Chapitre 20

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— Juliana ! Juliana ! Ouvrez cette porte, c'est urgent !

Au beau milieu de la nuit, Fleure s'acharnait sur la porte de bureau de Juliana, essayant à tout prix de réveiller celle-ci. Mélia l'accompagnait, le regard vide, elle ne bougeait pas, elle était encore sonnée à cause de sa récente vision.

— Aller, Juliana, s'il vous plaît, je sais que vous êtes là !

La porte s'ouvrit enfin, laissant apparaître Juliana en robe de chambre, les cernes tombants. Quelque peu étonnée de voir la rouquine aussi nerveuse, elle l'observa quelques secondes avant que son élève entre de force dans son bureau avec son amie totalement perdue, prenant soin de fermer à clé derrière elle. Tout ça n'avait rien de rassurant. La directrice de l'école se demandait si c'était un mauvais rêve ou si Fleure avait complètement craqué.

Fleure fit asseoir Mélia sur un fauteuil en cuir avant de se rapprocher vers Juliana d'un air déterminé.

— Il faut que l'écoutiez, maintenant. Elle a eu une vision, et croyez-moi, ça n'annonce rien de bon ! Raconte-lui Mélia, dis-lui ce que tu as vu !

La petite brune sursauta sous l'autorité de son amie. Reconnectée au monde réel, elle accepta le verre d'eau que lui tendit gentiment Juliana, comprenant tout à fait son angoisse face à l'agitation de Fleure. La jeune femme s'assit alors sur le deuxième fauteuil et prit la main de la fillette. Essayant de lui donner confiance, elle était prête à entendre le pire.

— Je l'ai vu dans un château. Tout était en pierre et ancien autour d'elle. Il y avait beaucoup de sang, il faisait sombre... des cadavres l'entouraient. J'ai ressenti un énorme vide comme s'il n'y avait plus rien de vivant près d'elle. Elle a enfilé sa cape, une cape noire, l'habit des servants de la Rose Noire. Elle a volé une moto et prit la route en direction de l'école. Elle veut nous parler. Mais... le plus effrayant dans toute cette noirceur, c'est que c'était bien elle. Le roi AlKatir n'y était absolument pour rien. Nela avait le contrôle, c'était elle qui avait tué tous ces gens.

— Vous entendez ça ? Ne me dites pas qu'on peut la sauver après de telles atrocités. Elle se prépare à faire un carnage. Et cette sotte va venir se rendre à nous. La culpabilité sûrement. Je ne vois rien d'autre qui la pousserait à revenir sinon. C'est merveilleux, nous n'avons rien à faire, juste à attendre qu'elle vienne se jeter dans la gueule du loup.

Fleure sautillait de joie. Pour elle, c'était une très bonne nouvelle. Elle allait pouvoir mettre fin à cette malédiction sans même avoir à se battre. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. La Rose Blanche maintenant en elle venait jouer des tours à ses émotions et à sa réflexion. Tout était différent pour elle, elle ne voyait plus les choses de la même façon, elle n'était plus la même. Certains la trouvaient même plus menaçante que Nela sous cette couche de sournoiserie et de méchanceté gratuite. Elle n'était plus là gentille rouquine empathique et intelligente. Non, les élèves la décrivaient comme la sorcière de l'école, jalouse et possédée.

Juliana, elle, resta perplexe. Elle réfléchit un instant à ce qu'elle venait d'entendre sans faire attention à l'impatience de Fleure à côté d'elle.

— Mélia, tu es sûre que tes visions sont fiables ? Est-ce que tu as des indices sur le moment où ça se réalisera ? Nous avons besoin de plus d'éléments, on ne peut pas se fier uniquement à quelques images floues...

— Je ne sais pas, je suis désolée, c'est trop difficile à dire, ça se passe si vite, je ne suis même pas sûre de voir les choses chronologiquement... mais, il avait quelque chose tout de même. Au début, c'était très lumineux, il faisait beau, mais quand elle a pris sa moto, il pleuvait, le ciel était gris. Oui, j'en suis sûre même, il y avait un orage !

Maudite, En noir et blanc.         [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant