-dessus du comptoir et effectivement, il était dix-huit heures. 

« Je te raccompagne chez toi ? Demanda-t-il, poliment. »

Mon cœur rata un battement suite à sa dernière phrase. Si un coin de rue était considéré comme un lieu où vivre, alors oui, il pouvait m'accompagner. Mais je n'en avais pas envie, pour quoi j'allais passer après ? Je secouai doucement la tête. 

« Non ne t'en fait pas, je dois rejoindre mon frère ! »

J'avais essayé de paraître le plus naturel possible dans mon mensonge et apparemment, ça avait marché. Il m'adressa un nouveau sourire, avant de se lever. Il se pencha vers moi et déposa un bisou sur ma joue, me faisant rapidement un signe de la main pour s'en aller par la suite. Je le regardai partir par la baie vitrée, et une fois qu'il fut suffisamment loin, je sortis à mon tour du café. Le temps était assez beau, malgré que le froid était toujours aussi présent. J'enfilai rapidement mon pull, remarquant un petit bout de papier s'échapper de celui-ci. Je fronçai les sourcils, le ramassai et regardai de quoi il pouvait s'agir. C'était le numéro de Loïc. Je grimaçai légèrement, il était impossible pour moi de le rappeler. Je n'avais pas de téléphone portable ni même assez de pièces à mettre dans une cabine téléphonique. Tant pis. Je le fourrai quand même dans la poche de mon pantalon et pris la direction d'un gymnase. Je le connaissais bien, il devait être encore ouvert à cette heure-ci. 

Arrivée à l'intérieur, je me dirigeai vers un lavabo. Je récupérai entre mes mains une petite quantité d'eau que je plaquai sur mon visage. Je dirigeai ensuite mon regard sur le miroir, et haussai un sourcil de découragement. 

«  Alyssa, mon dieu.. Chuchotai-je à moi-même. »

Je me demandais comment ce Loïc avait eu l'élan de venir me voir avec l'allure que je présentais. Lâchant un soupir, j'entrai dans une des douches pour rester un minimum propre, même si parfois mes vêtements prouvaient totalement le contraire. 

Je sortis après quelques minutes sous l'eau chaude, mais aussi après avoir nettoyé un peu mes habits. Tout était un peu humide, enfin bon, c'était toujours mieux que rien. Morte de fatigue avec la journée que je venais de mener, je sortis rapidement de cet endroit pour me rendre là où j'avais l'habitude d'aller avec Ethan. Je calai ma tête contre le béton et fermai presque automatiquement les yeux, tombant lentement dans les douloureux bras de Morphée. 

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