Chapitre 1

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Ce matin-là, la température était froide, avoisinant les deux degrés à peu près, et il pleuvait des cordes. Certains passants couraient pour rejoindre leur lieu de travail, d'autres criaient après leurs enfants qui jouaient dans les flaques d'eaux au lieu de suivre le chemin de l'école. Un réveil en douceur, comme chaque matin je dirais. Je me redressai doucement, grimaçant au passage à cause de mon dos courbaturé. En même temps, il avait passé la nuit appuyé contre un mur. A ma connaissance, ce n'était pas l'endroit le plus confortable. 

Je levai les yeux sur notre petite boîte, qui ne contenait pas plus de sous que la veille. Bon dieu, est-ce que quelqu'un allait avoir un jour un peu d'humanité en voyant deux personnes dormir dans la rue ? Je poussai un long soupir, avant de poser mon regard sur mon acolyte. Il semblait toujours plongé dans le pays des rêves. Jamais je ne comprendrais comment il pouvait se reposer dans des conditions pareilles, alors que moi je ne réussissais à dormir que trois heures d'affilées au grand maximum. 

Le clocher sonna neuf heures, lorsque je me décidai enfin à le réveiller. Je tapotai son épaule quelques instants, puis il sursauta légèrement. 

 « Debout Ethan, on a du pain sur la planche aujourd'hui.

-Hum, ils ont laissé quelque chose ? Demanda-t-il, après avoir baillé.

-Non, rien du tout. Dis-je en haussant les épaules.  » 

Si on avait eu quelques centimes en plus, cela nous aurait évité de frauder de nouveau. Mais bon, à croire qu'ils préféraient que l'on fasse perdre de l'argent à des pauvres commerçants. Je me levai ensuite, remettant correctement mon chandail. Il était troué au niveau de la hanche droite, tout simplement parce que j'avais arraché l'antivol. 

Une fois que Ethan fut prêt à partir à son tour, on se dirigea vers un petit supermarché. Celui-ci, on le connaissait bien. Il ne possédait pas de caméras de surveillance, c'était la raison pour laquelle on revenait souvent. Je tenais la main d'Ethan, afin qu'on montre une image à peu près normale auprès du personnel. On se dirigea vers le rayon épicerie, placé à l'arrière du magasin. Il contenait beaucoup d'aliments secs, beaucoup plus faciles à conserver que du fromage ou des yaourts. Je glissai les paquets à l'intérieur de mon pull, dans les poches de mon pantalon. Mon ami fit de même, avant de se diriger vers un homme présent à l'accueil. Il fallait jouer le jeu jusqu'au bout. 

«  Excusez-moi, vous vendez des cartes SD ?  » 

Le vendeur arqua un sourcil, puis secoua négativement la tête. Ethan était vraiment naturel sur ces coups-là.

« Bon, tant pis. Au revoir monsieur. Il me regarda. Tu viens Alyssa, on y va ? »  

Je lui adressai un sourire, puis saluai poliment le vendeur.

Une fois sortis et après avoir passé les portes sans problèmes, on se dirigea vers un petit étang au milieu d'une forêt. C'était mon coin préféré de la ville, et aussi celui d'Ethan. On était la plupart du temps seuls, entourés d'arbres et de fleurs. Ici, on oubliait un peu la vie pourrie qu'on menait. Je m'assis au bord de l'eau, remontant mon jogging jusqu'à mes genoux pour tremper mes pieds. Je sortis les produits de mes vêtements et les déposai entre nous deux. Tout en balançant mes pieds dans l'eau glacée, j'ouvris un emballage de barres de céréales. Je la coupai en deux parties égales, pour en donner un morceau à Ethan. On se mit à manger, tandis que ma tête s'appuyait sur son épaule. 

Les voleurs avaient encore frappé. 



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