Chapitre 13

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Soulagé d'avoir retrouvé son amie, Jason courut jusqu'à elle, traversant l'immense pièce vide et poussiéreuse du plus vite qu'il le put. Gardant sa taille miniature, il escalada la chaise en bois, terminant son périple sur l'épaule d'Alice, essayant tant bien que mal de se faire entendre, criant le plus fort possible.

— Alice ! Alice ! Ça va ? Je t'en supplie, dis quelque chose, pria Jason, voyant la jolie blonde qui semblait inconsciente, la tête tombante.

Faiblement, la jeune fille hocha la tête. Elle essaya de se redresser lentement, parcourant les alentours du regard. Mais, rien. Il n'y avait que noirceur et saleté.

— Qui est là ? demanda-t-elle alors, dans un soupir douloureux.

— Jason. Tu ne peux pas me voir, mais, ne t'en fais pas, je suis là, on va t'aider, d'accord ? Tiens bon, tu vas bientôt pouvoir sortir d'ici, lui promit Jason, avant de repartir prévenir les autres.

Elle n'avait pas la force de répondre, ni d'exprimer sa joie autrement que par une larme de soulagement, elle n'était plus seule. La peur de mourir se dissipa un peu, le second souffle arriva. Maintenant qu'une lueur d'espoir venait de surgir, Alice rassembla le peu de force qui lui restait pour essayer de dénouer ses liens, ou briser la chaise, pour faire quelque chose qui aiderait ses amis à la sauver, qui lui permettrait de se défendre et de ne pas seulement être la petite fille faible qui s'est fait kidnapper.

Dans un grincement sourd et raisonnant, la petite porte en chêne s'ouvrit, laissant apparaître une fine silhouette, vêtue d'une longue cape noire et d'un large capuchon. Son visage restait dans l'obscurité. Alice déglutit. Dans ce maudit manoir, lorsqu'on lui rendait visite, ce n'était en aucun cas par courtoisie. Elle serra les poings, elle voulait se montrer forte. La tête haute, elle fixa la personne avancer vers elle, d'un pas lent et sûr.

— Alice La Duca... il est dommage de terminer sa vie dans de telles conditions, tellement dommage...

Sa voix stridente fit frissonner son otage.

— Alors, pourquoi me tuer ? tenta de répondre Alice, bégayant.

— Pourquoi te tuer ? Tu rigoles, j'espère ? Tu ignores tout, n'est-ce pas ? Tu ne sais pas pourquoi tu es là. Tu ne sais pas qui je suis. Ni même pourquoi nous avons besoin de toi ? Je me trompe ?

Alice baissa la tête, se sentant minable. Il était vrai que depuis un certain temps, ses amis ne lui disaient plus rien. Elle savait uniquement ce que les professeurs leur racontaient pour les rassurer. Autrement dit, elle était très loin de la vérité.

De sa main habillée d'un gant de cuir, le monstre sans cœur releva le menton de la jeune fille, l'obligeant à dévisager son sombre visage. Seuls ses yeux jaunes étaient visibles, ainsi que ce sourire narquois, ce sourire triomphant et terrifiant.

— Oh... ma chère enfant, cela doit être si dur d'être autant mise à l'écart. Tes petits amis t'ont laissé de côté sans même se rendre compte que tu étais la clé.

— Je ne comprends rien à ce que vous dîtes... se plaignit Alice, n'en pouvant plus.

— Te tuer est le seul moyen de mettre fin à tout ça. Ta mort brisera ma maîtresse, ta mort me permettra de prendre entière possession de son corps, de reprendre ma place, de finir ce que j'ai commencé.

Alice, horrifiée, fixa son kidnappeur, commençant à relier tous les points de cette affreuse histoire. Elle avait juste une peur, elle priait pour que ce ne soit pas ce qu'elle croyait, malheureusement...

— Bon sang, mais qui êtes-vous ?

Après un petit rire étouffé, heureuse qu'elle lui pose enfin la question, la Rose Noire ôta enfin sa capuche, dévoilant Nela... une version effroyable de Nela à vrai dire ! Sous sa peau blanche presque transparente, on pouvait voir son sang aussi noir que la mort couler dans ses veines. Ses yeux jaunâtres riaient, c'était le mal incarné, cette vision d'horreur était pétrifiante. Alice baissa le regard, c'était trop dur pour elle, elle ne pouvait affronter ce monstre.

Maudite, En noir et blanc.         [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant