Maudite, En noir et blanc. [TOME 2]

Chapitre 28

Assise sur son confortable fauteuil en cuir, laissant ses pensées vagabondaient vers un monde plus tranquille. Juliana se laissa surprendre par la sonnerie de son téléphone, manquant de renverser son thé.

- Directrice de l'école des pouvoirs, j'écoute.

- Bonjour Juliana, ici Kaïlen Rolz, le gouverneur de l'Etat des Pouvoirs.

La jeune femme se décomposa. Il ne pouvait pas choisir pire moment pour se mêler des affaires de l'école.

- Que puis-je pour vous monsieur Rolz ?

Juliana essayait de garder un ton le plus neutre possible. La moindre faille dans sa voix pourrait conduire une armée à l'école et son licenciement vue les circonstances actuelles.

- Comme vous le savez, l'île traverse une crise... démoniaque si je puis dire. Nous voilà mêlé à une vieille guerre entre deux âmes en colère.

- Allez droit au but je vous prie. J'ai du travail.

- Oui, oui bien sûr, je comprends. Pour la sécurité de vos élèves et à la demande des parents qui sont retenus sur le continent, des hommes vont être envoyés à votre établissement pour veiller à votre sécurité. Uniquement des personnes de confiance et sous mes ordres, je vous le promets.

- Je suis très reconnaissante monsieur Rolz, mais je me dois de refuser votre proposition. Vos hommes ne feront qu'attire davantage l'attention sur nous. Je pense sincèrement que nous serons plus en sécurité seuls. Nous savons nous défendre, nous sommes en mesure de le faire. Les professeurs et moi-même nous portons garants de la sécurité de l'école et de ses élèves restants. Faites-nous confiance.

Kaïlen ne put s'empêcher de rire. Évidemment pas bienveillamment. Il reprit la conversation d'un ton nettement moins sympathique.

- Vous m'avez mal compris Juliana. Ce n'était pas une question. Aussi courtois soit mon appel, je reste le dirigeant de cette île. Alors quand je dis que des hommes viendront protéger l'école, ils le feront, que vous le vouliez ou non. Est-ce clair mademoiselle Hasting ?

Monsieur Rolz n'avait pas choisi le bon jour pour s'en prendre à Juliana. Elle en avait assez que tout le monde lui donne des ordres et lui explique quoi faire, comment le faire et à quel moment le faire. Il était temps pour elle de s'affirmer et de reprendre les choses en main, voilà trop longtemps qu'elle se laissait faire.

- N'oubliez pas que cette école m'appartient, j'ai moi aussi mon mot à dire.

- Justement. C'est bien parce que c'est vous aux commandes que j'agis ainsi. Aujourd'hui, je vois deux possibilités Juliana. Soit, vous jouer un rôle dans cette malédiction, soit vous êtes complétement dépassé par la situation. Dans les deux cas, vous avez besoin d'aide. Trop d'enquêtes nous mènent à vous madame la directrice. Le piège finira par se fermer tôt ou tard, croyez-moi, vous ne pouvez pas gagner.

La jeune femme s'accrocha à son bureau, luttant contre ses émotions. Elle ne devait pas fléchir. Il fallait qu'elle lui tienne tête jusqu'au bout et surtout qu'elle ne lui laisse pas paraître cette peur qui la rongeait de l'intérieur depuis un moment maintenant.

- D'ici là monsieur Rolz, vous passerez par moi avant de donner ne serait-ce qu'un seul ordre à vos hommes ? Je veux être mise au courant de leurs moindre faits et gestes, est-ce clair ?

L'homme ricane à l'autre bout du fil surpris par tant de culot et de confiance. Il finit même par se radoucir. Après tout, il avait obtenu ce qu'il voulait. Kaïlen céda alors et accepta l'exigence de Juliana avant de raccrocher le téléphone.