Chapitre 6

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Étonné par cette affirmation, l'homme s'approcha un peu plus de Jack, appuyant le couteau sous sa gorge. Il le fixait, cherchant à savoir si le môme disait la vérité ou s'il cherchait à le manipuler. Jack, rassemblant tout son courage pour ne pas baisser le regard, déglutit, sentant la fine lame appuyer contre sa peau. Il n'avait aucune échappatoire.

— Tout ça n'a rien d'un jeu gamin, alors si tu l'as vu, tu ferais mieux de me le dire, maintenant.

— Je sais, je sais. Je vous dirai tout ce que vous voulez savoir, je vous le jure, mais seulement si vous me faites une promesse.

— Tu crois vraiment que tu es en mesure de négocier quoi que ce soit ?

— Si vous voulez vraiment la... enfin, le retrouver, je serais votre meilleur atout, croyez-moi.

Le serviteur de la Rose Noire, après quelques secondes de réflexion, finit par ranger son poignard. Il empoigna Jack par le bras avant de se téléporter, disparaissant de cette sombre ruelle, sans laisser la moindre trace de leur passage.

***

La lune à son plus haut, l'ensemble des élèves de l'École des Pouvoirs dormaient, sauf Fleure et Mattéo. Errant dans les couloirs, les deux amis essayaient d'échapper à la vigilance des surveillants et des hommes de main du ministre de l'académie pour quitter le domaine discrètement.

— C'est une très mauvaise idée, Fleure, on va se faire prendre, c'est sûr !

— Mais non, fais-moi confiance, tu veux ! Tiens, regarde il est là. Tu es prêt ? Tu te rappelles bien de ce que tu as à faire ?

— Je suis pas idiot ! Je le distrais pendant que tu lui voles ses clés de voiture dans le bureau. Je maintiens quand même que c'est risqué. Je ne vais pas pouvoir l'occuper bien longtemps.

Ne voulant pas l'entendre plus, Fleure le poussa hors de leur cachette afin de mettre leur plan à exécution. Sans prendre le temps de fermer sa porte, monsieur Faradel quitta son bureau précipitamment, alerter par les bruits de pas dans le couloir. Il s'avança vers Mattéo, un air sévère collé au visage.

— On peut savoir ce que vous faîtes là, jeune homme ? lui demanda-t-il les mains tremblantes.

Intrigué, Mattéo l'analysa un instant, pourquoi avait-il l'air si anxieux ? Il paraissait, même, presque affolé.

— Je suis désolé, monsieur Faradel, je ne voulais pas vous effrayer. Je suis insomniaque. Et vous ? Vous allez quelque part ?

Déboussolé par cette question, le directeur académique se mit à bégayer. Il ne ressemblait en rien à l'homme sûr de lui qui avait fait un discours plus tôt dans la journée.

— Je te comprends bonhomme. Moi non plus je n'arrive pas à dormir. Si on allait boire un thé ? Ça te dit ? Ça sera notre secret, évidemment.

Sans trouver ses mots, Mattéo acquiesça. Voilà une attitude bien plus qu'étrange. Des petites gouttes d'eau perlaient sur le front de son nouveau codirecteur. Il semblait si stressé. Quelque chose était en train de se passer, mais quoi ?

Fleure profita alors de leur absence pour se faufiler dans le bureau de Juliana, là d'où monsieur Faradel sortait. Arrivée sur place, elle resta bouche bée. La pièce avait été saccagée. Une dizaine de livres trainait par terre, des papiers étaient étalés au sol, les tiroirs étaient tous ouverts et retournés. Peu importe ce qui s'était passé ici, ça ne ressemblait pas à Juliana. La jeune femme était peut-être un peu perturbée ces derniers temps, mais pas au point de laisser sa maniaquerie de côté. Voulant rendre service, Fleure rangea rapidement la petite salle, jetant un rapide coup d'œil pour voir si elle pouvait trouver une information importante, mais apparemment rien ne l'aiderait de ce côté-là. Elle s'orienta alors de l'autre côté de la petite pièce, là où un deuxième bureau avait été disposé pour Faradel. Étonnement, son espace à lui était vide. Il n'y avait absolument rien. Rien à part un trousseau de clés dans sa veste pendue au porte-manteaux.

Maudite, En noir et blanc.         [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant